Comme l’a indiqué Christoph Schreier, le commissaire de cette exposition et le vice-directeur du musée d’art de Bonn, son principal objectif – c’est de montrer la diversité de la peinture allemande d'après-guerre. Et de casser dans la mesure du possible les clichés et les préjugés qui existent sur la peinture allemande chez les Russes. Selon Schreier, « la peinture allemande est figurative, concrète et expressive ».
Difficile de parler des préjugés des amateurs russes de la peinture par rapport à l’art allemand pour des raisons historiques objectives – les tableaux allemands de la deuxième moitié du 20e siècle sont inconnus du grand public. Sauf peut-être Gerhard Richter et Joseph Beuys, dont les œuvres sont exposés actuellement au Musée d'art moderne de Moscou.
L’exposition « La réalité de la peinture dans l’art allemand » vise à combler cette lacune. Ce n’est pas un hasard qu’à son ouverture, les conservateurs ont évoqué la volonté de montrer la richesse des approches artistiques des artistes contemporains allemands, montrer la palette artistique de ces 60 dernières années de la peinture allemande.
Ils ont relevé ce défi. Les visiteurs russes ont eu l’occasion de se familiariser avec le travail des artistes qui occupent une place particulière dans l'histoire de la peinture allemande moderne. Parmi eux, on peut voir notamment les élèves de Joseph Beuys, Imi Knoebel et Blinky Palermo, ou les œuvres du représentant du mouvement des « Nouveaux sauvages » Walter Dahn.
Les tableaux de Katharine Grosse seront sans doute une véritable révélation pour les visiteurs de l’exposition. Inconnue en Russie, elle est considérée comme l’une des plus créatives et les plus novatrices grâce aux idées et concepts originaux. Ses tableaux, vraiment fascinants, auront un effet hypnotique sur le visiteur. A force de les regarder, il aura l’impression de voir les couleurs vives devenir fades et floues, et observer ainsi leur métamorphose se produire sous ses yeux.
L'exposition au Centre national d’art contemporain suscitera certainement l’intérêt des amateurs d’art, intéressés par l'avant-garde russe du début du XXe siècle. Ils y verront l’influence du suprématisme de Kasimir Malevitch et de la vision abstraite de l’art de Wassily Kandinsky sur les œuvres des artistes allemands. Les peintres allemands ont toutefois le droit de considérer que Kandinsky était un « des leurs », car c’est en vivant à Munich qu’il était le plus productif.
