Le bouclier antimissile est devenu un mal de tête des alliés occidentaux de Washington. Et la tentative d’attirer les pays asiatiques dans ce projet s’est soldée par des résultats semblables. Il s’agit de la poursuite de la fameuse « politique d’endiguement » que le gouvernement américain est déterminé à poursuivre.
« En 1946, une théorie géopolitique nouvelle est née dans les murs de l’Ambassade des Etats-Unis à Moscou », raconte le maître international des échecs Vladislav Tkatchev. « Elle a été conçue pour mettre une barrière à la propagation du communisme dans le monde entier. Ces craintes étaient en effet justifiées, car la popularité de l’URSS après la Seconde guerre mondiale a atteint son apogée. Quant à l’idéologie que l’URSS essayait de faire passer, elle s’est avérée très attractive pour les peuples des pays colonisés ».
D’ailleurs, les Américains se sont servis de cette théorie pour justifier leur invasion en Corée et au Vietnam à la fin des années 1950 du 20e siècle. Mais de nos jours, Washington est guidé par ces mêmes principes, poursuit Vladislav Tkatchev:
« Un système d’endiguement similaire est utilisé actuellement dans la lutte pour les ressources énergétiques et la domination en Eurasie. Sauf que le nombre de pays que les Etats-Unis cherchent à « endiguer » a augmenté. Outre la Russie, il y a aussi l’Iran et la Chine. Dans le cas de l'Iran, les Etats-Unis craignent la formation d’une union des pays musulmans chiites, ce qui force les pays occidentaux et ses alliés du Moyen-Orient à aggraver le conflit civil en Syrie. Les membres de cette coalition hétéroclite ont des intérêts différents : si les Etats-Unis sont intéressés à soutenir Israël et serrer l’étau autour de la Chine, l'Arabie saoudite et le Qatar cherchent à trouver un moyen sûr de livraison des hydrocarbures à long terme.
En ce qui concerne la région Asie-Pacifique - ce n'est un secret pour personne que la pointe du segment asiatique du système de défense antimissile américain vise non pas Pyongyang, mais la Chine, le principal concurrent politique et militaire des Etats-Unis dans cette région. Mais l’exemple de la Corée du Sud devrait faire réfléchir la Maison Blanche ».
Selon les experts, l’adhésion de Séoul au bouclier antimissile américain risque d’aggraver ses relations avec Pékin et Moscou, et sera un véritable fardeau pour le budget de la Corée du Sud. Selon certaines estimations, le gouvernement sud-coréen sera obligé de débourser 100 milliards de dollars pour la mise en œuvre de ce projet, sans pouvoir renforcer réellement son potentiel de défense.