La Culture et les Arts 11.10.2012

© Photo: RIA NovostiLa Culture et les Arts 11.10.2012
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Au sommaire : - « Les saisons Stanislavski » à Moscou -« La Traviata » – « Un classique en

Au sommaire :

- « Les saisons Stanislavski » à Moscou

-« La Traviata » – « Un classique en noir »

-Le chat manul devient l'animal mascotte du zoo de Moscou

-La symphonie tchékovienne d'Andreï Kontchalovski

« Les saisons Stanislavski » à Moscou

« La Divine Comédie » de Dante vient en première place à l’affiche des VIIIèmes « Saisons Stanislavski » qui viennent de s’ouvrir à Moscou pour commémorer le prochain 150e anniversaire de la naissance du grand metteur en scène et fondateur de la méthode connue dans le monde entier sous le nom de « système Stanislavski ».

Quel rapport peut-on établir entre les idées de Stanislavski et les recherches du théâtre contemporain? Les expérimentations des metteurs en scène actuels, sont-elles vraiment bien loin de ses principes? Alexeï Borodoine, directeur artistique du Théâtre jeune public de Moscou nous fait part de ses réflexions à ce sujet :

« L’école de Stanislavski a donné naissance à une grande variété de théâtres les uns plus différents que les autres. C’est que l’expérimentation fait partie intégrante de son système et c’est elle précisément qui a donné impulsion à tout ce qui se passe dans le théâtre qui vit et se développe. Le théâtre vivant, voilà le maître mot pour comprendre la conception de Stanislavski ».

On trouve pas mal d’échantillons de ce théâtre vivant au programme des « Saisons Stanislavski » version 2012. C’est ainsi que le Flamand Luc Perceval présentera au public sa propre vision inédite de Tchékhov et de Shakespeare.l’Anglais Peter Brook, ce classique vivant du théâtre mondial amène à Moscou son spectacle « Warum Warum » dans lequel il entrepend d’analyser les grandes idées théâtrales du 20e siècle. « La Divine Comédie » de Dante dans la mise en scène du lituanien Eimuntas Nekrosius sur laquelle s’est ouverte le festival s’inscrit sans aucun doute dans la même lignée. C’est en ces termes que Nekrosius décrit ls possibilité de mise en scène d’un chef-d’oeuvre littéraire aussi complexe que multiforme :

« Le théâtre d’aujourd’hui ne devrait pas chercher à tout expliquer aux spectateurs. A mon avis, il doit plutôt être comme un livre intelligent qui fait découvrir des horizons nouveaux sans se limiter à un discours moralisateur ou à un effet émotionnel ».

Dans son spectacle Nekrosius fait prendre à la suite de Dante aux spectateurs les chemins de l’Enfer où les âmes des pécheurs se démènent en poussant des cris de mouettes. Dante rencontre sur son chemin des généraux célèbres, gouvernants, philosophes, amoureux et amis. Il échange même des autographes avec certains d’entre eux mais le poète est incapable de les aider et ne peut rien faire pour alléger leurs souffrances. Il n’existe qu’une seule raie de lumière dans les ténèbres, c’est Béatrice, la dévouée amoureuse du poète qui est toujours là pour le protéger.Et c’est par elle que vient le salut.

La Fondation internationale Stanislavski qui organise le festival a annoncé avant son ouverture que la remise du prix prestigieux aura cette année lieu en janvier à l’occasion de la célébration du 150e aniversaire du maître. Il existe en outre le prix spécial. C’est « Étoile Stanislavski » qui sera attribué à 5 acteurs russes et à autant d’acteurs étrangers.

 

« La Traviata » – « Un classique en noir »

Les amateurs d’opéra qui préfèrent le genre classique et les traditions ont pu apprécier l’opéra de Verdi « La Traviata » sur la scène du Bolchoï de Moscou dans la nouvelle mise en scène répondant à tous les canons classiques

de l’Américaine Francesca Zambello. Dans sa version. le personnage principal, la courtisante Violette qui est sur son lit de mort, voit défiler toute sa vie. Arrivée au seuil de la mort, la beauté fanée découvre la véritable amour impossible dans la société divisée en classes. La metteuse en scène laisse intact le sujet traité par Dumas fils dans sa « Dame aux camélias » puis par Verdi dans « La Traviata » mais son regard passe par le prisme de la modernité.

