Les événements de 2005 reviennent en mémoire. A l'époque, l'humanité a vu avec horreur périr pendant deux semaines une ville américaine, La Nouvelle-Orléans, plongée dans le chaos. L'ouragan Katrina qui s'était abattu sur les Etats sud de l'Amérique a mis en évidence les points faibles du système américain de prévention des catastrophes. Dès le début les autorités de la Louisiane ne se sont pas préparées activement à l'arrivée de l'ouragan, bien que les tempêtes soient chose habituelle pour le sud-est des Etats-Unis.
Le maire de La Nouvelle-Orléans Ray Nagin n'a ordonné l'évacuation de la ville que le 28 août alors qu'il était devenu tout à fait évident que Katrina n'était pas une tempête comme les autres, mais un ouragan des plus puissants, de catégorie 5, le maximum. Quelques milliers de personnes seulement ont quitté la ville à ce moment. Les citadins ont commencé à abandonner en masse leurs maisons, comprenant que la situation était extraordinaire. Les routes menant de La Nouvelle-Orléans étaient obstruées, des dizaines de milliers de personnes se sont retrouvées dans des embouteillages longs de plusieurs kilomètres. Tous les habitants n'étaient pas à même de quitter la ville. Les transports en commun ont cessé de fonctionner dès le 28 août, des bus d'évacuation spéciaux n'ont pas été préparés. Pour sortir de la ville il fallait avoir une voiture, mais à la sortie un embouteillage commençait.
En fin de compte quelque 150 000 habitants, soit un quart de la population, sont restés dans la ville. C'étaient en premier lieu les habitants des quartiers les plus pauvres, essentiellement des Afro-Américains. De 20 000 à 30 000 personnes ont trouvé un abri au stade du Superdome, les autres sont restés dans leurs maisons. Le lendemain, le 29 août, l'ouragan s'est abattu sur la Louisiane, le Mississipi et l'Alabama.
Dès les premier jour il est devenu clair que les autorités locales n'étaient pas à la hauteur de la situation. Les autorités fédérales ne se sont préoccupées des événements qu'au troisième jour et ont attendu encore deux ou trois jours pour commencer une opération d'envergure. Aux termes des lois américaines, la responsabilité pour l'élimination des conséquences d'un cataclysme incombe aux autorités gouvernementales. Cependant le pouvoir fédéral peut intervenir à la demande de l'Etat ou en cas de menace à la vie des Américains. Même ayant compris que ses propres forces étaient insuffisantes, le gouverneur de la Louisiane ne s'est pas décidé à demander de l'aide et le pouvoir fédéral a refusé d'endosser la responsabilité de la catastrophe.
Aucun consensus entre les autorités n'a été trouvé, même lorsque Washington s'est activement occupé du dossier de La Nouvelle-Orléans. Le gouverneur de la Louisiane s'opposait à ce que la garde nationale soit subordonnée aux autorités fédérales et la police locale a travaillé pendant quelque temps sans coordination avec les unités fédérales envoyées dans la ville.
La rupture de la digue était le principal désastre pour La Nouvelle-Orléans, située au-dessous du niveau de la mer. Le système de digues était prévu pour protéger la ville contre la submersion provoquée par les ouragans de catégorie 3. Les autorités locales ne sont pas les seules responsables de la destruction de la digue. Au début de 2005 les troupes de génie américaines qui partagent avec les autorités locales la responsabilité pour l'état des ouvrages anti-submersion ont demandé 27 millions de dollars au Congrès des Etats-Unis pour réparer les digues dans le sud-est de la Louisiane. Le président Bush a tenté de diminuer cette somme jusqu'à 3,9 millions et d'abaisser les dépenses totales de lutte contre les inondations de 70 à 30 millions de dollars. Le Congrès dominé par les républicains a décidé de débloquer 5,7 millions à la réparation des digues et 36 millions à la lutte contre les inondations. Une telle avarice tenait, selon les médias américains, à la volonté de minimiser toutes les dépenses de l'armée sauf pour la guerre en Irak.
Le maire Nagin n'a ordonné l'évacuation totale que mercredi 31 août après avoir compris l'ampleur de la catastrophe. Les autorités ont été incapables d'aider les sinistrés en abandonnant les gens ressemblés au Superdome à leur sort. De nombreuses personnes ont téléphoné aux services de secours, mais personne n'a répondu. Le 1er septembre, l'anarchie s'est instaurée dans la ville. La police a déserté. D'après les données officielles 500 policiers ont abandonné leur poste.
Le problème ne résidait pas seulement dans le financement insuffisant de la digue. L'administration de George W. Bush a sensiblement réduit le financement de l'Agence fédérale des situations d'urgence (FEMA) ce qui a entraîné les licenciements massifs de professionnels. Dans la situation concrète de La Nouvelle-Orléans beaucoup dépendait du professionnalisme et de l'organisation de la FEMA, hélas l'efficacité de l'agence a été très faible. Aaron Broussard, chef du district de Jefferson (Louisiane), a déclaré que les fournitures humanitaires dans son district ont été constamment bloquées. La Croix-Rouge a déclaré ne pas pouvoir entrer dans La Nouvelle-Orléans car la présence des médecins, selon la FEMA, empêcherait l'évacuation.
La situation a été aggravée radicalement par le rejet traditionnel par les autorités des Etats du sud de la population noire. La majorité de la population de La Nouvelle-Orléans inondée étaient des Afro-Américains. Le gouvernement américain a adopté à leur égard une position de non-ingérence les ayant abandonné à exister sur leur territoire et lutter contre les cataclysmes par leurs propres forces. Le Superdome s'est transformé en un camp de concentration authentique où le pouvoir a été pris par les criminels ayant instauré un arbitraire total.
Ainsi l'inondation à La Nouvelle-Orléans a démontré que les autorités des Etats-Unis n'étaient pas prêtes à informer les citoyens de l'approche d'un cataclysme, à évacuer les gens et à éliminer les conséquences des catastropes naturelles. tg