En 2010 Luis Sidebaka, ambassadeur américiain en mission spéciale dirigeant la section de la lutte contre le traite des êtres humains au Département d'Etat, a reconnu que 150 ans environ après l'abolition de l'esclavage le trafic des gens a toujours lieu aux Etats-Unis. Il a cité plusieurs exemples, notamment le fait qu'en Floride des ressortissants du Mexique et du Guatemala, ainsi que plusieurs Afro-Américains restaient pendant un long temps en état d'esclaves. « Au Etats-Unis nous constatons la situation où les esclavagistes locaux utilisent le travail d'esclaves dans certains segments économiques. Les uns vendent en esclavage les citoyens américains, d'autres, les étrangers », a dit Sidebaka.
Une des histoires typiques est le trafic de clandestins. Les gens arrivent aux Etats-Unis à la recherche du travail et, en fin de compte, deviennent esclaves. Il va de soi que le plus souvent ce sont les ressortissants d'Afrique et d'Amérique latine.
Mais ces derniers temps cela concerne également les citoyens des ex-républiques soviétiques. En été 2012 un citoyen d'Ukraine, Stepan Botsvinuk, a été condamné à Philadelphie à 20 ans de prisons : il aidait des Ukrainiens à venir aux Etats-Unis pour les contraindre ensuite par la force à travailler gratuitement. Son frère a été condamné à la prison à vie pour avoir violé des Ukrainiennes introduites aux Etats-Unis.
Les frères faisaient venir leurs compatriotes aux Etats-Unis leurs promettant un salaire de 500 dollars par mois et 200-300 dollars de revenus supplémentaires. Ils leurs faisaient des visas touristiques mexicains, après quoi les Ukrainiens pénétraient clandestinement du Mexique aux Etats-Unis. D'aucuns ont été arrêtés à la frontière. Aux Etats-Unis les Ukrainiens s'occupaient du nettoyage des magasins, dont Walmart.
D'après des estimations approximatives, 11 à 12 millions de personnes résident illégalement sur le territoire américain. La plupart d'entre eux est privée de tous les droits et vit dans la pauvreté. Quelque 300 000 immigrants clandestins pénètrent chaque année aux Etats-Unis via le territoire du Mexique. De 100 000 à 500 000 personnes se retrouvent en condition d'esclaves. Les Etats-Unis ont été et restent l'importateur des être humains numéro un au monde.
Les esclavagistes de nos jours trouvent leurs victimes de façon différentes. Ils distribuent des annonces dans les journaux, à la radio et à la télévision proposant un bon travail bien rémunéré. Ils font appel aux services des bureaux de recrutements bidon, des agences de mode, de mariage et de trourisme. Dans les régions rurales, ils se présentent comme des « amis des amis » pour persuader les parents que leurs enfants seront en sûreté sous la protection d'un « ami ». Ils promettent aux parents de marier leurs filles. Dans certains cas, ils enlèvent tout simplement leurs victimes. La traite d'êtres humains ne demande pas de gros investissements et le risque d'être persécuté par les forces de l'ordre est minime.
Mais les Américains aussi peuvent devenir des esclaves. Cela concerne au premier chef les enfants des familles à problème. En juin 2012, le FBI a réalisé une opération de grande envergure qui a permis d'affranchir de l'esclavage sexuel 79 enfants à l'âge de 13 à 17 ans. D'après le centre fédéral des enfants disparus et exploités, chaque année au moins 100 000 enfants sont victimes de violences sexuelles. Une étude réalisée par l'Université de Pennsylvanie a établi que quelque 300 000 enfants encourent le risque d'être exploités sexuellement à des fins lucratifs. En plus les enfants deviennent esclaves dans des maisons, des fermes, fabriques et restaurants privés.
Le Département d'Etat a calculé approximativement que de 10 000 à 20 000 personnes, les hommes et enfants compris, deviennent chaque année victimes de l'esclavage sexuel. Il va de soi que pour la plupart il s'agit de jeunes filles, notamment venues des pays d'Europe de l'Est. Elles sont séduites par la proposition de travailler comme serveuse ou go-go dancer. Dès leur arrivée aux Etats-Unis on les place dans une prison sexuelle. On les tabassent, on leur confisque leur argent, leurs papiers et on les oblige à servir jusqu'à 60 clients par jour, sinon on les violent. Hélas de telles histoires sont typiques dans l'Amérique de nos jours. /L