D’où viendrait la menace pour la Marine turkmène ? Si un Etat a des frontières et des eaux territoriales, il devrait les protéger des braconniers, des espions et des terroristes, explique le commentateur militaire du quotidien Komsomolskaïa Pravda Viktor Baranets.
« Les tentatives du Turkménistan de renforcer ses forces navales témoignant de la volonté de garantir sa souveraineté nationale et protéger son territoire et sa côte. Il peut s’agir d’un facteur stabilisant ».
Le statut juridique de la mer Caspienne n’a toujours pas été réglé par les cinq pays qui y ont accès. C’est l’une des questions géopolitiques les plus complexes de cette région. Les Etats caspiens ont tenté à plusieurs reprises de se mettre à la table des négociations pour résoudre le problème. Mais la position particulière de certains pays, notamment celle de l’Iran et de l’Azerbaïdjan, anéantit tous les efforts qui ont été entrepris dans ce domaine. Et s’il n’y a pas d’accord, la tentation de profiter des ressources du sol de la mer Caspienne augmente.
« D’autres pays et organisations, notamment les Etats-Unis et l’OTAN montrent leur intérêt pour la mer Caspienne », poursuit Viktor Baranets. « L'OTAN essaie de courtiser l’Azerbaïdjan, renforcer sa flotte militaire, tout comme celle de Turkménistan. Ce n'est pas un secret que les Américains ont offert au Turkménistan un bateau de patrouille pour la marine. L'absence d'une décision finale sur le partage des eaux territoriales de la mer Caspienne fait que tous les pays de la région commencent à s’armer lentement. Et la composante navale de cet armement augmente également d'année en année ».
Est-ce que les cinq Etats de la mer Caspienne pourraient avoir une position consolidée, surtout lorsque d’autres pays essaient d’accroître leur présence dans la région, notamment, la présence militaire et en mer. Les pays doivent défendre évidemment leurs intérêts économiques et militaires de façon civilisée, souligne Victor Baranets.
« Cela s’inscrit dans la logique des choses. Mais cette consolidation est empêchée par l’OTAN et les Etats-Unis. L’Amérique essaie d'encourager l'Azerbaïdjan en lui fournissant des armes, tandis que le Turkménistan reçoit des Etats-Unis des navires militaires. Cela forme une sorte d’arc autour de l’Iran qui est en conflit avec Washington. Donc, en renforçant les flottes de ces pays, les Etats-Unis jouent leur propre jeu, qui est vu d’un mauvais oeil par la Russie ».
La Russie propose de mener des pourparlers et fixer définitivement les frontières territoriales du le plateau continental de la mer Caspienne. En d’autres termes, fixer les règles du jeu. Les experts soulignent que dans les projets globaux des États-Unis et de l'OTAN, cette mer commence à jouer un rôle stratégique de plus en plus important. Son fond renferme d’importantes réserves d’hydrocarbures, comparables à celles du Moyen-Orient.
Les Etats caspiens ont déjà eu plusieurs différends territoriaux. Depuis plus de 20 ans, l'Azerbaïdjan et le Turkménistan n’arrivent pas à se mettre d'accord sur l'appartenance du gisement pétrolier de Serdar (Kapaz en azerbaïdjanais), qui se trouve dans une zone contestée par les deux pays. C’est un facteur inquiétant. Et pourtant, les populations de cette région, qui est le berceau des civilisations anciennes, sont persuadées que leurs pays arriveront à cohabiter en paix en maintenant des relations de bon voisinage. /L