L'accord avec les rebelles a été annoncé par le président des Philippines Benigno Akino. Le document lui-même sera signé par les autorités et les représentants du « Front Moro islamique de libération » dans les jours qui viennent. Son principal point est la cessation complète des hostilités et la conclusion de l'armistice entre Manille et les rebelles. C'est la feuille de route » du règlement du conflit ethnique dans le sud du pays. A part l'armistice, l'accord comprendra la création d’une nouvelle autonomie au sud du pays. Le commentaire du politologue et l'orientaliste Stanislav Tarasov.
« Si cet armistice a lieu et si sa mise en oeuvre pratique commence, ce sera un événement politique de portée historique. Dans le contexte des nombreux conflits avec la participation des divers groupements islamiques, le dialogue existait, mais ne s'achevait jamais sur une issue fructueuse. Ce sera un événement éminent et un modèle de passage des autorités et des milices armées de la confrontation à une vie pacifique ».
Les Philippines sont le plus grand pays catholique d'Asie : plus de 80 % de la population professent cette foi, et 11 % le protestantisme. Les musulmans constituent seulement 5 %, ils vivent pour l'essentiel dans les régions du sud du pays, sur l'île de Mindanao. « Front Moro islamique de libération » mène depuis 1978 les hostilités, en demandant le droit à l'autodétermination et la création d'un État islamique indépendant. Pendant trois décennies, le conflit a fait plus de 150 mille victimes. Et bien que les politiques philippins se montrent optimistes, les experts mettent en garde contre les conclusions hâtives et les attentes injustifiées.
Le chef du centre de l'étude de l'Asie du sud-est, de l'Australie et de l'Océanie à l'Institut d'orientalisme de l'Académie des Sciences de Russie Dmitry Mosyakov rappelle que des accords similaires ont été annoncés bien des fois pendant les dernières décennies. Mais il y avait toujours des groupements radicaux pour refuser l'armistice, en insistant sur la création de leur propre État. De plus, la lutte pour le pouvoir à l'intérieur de l'autonomie peut provoquer des conflits entre les islamistes eux-mêmes.
« Le problème est que le gouvernement fait en effet quelques concessions sérieuses, mais les islamistes radicaux ne sont pas unis. Une partie signe ces accords, mais une autre partie refusera de reconnaître leur légitimité. Rien ne garantit que dans quinze jours ou dans un mois, on n'assistera pas à la naissance d'un nouveau groupement islamiste qui qualifiera de renégats les signataires de l'accord et continuera la lutte armée. Dans cette autonomie une rivalité peut se déclarer entre ceux qui se retrouveront au pouvoir et ceux qui n'auront pas obtenu de compétences ».
L'actuel accord d'armistice annoncé par le président des Philippines Benigno Akino est en effet un accord intermédiaire. Son destin dépend de la volonté des parties de s’en tenir au plan d'actions. Le traité de paix définitif entre les autorités et les rebelles ne sera pas conclu avant 2016, et il ne le sera qu'en cas de réalisation fructueuse de toutes les conditions de l'accord. T