Peut-on parler des nanotechnologies en Russie ? C’est le patron de Rosnano Anatoly Tchoubaïs, qui a donné la réponse à cette question en ouverture du Congrès des entreprises de nano-industrie. La Russie s’est mise aux nanotechnologies seulement en 2007, en créant à l’initiative de Vladimir Poutine la corporation Rosnano. Depuis lors, le secteur a réalisé des progrès considérables, ayant pu tirer en moyenne 150 millions de roubles de bénéfice annuel. Et Rosnano occupe seulement le tiers de ce marché, a déclaré aux journalistes Anatoli Tchoubaïs :
« En 2010, le volume de notre production a atteint un milliard de roubles, en 2011, 11 milliards, et nous espérons atteindre les 25 milliards cette année. Il y a clairement une croissance de notre volume de production ».
Les nanotechnologies s’étendent désormais à de nombreux secteurs de l’économie. Mais c’est le raffinage et l’industrie chimique qui prédominent. L'un des derniers projets auxquels Rosnano participait directement, ce fut le projet d’une batterie alternative. Un appareil de la taille d'un briquet fonctionne au butane et peut recharger un téléphone mobile ou un ordinateur portable 10 à 15 fois. Un autre projet est né à l'Université d’Etat de Moscou. Il s’agit d’un microscope pour observer les processus biologiques à long terme avec la possibilité de contrôle par Internet. Igor Iaminski, professeur de la faculté de la chimie et de la physique à l’Université analyse ces projets.
« Nous avons un objectif d'envergure, le développement des unités de production existantes de nano-analyse pour la biologie, la médecine et la science des matériaux. Dans le cadre de ce projet, nous avons réalisé toute une série d’appareils. Il s'agit notamment d'un microscope à sonde, le microscope le plus rapide et avec une charge la plus élevée dans le monde. Une autre invention consiste dans une balance atomique. Sur cette base, nous avons développé un capteur de l'antigène prostatique spécifique. Nous obtenons donc un dispositif portable de diagnostic rapide ».
Les débats étaient animés pendant les tables rondes. Ils concernaient le développement du secteur et la manière dont les investisseurs potentiels et les inventeurs pourraient se côtoyer. Une discussion séparée concernait les réformes de la législation, pour qu’elle corresponde aux besoins des sociétés de nanotechnologies.
« Aujourd'hui, plus de 240 entreprises produisent des systèmes à base de nanotechnologies », explique Andreï Svinarenko, directeur général du Fonds des programmes d’infrastructure et de formation et le directeur du comité d’organisation du congrès. « Sur l'exemple des sociétés créées par Rosnano, nous voyons les problèmes qui existent dans ce secteur. Nous comprenons que, le plus souvent, d’autres fabricants du secteur pourraient avoir le même genre de problèmes. Nous avons effectué un sondage des fabricants avant le congrès et nous avons compris ce qui les préoccupe. Aujourd'hui, nous nous sommes réunis pour en discuter et établir un dialogue systématique sur ces questions ».
12 centres des nanotechnologies ouvriront en Russie au cours des deux ans à venir. Le premier d'entre eux ouvrira ses portes à Kazan dès la fin de cette année. D'autres seront bientôt inaugurés dans les régions de Moscou et Leningrad, mais aussi en Sibérie et dans l’Oural. Dans ces centres, les jeunes scientifiques et les inventeurs pourront développer et tester leurs projets, en économisant des fonds sur le matériel de laboratoire coûteux. Ces centres devraient stimuler davantage les nanotechnologies en Russie. /L
