L’incident de la centrale nucléaire de Fukushima a fait beaucoup réfléchir sur la sécurité des centrales nucléaires. Et l’Europe n’était pas une exception, la commission Européenne a fait passer des « stress-tests » sur la totalité des réacteurs dans les états membres. Les tests de résistance ont été réalisés sur plus de 100 réacteurs dont 58 sont localisés en France. Selon l’étude aucun des réacteurs de l’hexagone ne répond totalement à la norme de sécurité les plus élevées, cependant l’étude menée ne préconise aucune fermeture de centrale. Pour savoir quelles sites sont les plus vulnérables et que compte faire le gouvernement nous avons interrogé le porte-parole national du parti Europe Ecologie les Verts, Jean-Philippe Magnen :
Il y a eu des « stress-tests » de passés sur 134 réacteurs de tout le parc européen dans 14 pays, mais c’est la France qui tombe tout particulièrement sous les critiques de Bruxelles, est-ce que ça voudrait dire que les centrales Françaises sont réellement plus dangereuses que les autres ?
Ça veut dire que l’audit qui dit que les centrales françaises sont les moins vulnérables, est tombé. Sans aller jusqu’à dire qu’aujourd’hui les centrales françaises sont en danger permanent. En tout cas le mythe qui est de dire que les centrales sont très sures et que du coup une catastrophe comme Fukushima, ne pouvait pas arriver en France peut être très discuté à travers l’expertise qui a lieu. Sachant qu’effectivement sur les recommandations données par ce rapport et la commission européenne, si on prend la première version, les centrales françaises sont à 5-7 recommandations alors que les autres sont à 2-3 dans d’autres pays européens.
Mais en même temps ce rapport ne demande aucune fermeture de réacteurs en France, comment est-ce que vous traitez cette conclusion ?
Le commissaire Oettinger l’a explicitement admis, en indiquant que ce rapport était un compromis entre les pro et anti-nucléaire. Il l’a dit aujourd’hui. C’est quand même incroyable. On l’a vu lors de la conférence de presse, il y avait un certain nombre d’eurodéputés Français, qui ont montré que la commission n’avait pas de légitimité pour intervenir sur ce champ, que c’était de la souveraineté nationale, que si la volonté de sureté et de transparence était réelle, on avait aucune raison d’être dans une position de compromis.
Donc en fait clairement, vous voulez dire que le rapport européen, il ne reflète pas la réalité ?
Nous avons communiqué à la presse le rapport qui a été divulgué il y a quelques jours et le rapport qui a été diffusé aujourd’hui par monsieur Oettinger. Il y a une différence entre ces deux rapports. On demande à la commission européenne, pourquoi il y a une différence entre les deux rapports. Il manque cette fameuse annexe qui est beaucoup plus claire. Le rapport de la commission est encore très insatisfaisant, puisque d’après les éléments qui ont été donnés, il y a simplement qu’un tiers des réacteurs qui ont donné lieu à une véritable expertise, alors que les autres ont été expertisés sur papier, je dirais.
Donc vous ce que vous préconisez, c’est une étude à l’échelle nationale, c’est bien ça ?
Il faut maintenant travailler à partir de ce rapport, aussi insatisfaisant et incomplet soit-il, il révèle quand même un certain nombre de risques qu’il faut prendre en compte et ça nécessite que ces recommandations soient entendues par l’Etat français. Que le gouvernement puisse se positionner en rapport avec ça et effectivement centrale par centrale, qu’on puisse avoir les éléments. On demande transparence, on demande aux questions des réponses et on demande que derrière chaque Etat Membre prenne ses responsabilités.
En parlant politique est-ce que vous êtes content de ce qu’a fait le président François Hollande, parce que quand même pendant la campagne présidentielle, le point de rapprochement entre le parti écologiste et le PS c’était vraiment cette histoire des centrales nucléaires, comment vous noteriez le bilan jusqu’à présent ?
Il peut mieux faire, parce qu’on n’a pas eu de vrai discussion sur le nucléaire appart lors des primaires socialistes, puis au moment de la signature de l’accord législatif entre les écologistes et les socialistes. Il n’y a pas eu du tout de débat sur l’énergie lors de la campagne présidentielle. Par contre lors de la récente conférence environnementale, il a réaffirmé ses engagements de la présidentielle, de réduire la part du nucléaire de 75% à 50% sur une échéance courte, ça veut dire que maintenant il faut engager la transition énergétique. Nous espérons beaucoup à ce titre du débat national, qu’il a promis sur la transition énergétique.
Quand vous avez dit qu’il peut mieux faire, je dirais même qu’il n’a rien fait à ce sujet.
Il a confirmé l’engagement de la présidentielle. Dans l’action nous allons effectivement voir les décisions qui vont être prises. Mais en tout cas il a confirmé l’engagement de fermeture de Fessenheim.
Et par rapport aux investissements, il est prévu que la France doit investir entre 100 et 200 millions d’euros par réacteur, est-ce que vu la crise et la situation économique, ça ne risque pas d’être un peu difficile ?
Si on regarde le rapport européen, ils disent qu’il va être nécessaire d'investir entre 10 et 25 milliards d’euros pour améliorer, la sûreté des centrales européennes, qui sont pour plus du tiers françaises. Si l’on fait le calcul, on va avoir aujourd’hui, plusieurs milliards d’euros à investir pour améliorer la sureté des centrales françaises. La seule question pour être honnêtes et nous, nous sommes transparents, nous sommes anti-nucléaires, c’est qu’aujourd’hui les études que l’on a faites, montrent que sortir ou rester aura le même cout durablement. Ça a été évalué à un peu près 465 milliards d’Euros, pour sortir d’ici 25 ans. C’est un choix politique, un choix d’orientation. Il y a une vraie question de choix budgétaire également. Mais sur le fond je pense qu’il est faux de dire que sortir couterait plus cher que de rester.
Qu’est-ce que vous attendez du sommet du 18 et 19 octobre de Bruxelles, on a entendu des opinions selon lesquelles Paris serait très méfiant vis à vis de toutes les tentatives de centralisation par l’Europe de la régularisation du secteur nucléaire. Dans ce contexte, quelles devraient être les démarches de la ministre de l’écologie Delphine Batho ?
Il y a deux débats, le premier est de porter le projet français, c’est à dire la réduction de la part du nucléaire. Deuxièmement que l’on ait un grand débat nationale, ce débat ne peut pas être que franco-français, il y a un choix de transition énergétique, il est au cœur de la feuille de route pour l’Europe. Donc Delphine Batho doit affirmer que sur les investissements de l’avenir, sur la banque européenne d’investissement, que sur les choix qui vont être faits, dans le cadre du pacte de croissance européen, il y ait un engagement très fort. On a entendu parler de 10 milliard d’euros qui pourraient être consacrés à la transition énergétique, que ce soit effectif et qu’on puisse amorcer la pompe, qui amorce la transition énergétique en Europe. On a le débat Français, mais je pense que l’enjeu au sommet européen, c’est de porter cette feuille de route, cet agenda européen, pour la France. Et je crois qu’à travers les décisions qu’on pris les Belges, qu’ont pris les Allemands. Il y a un certain nombre de pays européens aujourd’hui qui sont tout à fait en avance dans cette transition, qui peuvent piloter le mouvement au niveau européen.