Quel avenir pour l’aérospatiale russe ?

© Photo: RIA NovostiQuel avenir pour l’aérospatiale russe ?
Quel avenir pour l’aérospatiale russe ? - Sputnik Afrique
S'abonner
Le 4 octobre 1957 le premier satellite artificiel a été lancé dans l’espace depuis le cosmodrome de Tiouratam, qui sera ensuite appelé Baïkonour. A cette époque l’aérospatiale était l’un des secteurs clés de la puissance militaire de l'Union soviétique. Aujourd'hui, les forces aérospatiales de Russie sont l’un des éléments les plus importants de la machine militaire russe.

Une puissance héréditaire

Dans les années 1970-1980, à l'apogée de l'exploration spatiale en Union soviétique, le nombre de lancements annuels dépassait 100, et ils étaient dans leur majorité effectués depuis le cosmodrome de Plessetsk. Ce site de lancement, perdu dans la taïga de la région d’Arkhangelsk n’a pas la gloire de Baïkonour, car c’est d’ici qu’étaient lancés les appareils à usage militaire.

Les satellites de reconnaissance optique et électronique, les satellites de communication, et d'autres satellites militaires représentaient la majorité des appareils spatiaux de l’URSS. Dans le contexte de la confrontation nucléaire avec les Etats-Unis, l'un des objectifs majeurs des unités spatiale était l'entretien du système de satellites de détection de missiles. Ils sont utilisés pour détecter rapidement le lancement de missiles balistiques depuis les bases et les sous-marins des États-Unis et de l'OTAN, et pour transmettre ces informations aux centres de contrôle.

Ayant hérité de l'Union soviétique une infrastructure spatiale et militaire développée, la Russie a réussi à préserver son potentiel dans ce domaine, mais pas dans son intégralité. Aujourd'hui, le secteur est confronté à de sérieux problèmes qui pourraient affecter son développement.

Un problème d’effectifs

Tout se résume à un seul problème : le manque de personnel. La pénurie d'ingénieurs dans les années 1990-2000 est à l’origine des effectifs réduits de nos jours. Il reste de moins en moins de spécialistes qualifiés, capables de transmettre leur expérience aux plus jeunes, dans les entreprises de l’aérospatiale. Dans les années 1990, les personnes qualifiées pour travailler dans ces entreprises sont parties vers d’autres secteurs.

Aujourd'hui, la situation commence à changer. Toutefois, les salaires dans ce secteur ne sont pas encore suffisamment élevés pour retenir les employés les plus compétents. C’est pourquoi, après avoir travaillé 2 à 5 ans dans les entreprises de l’aérospatiale, les spécialistes quittent le secteur et émigrent vers le domaine civil, qui propose des rémunérations plus importantes. Les problèmes du personnel sont une cause majeure de la crise systémique de l'exploration spatiale russe dont l’un des symptômes est la série d'accidents de ces dernières années.

Il faut prendre des mesures d’urgence pour surmonter la crise avec des mesures tactiques, mais aussi stratégiques. Il s’agit notamment de contrôler plus sévèrement la production, de prendre des décisions concernant le personnel et de revoir le programme spatial russe, militaire comme civil, nécessitant une révision complète des capacités existantes, des programmes et des projets. Poursuivre son développement avec un budget limité met l’aérospatiale dans une situation périllleuse.

Avec de l'espoir dans l'avenir

Toutefois aujourd’hui, le secteur a un fort potentiel de développement ultérieur. Les projets actuellement en cours dans l’aérospatiale russe devraient devenir un nouveau point de départ pour l'industrie et reconstituer sa puissance de l’époque. Parmi les plus projets les plus importants actuellement, il y a le développement des fusées porteuses de la série  Angara. Après 10 années de déboires, ce projet a enfin commencé à prendre forme. Les sources officielles parlent d’un délai de 2 à 3 ans pour l’aboutissement du projet. Actuellement, le lancement d’une nouvelle fusée Angara est prévu pour le printemps ou l'été 2013 et c’est à Plessetsk qu’on prépare son premier tir.

De sérieux progrès ont été réalisés également dans la création de la nouvelle génération de véhicules spatiaux. Le prolongement de la durée de fonctionnement des appareils du système global de navigation par satellite (GLONASS) jusqu'à 7 ans va enfin permettre d’achever entièrement ce programme. Les satellites GLONASS seront en service pendant plus de 10 ans. Cette augmentation des délais a été possible grâce au développement par l'industrie russe des «plates-formes ouvertes» qui ne nécessitent pas d'étanchéité et de maintien du microclimat à l’intérieur de l'appareil. La valeur de cette technologie est inestimable : les satellites deviennent plus petits, plus légers et moins coûteux.

Il est impossible de concevoir des forces armées modernes sans une infrastructure spatiale développée. Le prestige de la Russie et sa possibilité de remplir son budget grâce aux exportations dépendent directement de la capacité du pays de remettre à niveau l'industrie spatiale russe après la crise des années 1990. T

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала