Le Conseil de l’UE a, il est vrai, concrétisé enfin sa position sur la Syrie. Il était question à la réunion des livraisons depuis la RFA et des Pays-Bas en Turquie des missiles « Patriot » à installer à la frontière turco-syrienne. Il convient de noter que les processus d’intégration en matière de formation d’une politique commune dans la sphère de sécurité et de défense demeurent compliqués dans le cadre de l’UE principalement pour deux raisons, sauf celle de la crise économique et financière. D’abord, les Etats de la région peinaient toujours à sacrifier surtout une partie de leur souveraineté précisément dans le domaine de politique étrangère et sécuritaire. Ensuite, on constate en Europe contemporaine une certaine dualité quant à la prépondérance du partenaire d’outre-Atlantique de l’UE pour l’OTAN – les Etats-Unis. Pour l’Europe, donc, une stratégie concertée de sécurité reste un problème, en dépit de toutes les décisions…
Voici ce que dit à ce sujet Dmitri Danilov, spécialiste principal à l’Institut de l’Europe auprès de l’Académie russe des sciences :
« A mon regard, l’UE ne possède toujours pas de stratégie structurée ou de politique dans la sphère de défense. Il y a des activités tactiques de l’UE, et dans le cadre de sa dimension de défense des opérations à caractère militaire sont menées ».
Dmitri Danilov souligne qu’en somme c’est l’armée européenne, Eurofor, qui est censée mener des opérations. Il s’agit de la force, constituée déjà en 1993 à base de la brigade franco-allemande, à laquelle se sont jointes plus tard des unités militaires de Belgique, de Luxembourg et d’Espagne. Et après la crise dans les Balkans, au Kosovo et une série de conflits dans des points chauds les ministres de la Défense de l’UE ont conclu que la sécurité dans le continent et dans le monde devait être assurée par de telles forces précisément. Ainsi, après la signature du Traité à Nice avec la déclaration de vouloir adopter une Constitution européenne on a parlé également d’une stratégie commune de défense. Un Etat-major et un Comité pour la politique et la sécurité et quelques autres organes ont été créés. Or s’est posée alors la question des rapports avec l’OTAN.
Notre expert du Centre de pronostics militaires Anatoli Tsyganok est persuadé que « c’est bien la compétence des deux structures qui est devenue la pierre d’achoppement, étant donné que la fonction policière géopolitique de l’une se recoupe avec celle de l’autre. Parfois contrairement aux intérêts du principal allié d’outre-océan ».De cette façon, des unités françaises achèvent leurs opérations militaires en Afghanistan, encore quelques autres en sont retournées avant, y compris celles d’Espagne. A la fois Anatoli Tsyganok relève qu’il ne sied pas à l’UE de doubler le rôle de « méchant policier » de l’OTAN.
M. Tsyganok précise « qu’à présent l’UE entend participer à des opérations de paix sous les auspices de l’OSCE. Cela peut être vu comme un certain « anti-américanisme » de l’Europe. Mais en fait les pays membres de l’UE manquent souvent de volonté commune d’agir en conformité avec ces intentions.