« Je suis curieuse de savoir dans quelle mesure les différences de classe décrites dans le roman de Dumas se remarquent dans Moscou d’aujourd’hui. Loin de moi est l’idée de montrer Moscou par des moyens extérieurs. Il me semble cependant que cette histoire est très actuelle parce qu’on y sent vraiment cette différence entre la misère et la richesse qui s’étale ».

Francesca Zambello sait de quoi elle parle parce qu’elle connaît Moscou depuis 1976, alors qu’elle était étudiante. Elle avait eu le temps de réaliser deux spectacles au Bolchoï et « La Traviata » est sa troisième mise en scène. Bien que ce spectacle d’opéra classique ait fait le tour du monde dans sa mise en scène, Francesca avait un véritable trac à la veille de la première de Moscou. C’est que le Bolchoï a ses propres traditions s’agissant de ce chef-d’oeuvre de Verdi. C’était presque le premier théâtre à mettre ce spectacle en scène seulement cinq ans après le fiasco de sa première à Venise. L’opéra a connu depuis de nombreuses versions sur la scène du Bolchoï mais n’a pas figuré depuis 12 ans à son répertoire.

Dans « La Traviata », le Bolchoï a décidé de présenter au public toute une pléïade de jeunes comédiens dont ceux qui ont pris part au programme « jeune comédien » qui forme une sorte de pépinière. Mais il y avait aussi des solistes de grand rayonnement comme le baryton Vassili Ladiouk dans le rôle de Germont. Voilà ce qu’il pense de ce spectacle :

« A mon avis, c’est la plus classique des mises en scène qui existent actuellement à Moscou. C’est ce qu’on appelle généralement le genre classique en noir ».

Chanter au Bolchoï, au Metropolitan ou à La Scala n’a pas beaucoup de différence pour moi parce que c’est surtout le public qui compte. Ce même public à qui j’ouvre mon coeur et mon âme et qui m’aime et m’accueille bien ou ne m’apprécie pas du tout.

Les ovations du public pendant la première de « La Traviata » permettent d’espérer que le spectacle de Moscou a été bien accueilli et qu’il finira par se fixer au répertoire du Bolchoï.

 

Le chat manul devient l'animal mascotte du zoo de Moscou

Le zoo de Moscou a désormais son animal mascotte. C’est le chat sauvage manul à pelage épais inscrit au Livre Rouge qui a remporté le concours en totalisant plus d’un tiers des voix.

Il y a très peu de manuls dans lez zoos du monde parce qu’ils ne se laissent pas apprivoiser et se reproduisernt rarement en captivité. C’est en 1957 que le pemier manul a fait son apparition dans le zoo de Moscou qui en compte sept actuellement. Il est devenu notre logo il y a un quart de siècle, a confié à La Voix de la Russie le directeur adjoint du zoo de Moscou Sergueï Popov :

« Pourquoi figure-t-il sur notre logo? Mais parce que le zoo de Moscou est réputée pour ses succès dans l’élevage de cette espèce de félin ».

Si nous avons lancé un nouveau concours, c’est parce que l’image de manul sur le logo et la mascotte, ce n’est pas du tout la même chose, explique Sergueï Popov :

« La mascotte sera utilisée pour la publicité, la fabrication de souvenirs pour notre zoo et comme un personnage des films d’animation dans toutes sortes d’émission destinées à faire connaître le zoo au plus grand nombre ».

Plus de 6 mille personnes ont pris part au concours pour le choix de la mascotte du zoo de Moscou. Après le manul en position de leader incontesté, venaient le hérisson avec près 1500 voix, puis l’ourson blanc, le tigrisseau, le renardeau et le pygargue.

