Le « Rêve géorgien » a annoncé qu’il lui suffit quelques semaines pour la période transitoire. Un départ hâtif du pays de plusieurs hauts fonctionnaires de l’équipe de M. Saakachvili confirme que le changement du pouvoir va se dérouler plus vite que ne l’exige la Constitution.
La liste des futurs ministres tient compte des intérêts de ses partenaires pour la coalition. Ainsi, on prévoit de nommer ministre de la Défense au rang de vice-Premier ministre, Irakliï Alassania, ancien ambassadeur de Géorgie à l’ONU. Les candidatures du « Mouvement national uni », au pouvoir en Géorgie jusqu’au scrutin du 1er octobre, ne figurent pas sur cette liste. Cela signifie que la liste n’est pas définitive. Même si Mikhaïl Saakachvili a déjà annoncé être prêt à passer à l’opposition, son parti garde toutefois plus de 40 % de sièges au parlement, et lui-même assumera encore pendant un an les fonctions présidentielles. De cette façon, lui et son équipe garde un paquet d’actions de contrôle de l’Etat géorgien, dit Goulbaat Rtskhiladzé, qui dirige l’Institut de l’Eurasie.
« Conformément à la Constitution, Mikhaïl Saakachvili détient pour le moment des pouvoirs de créer des empêchements au nouveau gouvernement, voire de proposer un autre Premier ministre. Mais étant donné les ententes, cela n’a pas de sens, et M. Saakachvili le comprend très bien. Il perçoit que le peuple géorgien l’a renvoyé. Sa tâche consiste donc à faire traîner ces processus, à réunir pour soi et son entourage des conditions d’un atterrissage en douceur ».
Des dissensions peuvent commencer aussi dans le camp des vainqueurs. Formellement M. Ivanichvili ne peut pas pour le moment prétendre au poste de Premier ministre, parce qu’il n’a pas encore réglé son problème avec la nationalité géorgienne. De plus, il est peu probable que la coalition garde son unité au parlement : les partis qui la forment entendent créer leurs propres groupes parlementaires.
Les gagnants des législatives du 1er octobre pronostiquent une amélioration des relations de leur pays avec la Russie, mais on ne voit pas à ce jour de raisons pour un dégel. M. Ivanichvili a déjà confirmé en public que la Géorgie continuerait à chercher à adhérer à l’OTAN, or cela signifie automatiquement que la nouvelle administration géorgienne, aussi vite qu’elle puisse prendre ses fonctions, aura de toute façon des divergences incontournables très difficilement négociables avec le Kremlin. /L