Vendredi le 26 octobre l’agence de presse russe RIA Novosti a organisé une conférence vidéo en duplex avec Berlin pour donner la parole aux experts russes et allemands. Ceux-ci ont proposé leurs scénarios pour la Syrie mais aussi pour toute la région du Proche-Orient.
En recherchant des solutions il faut partir des causes à l’origine du conflit. Celles-ci peuvent être tant intérieures qu’extérieures. Les affrontements entre les forces gouvernementales et l’opposition sont provoqués avant tout par la politique américaine au Proche-Orient, est convaincu le président de la Société de l’amitié et de la coopération économique avec les pays arabes, Viatcheslav Matouzov. L’effusion du sang en Syrie qui ne s’arrête toujours pas, est la conséquence du mauvais calcul de la part de Washingon.
« Ce mauvais calcul résulte de ce que les Américains sont partis de la fausse idée présentant le régime comme une dictature, comme un régime qui ne bénéficie pas de soutien populaire. Les Américains ont pensé qu’en soutenant les forces d’opposition décelées par l’ambassadeur américain Ford à Damas, il serait très facile de soulever une insurrection armée et renverser le régime existant ».
Les forces gouvernementales font aujourd’hui face non au peuple syrien mais à des groupes isolés ayant l’intérêt à instaurer leurs propres régimes, a insisté M. Matouzov.
Cette opinion n’est pas partagée par les experts allemands qui ont participé à la conférence. Selon Wolfgang Richter du Fonds Science et politique (Stiftung Wissenschaft und Politik), ce sont les divergences internes qui sont à l’origine du conflit.
« Il s’agit de la lutte entre des groupes des privilégiés et ceux des milieux qui sont persécutés. Ce conflit porte un caractère qui n’est pas uniquement religieux. Par ailleurs, malgré leurs divergences ethniques et religieuses les deux parties cherchent à être représentantes d’une nation unie ».
Le rôle des forces extérieures tant globales que régionales, s’est renforcé au fils du temps. Les experts s’accordent pour dire que le conflit syrien risque de se transformer à une guerre dans laquelle participeront non seulement les pays de la région mais aussi des pays tels que la Russie et les Etats-Unis. Pour l’éviter Moscou et Washington doivent se concentrer sur un problème concret en oubliant un peu leurs intérêts plus globaux.
La paix est impossible sans participation de toutes les parties intéressées, estime Fedor Lioukianenko, rédacteur en chef de la revue La Russie dans la politique globale (Rossiya v globalnoy politike).
« Il est absolument inutile de discuter quoi qu’il en soit sans l’Iran. Imaginons même que la Russie et les autres se mettent d’accord sur un modèle quelconque mais que l’Iran ne sera pas invité à la discussion, l’Iran fera tout ce qu’il peut pour casser ce modèle-là parce qu’il y a ses intérêts à lui qui sont importants. C’est l’Arabie saoudite qui est la première à s’opposer à la participation de l’Iran parce qu’elle considère ce dernier comme son principal adversaire dans la région. Beaucoup de choses qui se passent en Syrie, viennent de cette volonté de l’Arabie saoudite de repousser l’Iran en l’écartant des positions que ce pays a atteint grâce aux événements des années 2000 ».
Une question reste ouverte : est-ce que l’opposition est capable de devenir l’une des parties aux pourparlers de la paix ? Si le gouvernement de Bashar Assad est capable de prendre des décisions et de réaliser celles-ci, l’hétérogénéité des forces d’opposition suscite des craintes. Il ne reste qu’espérer que la trêve acceptée par les parties à l’occasion d’une fête, servira de fondement à un dialogue multiculturel ultérieur.