Les informations concernant les appels d’offre soi-disant perdus par la Russie sont parues dans la presse indienne au début de novembre. Les médias expliquaient cet échec par le fait que l’armement russe ne correspond pas aux critères que cherche New Dehli. Ainsi, les hélicoptères russes ne seraient pas achetés, car un modèle américain analogue coûterait moins cher. La société russe a déclaré qu'une version modernisée de l’hélicoptère de transport Mi-26 (Mi-26T2) et des avions ravitailleurs modernisés Il-78 (Il-78MK) correspondent complétement aux exigences techniques du gouvernement indien. Ils dépassent leurs homologues étrangers en termes du rapport qualité-prix. Rosoboronexport a souligné que l'information sur la victoire des avions américains et européens à l'appel d'offres « ne correspond pas à la vérité » et induisent en erreur.
Ce n'est pas la première fois qu’une information fausse circule de cette manière, explique dans un entretien à La Voix de la Russie le spécialiste militaire Viktor Baranets. Selon lui, ce genre de « canards » sont lancés dans les médias justement lorsque la Russie a des chances réelles de remporter l'appel d'offre.
« Je pense qu'un tel scénario a précédé la vente des armes russes dans de nombreux pays étrangers. Des informations fausses, voire calomnieuses ont été diffusées. La vente d’armes est accompagnée d’une guerre d’information. Et ce sont ceux qui veulent provoquer une dispute entre la Russie et l’Inde qui duffusent ce genre d’informations. Ou alors ceux qui risquent de perdre leurs propres contrats. Je peux compter sur le bout des doigts les annonces de ce genre qui correspondaient à la vérité ».
La Russie occupe la deuxième place mondiale après les Etats-Unis pour la livraison des armes dans le monde. Elle a réussi à maintenir cette position malgré la crise économique et une concurrence croissance de la part de Pékin. New Delhi est d’ailleurs un partenaire privilégié de Moscou dans ce domaine. L'Inde représente plus d'un quart des exportations d'armement russe et les deux pays ont plusieurs projets communs. Par exemple, les tests des missiles de croisière supersoniques BrahMos sont une véritable réussite. Et la Russie mène en Inde la construction d’un complexe modernisé d’avions tactiques. Des contradictions existent, mais elles sont arrangées dans le cadre du partenariat, souligne Victor Baranets.
« L'armée indienne est équipée à 70 % avec nos chars, que les Indiens les ont testés dans des conditions climatiques différentes. Là où les Abrams américains s’étouffaient après deux kilomètres, les chars russes ont passé avec succès les essais de tir et un long parcours sous une température qui atteignait 50 degrés. Les Américains reconnaissent que certains composants des matériels militaires d'avions et d'hélicoptères russes dépassent les analogues d'outre-Atlantique. Mais il faut rester objectif : les Indiens ont des reproches à nous faire. Notamment par rapport au porte-avions Vikramaditya. Mais le plus important – c’est que nous nous comprenons et l’Inde achète nos armes ».
Cette « stabilité » dans les relations commerciales russo-indiennes n’est évidemment pas du goût de Washington, souligne l’analyste politique Vladimir Evseev. Et l'Inde fait jouer les contradictions pour pouvoir tirer un profit maximal et sous pretexte de diversification de la gamme.
« L’Inde a signé des contrats de long terme pour la livraison d’avions, et le pays a aussi la volonté de continuer à coopérer dans le domaine de la construction navale. Mais le complexe militaro-industriel américain veut récupérer ces contrats. Il n’est pas exclu que les Américains soient en train de faire pression sur l’Inde, avec des arguments politiques, notamment des propositions de projets de partenariat stratégique, mais aussi affirmant que la Russie étend ses contacts avec le Pakistan, ce qui n'est pas à l'avantage de l'Inde ».
Au début de novembre, un autre scandale lié à la livraison des armes russes a éclaté dans les médias. Les journaux et la télévision ont parlé d’un contrat de plusieurs milliards de dollars sur l’armement russe destiné à l’Irak n’a pas pu être conclu avec Bagdad à cause des soupçons de corruption. Plus tard, les autorités irakiennes ont affirmé que le contrat n'a pas pu être passé à cause des retards du côté irakien. Une enquête est en cours, mais cela n’influe pas sur l'exécution de ce contrat. /L