Les médias du monde ont déjà partiellement oublié l’incident de juin. Nous rappelons qu’un avion avec des équipements de reconnaissance à son bord a violé l’espace aérien de la Syrie. Conformément aux prescriptions pour des militaires dans de tels cas, il a été abattu. Damas s’est dépêchée d'assurer que les tirs des pièces de DCA ne devaient pas être interprétés comme une action hostile à l’égard d’Ankara. Or les autorités turques ont accusé la Syrie d’avoir violé le droit international et appelé les partenaires de l’OTAN à une « réaction adéquate ». Elle a suivi immédiatement de la part de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton. Mme Clinton a dénoncé le comportement « insolent et inacceptable » de la Syrie et a promis à Ankara de préparer une réponse adéquate. L’incident a mis également en émoi l’opposition syrienne. Mais cette fois là le pire avait été évité.
Et voilà que trois mois après cet événement, la chaine Al-Arabiya revient à cet épisode. On comprend que cette chaine de TV, créée avec les capitaux de l'Arabie Saoudite et siégeant aux Emirats Arabes Unis, doit être rentabilisée. Les journalistes saisissent la moindre occasion pour attaquer Damas ou Moscou. Or la récente discussion à la session de l’Assemblée Générale de l’ONU sur une éventuelle ingérence extérieure dans le conflit syrien a visiblement encouragé les journalistes du canal à faire du zèle. Le politologue Evguéni Satanovski constate que le sujet du canal Al-Arabiya s’inscrit parfaitement dans le genre de guerre idéologique.
« La Chine et la Russie sont les principaux acteurs empêchant d’organiser une intervention militaire contre Damas. La Chine est, soit dit en passant, le plus gros pays acheteur du pétrole saoudien, du gaz liquéfié qatari, et les monarchies du Golfe n’ont aucune raison de contrarier ce pays. C'est aussi jouer avec le feu, et le coup essentiel est donc porté à la Russie. Après la campagne libyenne il n’y a aucun sens de faire confiance à Al-Arabiya, Al Jazeera, comme d’ailleurs à la presse occidentale, qui les cite à tout propos. Des faux étaient grossiers, et à ce jour les falsifications et le mensonge tout cru constitue l’essentiel de ce qui se passe autour de ce qu’on appelle le « printemps arabe », amis aussi « temps troubles arabes ». Cela fait partie d’une plus vaste campagne contre la politique russe. Et il est clair que cette campagne n’aura pas de succès et la pression exercée n’a aucun sens ».
Cette fois les journalistes du canal Al-Arabiya ont montré des prouesses d’inventivité. Se référant à certains documents, ils prétendent que les pilotes turcs auraient survécu au crash de l’avion et auraient été exécutés ensuite au vu et au su de Moscou. Leurs corps auraient été ensuite jetés sur les lieux du crash du chasseur.
La chaine Al-Arabiya déclare elle-même que l’arsenal des documents secrets qu'elle possède n’est pas épuisé. Elle indique également que prochainement le monde aura connaissance de nouvelles révélations touchant le régime de Bachar el-Assad. Pas de doutes, dans de futurs sujets, les journalistes fabulateurs de cette chaine de télévision montreront encore Moscou comme une force ténébreuse, sanctionnant les crimes sanglants du « dictateur syrien ». /L