La marche a commencé à 13h ce samedi sur le boulevard Stratsnoï au centre de Moscou. Les manifestants ont suivi l'itinéraire accordé avec les autorités municipales avant d’arriver sur l’avenue Sakharov où une tribune a été installée. La foule brandissait des pancartes et des bannières avec des slogans anti-gouvernementaux, des appels à l’union, mais aussi des drapeaux de plusieurs mouvements qui ont participé à cette manifestation – les drapeaux nationalistes, ceux du Front de gauche et des mouvements libéraux. C’est le député de la Douma d’Etat Ilia Ponomarev qui est sorti le premier sur la tribune. Il a parlé devant les manifestants de son action estivale « Bely potok » (Mouvement blanc), dans le cadre de laquelle il a beaucoup voyagé dans les différentes régions de Russie.
« On nous dit souvent que Moscou et les régions de Russie sont des entités complètement séparées. Nous nous sommes rendus compte que ce n’est pas la vérité. Nous sommes tous unis. Et ensemble, nous représentons 50 régions. Toutes ces régions, que nous avons visitées cet été, organisent aujourd’hui leur propre « Marche des millions ». C’est la première fois que le pays proteste à l’unisson ».
A Saint-Pétersbourg, 800 personnes sont sorties dans les rues pour participer à une manifestation de l’opposition, alors qu’à Kazan et Saratov ils étaient une centaine, a souligné Ponomarev dans son discours.
Le politicien Boris Nemtsov, a évoqué dans son discours prononcé depuis la tribune la désunion des forces de l’opposition, s’empressant toutefois de rajouter que les divergences ont été surmontées.
« Personne ne croyait que les militants de gauche, les libéraux et les nationalistes puissent se mettre d’accord et avancer main dans la main. J’ai une bonne nouvelle pour vous : nous avons trouvé un compromis. Nos revendications politiques sont extrêmement simples: nous exigeons la mise en liberté immédiate des prisonniers politiques. Vous êtes d’accord ? Notre deuxième revendication – c’est l’organisation des nouvelles élections parlementaires et présidentielles sous le contrôle de la société. Vous êtes d’accord ? Et notre résolution comprend également des revendications sociales et économiques. Je voudrais que les forces de gauche et les libéraux, ainsi que ceux qui se sont rassemblés ici aujourd’hui, les citoyens de notre grand pays, sachent que nous allons exiger le gel des charges sur le logement. Vous êtes d’accord ? Les militants de gauches ne crient pas très fort, j’entends seulement les libéraux. Je ne sais pas pourquoi ».
L'ordre du jour de cette troisième « Marche des millions », tout comme sa composition a semé la confusion parmi les libéraux. Les membres du parti Iabloko ne sont pas venus sur l’avenue Sakharov, tout comme les partisans de l’ex-candidat aux élections présidentielles Mikhaïl Prokhorov. Par ailleurs, l'ancien premier ministre russe Mikhaïl Kassianov a refusé de prononcer un discours lors du meeting sur l’avenue Sakharov. Certains libéraux refusent toujours de marcher aux côtés des nationalistes et les forces de gauche. Le discours du blogueur, homme d’affaires et l’un des principaux activistes de lutte contre la corruption Alexeï Navalny fut le plus long de tous. Accusé par ses opposants de venir à ces meetings « comme au travail », Navalny a répondu qu’il faut s’exprimer plus souvent et être plus actif dans ses actions politiques.
« Je voudrais que chacun d’entre nous, en se regardant chaque matin dans la glace, se demande : « Qu’est-ce que je suis prêt à faire pour la liberté et la défense de ma dignité aujourd’hui ? » Et il reste beaucoup à faire ! Par exemple, abattre l’hélicoptère !.. Je plaisante... Chacun de nous peut faire beaucoup. Il peut venir au meeting, donner 200 roubles pour soutenir les prisonniers politiques, soutenir financièrement la campagne électorale d’Evguenia Tchrikova aux élections municipales de Khimki. Ou venir carrément à Khimki pour l’aider à faire campagne ».
Le parti Russie Unie a déjà partagé son impression sur la « Marche des millions » de ce samedi. Le secrétaire général adjoint du parti Andreï Issaïev a qualifié cette nouvelle manifestation des forces de l’opposition de « crise du genre ». Quant à Vladimir Bourmatov, le député de la Douma d’Etat et également membre de la Russie Unie, il a affirmé que cette manifestation s’est soldée par un échec en termes du nombre de participants et en termes d’idéologie. Le secrétaire adjoint du Conseil général de Russie Unie Alexeï Tchesnakov a défini le principal problème de l’opposition. « C’est le manque de dirigeants charismatiques et d’idées qui les unissent», a-t-il affirmé.
Diaporama : Marche des millions: au moins 11.000 manifestants à Moscou