Ce que les enfants n’apprennent plus à l’école

Ce que les enfants n’apprennent plus à l’école
Ce que les enfants n’apprennent plus à l’école - Sputnik Afrique
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Depuis quelques années la France a entamé une révision en profondeur des programmes, notamment pour les élèves du secondaire, des collèges et des lycées. L’histoire est l’une des matières qui a connu la plus grande refonte, l’Education nationale n’ayant pas fait dans la dentelle en revisitant entièrement les manuels.

Mais cette révision, dans un pays où l’histoire est une passion nationale, se heurte à une forte résistance de l’opinion publique, et d’une frange importante des enseignants.

Le fait n’est pas nouveau, l’histoire comme instrument de propagande est entrée de plein pied dans la vie politique dès avant la Révolution française. Enjeu politique, elle fut instrumentalisée sans vergogne durant la IIIème République pour formater des générations entières aux idéaux républicains alors pauvrement enracinés. Le résultat immédiat de cette intense réécriture de l’histoire fut de permettre la victoire de 14-18 en soudant le Peuple français derrière un idéal patriotique commun. Alors que sous la Révolution et dans une moindre mesure sous l’Empire la désertion était une chose presque intégrée dans le paysage militaire, l’école va permettre de flatter le nationalisme, le patriotisme et conduire finalement à un contrôle plus grand des populations et à l’une des boucheries les plus infâmes de l’histoire du Monde.

Le fait a été souvent dénoncé, mais rarement connecté avec la réalité actuelle, 150, 100 ans plus tard, le gouvernement français pour les mêmes raisons s’est attaqué à reformuler l’histoire. Et le constat est dramatique, elle en train de disparaître tout simplement, sa dégradation en tant que matière essentielle est très rapide, les professionnels qui travaillent sur le terrain pourront vous le dire, les parents comme beaucoup d’enfants pensent de plus en plus souvent que « l’histoire ça sert à rien ! ». C’est d’ailleurs une tendance si généralisée que pour bien des lycéens avec qui j’ai été en contact dans un lycée de Bourgogne, l’histoire ne faisait plus seulement l’objet d’un désintérêt mais celui d’un rejet massif. Le phénomène est d’ailleurs dans l’air du temps, celui d’une tendance française au rejet de son histoire presque généralisée, et ce courant de pensée néojacobin poursuit son travail de sape.

Dès lors, la France cultive toutes les repentances et ne revient sur son histoire, dans les écoles ou dans le public, que pour se souvenir des hontes nationales, plus ou moins véritables, et en mettant en scène à la place des fiertés de l’histoire du passé, un monceau de « pleurnicheries nationales ». Un régime dictatorial ne s’y prendrait pas autrement pour poursuivre une œuvre de lobotomisation des cervelles à des fins de contrôle des mentalités. Car l’histoire, pas celle qui est apprise dans les écoles, mais l’histoire avec un grand H, est surtout une affaire de connaissance des faits du passé et d’entraînement à l’exercice de la critique positive à des fins éducatrice et citoyenne. Cela signifie que son rôle est de fournir aux populations un socle commun de connaissances afin de souder le Peuple, mais aussi à lui apprendre des réflexes citoyens élémentaires. Et ce n’est plus du tout ce qui est aujourd’hui réalisé dans les écoles de France et de Navarre.

Charles Martel, Clovis en disparaissant, ne sont que l’arbre qui cache la forêt des dizaines de reniements nationaux qui sont à l’œuvre dans les nouveaux manuels d’histoire. Il n’était déjà plus question d’évoquer ne serait qu’un des « bons » souverains que la France ait connu, de Charles V en passant par Louis XI ou Henri IV, mais aussi de gommer toutes les gloires nationales des Maréchaux de la Grande Guerre en passant par Napoléon et Louis XIV… Non vous ne rêvez pas, ces deux personnages qui sont pourtant les icônes historiques de la France à l’étranger sont passés à la trappe pour raison de « honte nationale »… Le fait est absurde mais c’est ainsi, le conquérant, génie militaire incomparable qui a gagné plus de victoires que Jules César, Hannibal et Alexandre le Grand réunis, est stigmatisé au nom d’une histoire torturée, sombre et émétique. Le Roi Soleil de la même manière, celui qui est considéré comme le souverain le plus emblématique de la Monarchie française, est lui aussi voué aux gémonies malgré Versailles et le siècle français.

C’est une histoire totalement réécrite qui est désormais servie aux petits français, et il est de bon ton et politiquement correct de rappeler à ceux qui osent critiquer cette destruction, de les qualifier de réactionnaires, de rétrogrades sans se soucier de réfléchir aux conséquences futures. Car ces séries sans fin de regrets nationaux, d’attachements à mettre en exergue les hontes ou les défaites nationales ne peuvent bien sûr qu’avoir sur les plus jeunes générations un effet de rejet de l’histoire. La question est de se demander pourquoi ces décisions de l’Education nationale ? Sans doute parce qu’à l’heure de la mondialisation, la France républicaine préfère diluer les sentiments nationaux pour magnifier l’Europe et le concept de citoyen du monde, sans doute aussi parce que dans les sphères gouvernementales, il est de notoriété publique qu’un peuple qui connaît son histoire, est forcément critique et donc beaucoup moins manipulable. A l’heure où la France se trouve diluée dans la communauté européenne, il est évident qu’il s’agit d’une stratégie à peine dissimulée de formater les nouvelles générations.

Et les révisionnistes de l’histoire de France continueront de faire l’impasse sur les moments critiques de l’histoire de France, la face sombre de la Révolution française, l’écrasement de la Commune de Paris en 1871, les massacres de Madagascar en 1946 pour ne citer que quelques-uns des nombreux exemples. Les enfants par contre apprendront que nous étions d’affreux esclavagistes en omettant d’écrire que le monde entier, en particulier le monde arabe l’était aussi et qu’un homme du passé ne vit pas dans les mêmes standards de société. Ce nouveau « enseignement » de l’histoire s’appliquera à noyer également la chronologie, à appuyer sur la démocrate Athènes en oubliant de dire qu’elle sombra dans la démagogie, d’appuyer sur la Shoah d’une manière si lourde que son évocation en devient totalement illisible, et qu’en faisant des amalgames anachroniques, les jeunes se trouvent totalement perdus et désarmés face à l’histoire.

Ces derniers sont donc massivement portés à se détourner d’une des matières qui fut pourtant un des points forts de la démocratie française. Les conséquences ne pourront que se trouver négatives dans un avenir encore lointain, car l’histoire en se trouvant en option dans certaines filiales du lycée, indique bien que la démocratie et l’esprit critique se trouvent également placés en option. Et bientôt l’histoire sera définitivement reléguée au rang de matière inutile. C’est un peu le souvenir que m’avait laissé la musique à l’école de la république où 25 adolescents s’efforçaient de souffler dans une flûte en plastique dans un capharnaüm épouvantable. L’image est pourtant juste, il n’est plus de mise d’enseigner « nos ancêtres les Gaulois », mais la ligne rouge a été dépassée en France et dans cette logique un jour prochain le drapeau français devra être retiré des façades des mairies n’était-ce pas celui de Pétain et de René Bousquet ? /L

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