Jour de l’Unité nationale : un choix historique

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Le 4 novembre la Russie fête le Jour de l’Unité nationale. Cette fête est née il n’y a pas longtemps (l’idée était avancée par le Conseil interreligieux de Russie en septembre 2004) et tous les Russes ne l’ont pas encore acceptée ce qui fait que tous les ans elle donne lieu à des débats d’ordre historique et idéologiques. Avec cela les sondages montrent que de plus en plus de Russes perçoivent le 4 novembre comme une fête nationale.

Le 4 novembre 1612 un soulèvement populaire mené par le marchand Kouzma Minine et le prince Dmitri Pojarski a libéré Moscou des forces d’occupation polonaises. Les livres d’histoire parlent de cette révolte comme d’un exemple de l’héroïsme et de l’unité de tout le peuple russe nonobstant les origines, la confession ou la position sociale. Mais lorsque le Jour de l’Unité nationale a été institué, les historiens ont critiqué le choix de la date en affirmant que le 4 novembre 1612 rien ne s’était passé. En effet, l’armée polonaise avait été écrasée seulement quelques jours plus tard… Mais la signification de la fête n’a alors pas été contestée : on comprenait et on comprend aujourd’hui que c’est une fête unique et exceptionnelle dans l’histoire de l’Etat russe. L’Union soviétique avait assez de ses propres héros et dates à commémorer et la question de l’unité du peuple était passé sous silence par les dirigeants de ce pays multinational. Quant à la Russie d’avant-révolution, elle n’avait tout simplement besoin de fêtes nationales, explique le docteur en histoire Igor Kouroukine.

Mais à l’étranger les fêtes similaires au Jour de l’Unité nationale ne manquent pas. Ainsi, en Espagne on fête le Jour de l’Hispanité. Pendant des années les autorités espagnoles ont cherché un moyen de rappeler aux provinces du pays qu’elles faisaient toutes partie d’un seul et même pays. Finalement, il a été décidé de faire coïncider le Jour de l’Hispanité avec la fête de Vierge du Pilar qui est depuis devenue la sainte patronne de l’Hispanité. La Russie qui est un pays multinational, avait elle aussi besoin d’une fête de la sorte. Et de la même façon on a réussi à la rattacher à une fête orthodoxe, la fête de la Notre-Dame de Kazan qui tombe au 4 novembre. Avec cela, le Jour de l’Unité nationale est associé à au moins un autre événement heureux – une victoire, fait remarquer Vladimir Simindey, directeur des programmes d’étude du Fonds Mémoire historique (Historitcheskaya Pamyat).

« Les pays d’Europe centrale et de l’Est ont souvent des fêtes qui commémorent des événements assez tragiques, imaginaires ou réels, et toute leur mémoire historique est en voix passive. Alors que chez nous toutes les fêtes sont liées à des triomphes qui peuvent être certes lourds et accompagnés des grandes pertes mais qui restent des triomphes. Et, à mon avis, c’est bien parce qu’une fête ne doit pas mener à un état dépressif ».

En Russie on apprécie plus les victoires liées à la défense de la patrie que celles suite à une agression ou une attaque. C’est pourquoi on commémore tous les événements de la Grande Guerre patriotique 1941-1945. C’est pourquoi les Russes se souviennent toujours de la Guerre patriotique de 1812 et de la victoire sur Napoléon. Mais les événements de 1612 lorsque l’ennemi s’était emparé de Moscou mais avait été repoussé, ont été pendant longtemps oubliés. Le choix qui a été fait, était donc bon et, de surcroît, fait à temps, est convaincu le directeur du Centre de l’histoire des guerres et de la géopolitique de l’Institut de l’histoire universelle de l’Académie des sciences de Russie, Oleg Rjechevskiy.

« Il ne s’adresse pas au passé, il s’adresse à l’avenir. Aujourd’hui dans notre pays il y a des processus complexes qui concernent notamment la désintégration nationale et, dans certaines régions, les tendances nationalistes. Ce sont des tendances séparatistes alors que le pays était toujours fort de son unité. Et cette fête nous est plus que jamais nécessaire ».

Cette année c’est Nijni Novgorod qui est devenu le centre des festivités autour du Jour de l’Unité nationale. C’est dans cette ville qu’une révolte populaire a commencé en 1612 pour gagner ensuite Moscou et libérer la capitale russe.

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