Le manul convenait en tout point aux conditions du concours d’après lesquelles le pensionnaire du zoo devait être charmant et ne pas servir de mascotte à un autre zoo. Ce chat sauvage très sympathique ressemble extérieurement au chat persan mais est plus trapu et court sur pattes. Il est vrai que les visiteurs ne peuvent voir ces félins cachottiers qu’exceptionnellement parce que ce sont des animaux des moeurs nocturnes. Ils ne craignent pas le froid et vivent tout au long de l’année dans des enclos en plein air avec des abris en bois où on met une literie de foin en hiver. Le pelage du manul est le plus épais de tous les félins avec 9 mille poils par cm2. Les poils gris ont les pointes blanches comme si son pelage était saupoudré de neige.

Dans la nature, les manuls se nourrissent généralement des rongeurs et d’hamsters. Dans le zoo de Moscou leur menu se compose de rats, de souris, de perdreaux et de poulets.

On appelle parfois le manul le chat de Pallas après le naturaliste allemand Peter Pallas qui l’a découvert au 18e siècle sur la côte de la Caspienne. Cet animal se rencontre en Russie dans l’Altaï et les régions de Touva, de Bouriatie et de Tchita où il préfère les zones steppiques et semi-désertiques. Ces animaux rares sont inscrits au Livre Rouge comme « espèce mencée d’extinction ».

 

 

 

La symphonie tchékovienne d'Andreï Kontchalovski

L’éminent réalisatur russe Andreï Kontchalovski a présenté à Moscou une relecture originale de « Trois soeurs » de Tchékhov, la pièce entrée dans toutes les chrestomaties.

Andreï Konthalovski a d’ailleurs une attitude particulière envers Tchékhov qu’il compare volontiers aux géants comme Eschyle et Shakespeare. Voilà ce qu’il raconte de ses mises en scène tchékoviennes : « J’essaie d’entendre la tonalité de Tchékhov, de sonder sa température ». Cette approche s’est manifestée dans la mise en scène de « La mouette », puis d’ « Oncle Vania » et maintenant de « Trois soeurs » qui conctituent l’héritage du classique russe. Le réalisateur affirme que ces spectacles mis en scène dans les différents pays et à plusieurs années d’intervalle constituent une seule et même oeuvre.

Tchékhov résonne à mes oreilles comme une seule et grande symphonie. Une pièce peut naturellement épouser à l’autre et mon idée consiste à faire jouer les mêmes comédiens dans les mêmes décors mais dans les emplois absoluments différents.

Les comédiens, même aussi talentueux et expérimentés qu’Alexandre Domogarov, ont du mal à se conformer à la conception de Konctahlovski. Si dans le spectacle « Oncle Vania » il joue le personnage du docteur Astrov de façon traditionnelle, c’est-à-dire comme homme intelligent, cynique et éprouvé par la vie, tout se passe à l’envers dans « Trois soeurs ». En effet,Verchinine, le personnage central de la pièce que le public est habitué à assimiler à un grand idéaliste, y a l’air plutôt comique. Alexandre Domogarov est obligé de se soumettre non sans rechigner à la volonté du metteur en scène :

Tout mon être s’insurge! Je suis vraiemnent obligé de me faire violence!

Quand il veut que le comédien joue en cabotin, Kontchalovski convainc le public que ce n'est que le masque que porte le personnage. Il « sauve » ce philosophe rêveur dont les discours sur les lendemains qui chantent paraissent ridicules.

Kontchalovski remplace globalement les demi-teintes et sous-entendus tchékhoviens par la crudité et le grotesque si bien que les dialogues classiques prennent une consonnance absolument moderne sans doute en raison de son expérience cinématographique passée. C’est ainsi que l’action du spectacle « Trois soeurs » est entrecoupée d’enregistrementrs vidéo d’interviews avec les interprètes des rôles principaux qui sur le thème : « Pourquoi j’aime mon personnage? » Kontchalovski s’est déjà servi de ce procédé dans « Oncle Vania ». Ces spectacles ont du reste bien des choses en commun et le réalisateur les voit comme parties intégrantes d’un seul et même cycle. Il rêve même qu’on donne « Oncle Vania » en matinée et « Trois soeurs » en soirée. Il vaut même mieux, estime Kontchalovski que la « sympohonie tchékovienne » se prolonge par « La Cerisaie », ce qui n’est pas une tâche de tout repos. En principe, affirme Kontchalovski, monter les pièces de Tchékhov revient à grimper sur une pyramide en verre.

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