Selon le quotidien britannique Daily Mail, c’est le joueur d’échecs russe Analtoly Karpov, qui devait présenter ce tableau. Mais le champion international a nié cette information, précisant qu’il a vu le tableau de ses propres yeux et avait été épaté par sa ressemblance avec la Mona Lisa exposée au musée du Louvre.
Les experts de la Fondation Mona Lisa, installée à Zurich, insistent sur l’authenticité de ce deuxième tableau, la Mona Lisa d’Isleworth, qu’ils considèrent comme une première version du portrait peint par Léonard de Vinci en 1503. La Joconde exposée au Louvre a été réalisée 16 ans plus tard. Selon les historiens de l’art, dans sa première version, la Joconde a l’air plus jeune et elle sourit franchement, à la différence de sa jumelle si célèbre.
Cette apparition inattendue des tableaux nouveaux des peintres célèbres n’a en soi rien d’extraordinaire, surtout, s’il s'agit de Leonardo de Vinci. Ce point de vue est soutenu par de nombreux experts de l’art.
« Le problème avec Leonardo de Vinci, c’est qu’il avait beaucoup d’assistants », explique l’historienne de l’art Olga Nazarova. « Ces assistants participaient à ses travaux et les tableaux de Léonardo étaient souvent copiés, autant de son vivant qu’après sa mort. Il est donc difficile d’affirmer catégoriquement qu’il s’agit bien de Léonardo de Vinci. C’est évidemment très tentant de faire découvrir un nouveau tableau du peintre célèbre, car on imagine à quel prix il pourrait être vendu. Mais il y a aussi la passion qu’ont tous les chercheurs de l’histoire de l’art, celle de faire une découverte rare ».
Les méthodes modernes de l’expertise permettent de distinguer un faux tableau du vrai assez facilement. Mais parfois les situations sont beaucoup plus subtiles : par exemple, lorsqu’il ne s’agit pas d’un faux tableau, mais d’un travail réalisé par l’assistant avec l’aide du maître, d’une toile créée selon son croquis, ou alors réalisée en collaboration avec l’artiste. Tout est important lorsqu’il s’agit de déterminer l’attribution du tableau, notamment des documents, des lettres, mais aussi l’appartenance de l’œuvre d’art. Par exemple, la Mona Lisa d’Isleworth est remontée à la surface au 19ème siècle, et elle était conservée jusqu’à 1914 dans le domaine d’un aristocrate anglais. Ensuite, le peintre et le collectionneur Hugh Blaker a acheté ce tableau pour le revendre un demi-siècle plus tard au collectionneur américain Henry Pulitzer. C’est ce dernier qui a essayé d’affirmer pour la première fois qu’il s’agit du deuxième portrait de la Joconde. Toutefois les spécialistes ont considéré son affirmation de fausse, l’accusant d’agir dans ses propres intérêts et ne pas faire preuve d’impartialité.
50 ans plus tard, cette histoire est à nouveau remontée à la surface. L’expert de l’art russe et l’un des spécialistes de l’art de l’UNESCO Alexeï Lidov reste sceptique quant à ce « miracle ».
« L'histoire qui concerne la Joconde d’Isleworth rappelle un peu la compétition du patinage artistique. Ce n’est pas tant une question sur l’art ou sur Léonardo de Vinci. Il s'agit surtout de l’argent qui est en jeu, car jusqu’à récemment, la plupart des experts considéraient que la Mona Lisa d’Isleworth était une copie, datant de l’époque de Léonardo ou créée quelque temps après sa mort. La différence entre l’original et la copie peut s’élever à une centaine de milliers de dollars, si ce n’est pas plus. Tout ce buzz a été créé exprès pour pouvoir vendre le tableau à un bon prix ».
L’année dernière, une peinture de Michel-Ange, qui a passé plusieurs siècles dans une collection privée, venait d’être reconnue par les experts. Les miracles peuvent donc arriver… /L