Des ninjas à Bruxelles

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Le chef du service fédéral de sécurité de Belgique (VSSE) Alain Winants a pour devoir de chercher des espions partout. A son avis, où il y en a le plus, bien entendu, c'est à Bruxelles, qui est le siège de nombreuses structures de l’Union Européenne. Les plus dangereux sont ceux de Russie et de Chine.

Les principales fonctions de M. Winants consistent à lutter contre le terrorisme et l’espionnage. Dans son ample interview qu’il a donné il y a quelques jours au portail Internet européen « EUobserver » l’essentiel de l’attention est allé précisément à ce dernier aspect. C’est ce qui explique le titre de l’interview : « Le chef du Renseignement : la capitale de l’UE est celle de l’espionnage ».

Dans un commentaire introduisant l’interview EUobserver cite les propos d’un collaborateur non nommé du groupe de travail de la Commission Européenne pour les relations avec les pays de l’espace postsoviétique. « J’ai renoncé à partager un lunch avec lui, puisqu’il ne faisait que poser des questions, sans rien raconter sur lui », s’est plaint ce diplomate. Il s’agit d’une connaissance de l’ambassade de Russie dudit collaborateur de la Commission Européenne, explique le portail Internet. Autrement dit il faut comprendre que c’était un espion russe sous couvert diplomatique. L’auteur de l’interview fait, il est vrai, cette réserve que sur fond des discussions sur « redémarrage » et des rapports mutuellement avantageux, le mot « espionnage » sonne comme un terme hérité du passé. Mais ajoute-t-il, pas pour Alain Winants.

Comme on le voit, le chef du service de contre-espionnage de Belgique est inquiet pour plusieurs raisons des actions de la Russie. Et encore par celles de la Chine. Il indique que leurs services de renseignement sont parmi les plus « agressifs ». Même s’il reconnait « qu’il serait naïf » de penser que les activités de renseignement sont menées par ces seuls pays. Et comme résumé de l’interview d’Alain Winants il y a cette constatation : son service, comme les services spéciaux de l’OTAN, avec lesquels le VSSE collabore, ne parviennent pas à repérer tous les « ninjas » étrangers, en activité en Belgique. C’est la conclusion à laquelle il fallait s’attendre, estime l’expert militaire et rédacteur en chef de la revue La Défense nationale Igor Korottchenko.

« La tendance est évidente et il convient d’accroître le financement du service du contre-espionnage. D’habitude, de telles interviews ne sont pas publiées sans une raison. J’y entrevois une action informationnelle, concertée avec d’autres services spéciaux de l’OTAN. D’un côté, c’est un avertissement aux services de renseignement étrangers que leurs activités sont sous contrôle. De l’autre, elles visent à rendre les sujets du royaume plus loyaux envers les organes du pouvoir et le service du contre-espionnage ».

En paraphrasant les propos de M. Winants, on peut dire qu’il serait « naïf » de nier l’existence des services de renseignement de Russie. Or leur existence est dicté par les intérêts de la sécurité nationale de la Russie, et non par les phobies datant des temps de la Guerre froide, évoquée on ne sait pour quelle raison mal à propos par M. Winants. /L

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