L’histoire de l’Eglise œcuménique n’a probablement jamais connu de persécutions aussi globales et durables qu’en Russie au 20e siècle. Après la révolution de 1917 le pouvoir soviétique s'est fixé pour tâche d’extirper les racines de l’Eglise orthodoxe dans le pays. Le plan a commencé à être appliqué pratiquement dès les premiers jours, a raconté à La Voix de la Russie Alexeï Svetozarski, chef de la chaire d’histoire de l’Eglise à l’Académie ecclésiastique de Moscou.
« Les persécutions ne s’arrêtaient pas. On peut dégager une période initiale – de 1917 à 1922. Après il y a eu quand même une certaine accalmie. Les monastères existaient encore, bien que sous forme d’artels, la vie paroissiale demeurait, les églises restaient. Mais en 1929 une nouvelle étape a commencé, celle de la destruction totale de l’Eglise, qui a trouvé sa culmination dans les années 1937-1938, connue aujourd’hui sous l’appellation de « Grande Terreur ». Alors le pouvoir exterminait physiquement l’épiscopat et le clergé, mais aussi des laïcs ».
En 1937 quelque 163 mille personnes, liées d’une manière ou d’une autre à l’Eglise, ont été arrêtées. Près de 70 mille ont été fusillées. Si vers 1917 le Patriarcat de Moscou comptait environ 80 mille églises et plus de mille monastères, au début des années 80 du siècle dernier sur tout le territoire de l’URSS on ne dénombrait que 7 mille églises et seulement 16 monastères.
Il est significatif que l’entretien avec le professeur Svetozarski ait lieu à l’église St Elie le Prophète à Tcherkizovo, qui a réussi à survivre à toutes les persécutions et fonctionnait en permanence. Un cas rarissime où les paroissiens eux-mêmes ont su protéger leur église, explique Alexeï Svetozarski.
De nos jours la paroisse est parmi les plus actives avec une école, un programme pour des jeunes et des manifestations culturelles.
Il n’est jamais trop tard pour se rappeler les périodes des persécutions de l’Eglise et des chrétiens, les exploits et les sacrifices des croyants. Or le moment est venu de repenser la période des répressions contre l’Eglise et de tout faire pour que rien de tel ne se répète dans l’histoire du christianisme, est persuadé Alexeï Svetozarski. T
