Les autorités estoniennes déclarent la guerre à l’essence russe

© Photo : RIA NovostiLes autorités estoniennes déclarent la guerre à l’essence russe
Les autorités estoniennes déclarent la guerre à l’essence russe - Sputnik Afrique
S'abonner
Tallinn vient d’inventer une nouvelle taxe à l’importation. Désormais, les Estoniens seront obligés de payer pour l’utilisation de l’essence russe. Les douanes estoniennes limitent l’importation du carburant russe à 7 litres par personne pour les habitants des régions frontalières. Au-delà de cette quantité, l’essence importée sera considerée comme de la contrebande.

En Russie, le prix d’un litre de super 95 n’atteint pas un euro, tandis qu’en Estonie, il coûte deux fois plus cher - 1,36 euro. C’est pourquoi de nombreux Estoniens, qui habitent dans les régions frontalières avec la Russie, font souvent le plein à l’étranger. Pour faire face à ce manque à gagner du côté estonien, les dounniers vont obliger les automobilistes à déclarer la quantité de carburant qu’ils importent en Estonie. Pour l’instant, ce n’est pas une loi, mais juste une règle stricte adoptée par les douanes, raconte l’avocat estonien Danil Lipatov.

« Tout un tourisme lié avec l’achat de carburant outre frontière a émergé. Etant donné que l’essence coûte sensiblement moins cher en Russie, les Estoniens qui résident dans les régions frontalières, transportent le carburant dans leurs voitures sur le territoire de l’Estonie. Cela n’arrange pas les autorités, qui ont décidé de modifier la formulation de la loi. Selon notre loi sur le droit d'accise, il est possible d’importer sans payer de taxe autant d’essence qu’il est necessaire pour arriver au lieu de destination final. Pour les personnes physiques, il s’agit du lieu de leur résidence. En principe, ce n’est pas une loi, c’est juste une position du ministère ».

L’essence russe bon marché fait des vagues aux douanes estoniennes depuis des années. En juin, les autorités de ce pays balte ont commencé à arrêter les personnes qui font de la contrebande d’essence avec des camions et des autobus. Ces derniers transportaient le carburant dans leurs réservoirs pour le revendre ensuite dans le pays. Ce « commerce » rapporte en moyenne 20 millions d’euros par an à ces « entrepreneurs ». La restriction sévère sur l'importation de l'essence même pour «usage personnel» - n’est rien d’autre qu’une tentative de protéger le marché national, est persuadé le président du syndicat « Dalnoboïctchik » (chauffeur de poids-lourd) Valéri Voytko.

« On voit clairement que cette mesure est adoptée pour protéger leur marché. Si nous parlons des particuliers, et non pas des camions, qui peuvent transporter jusqu’à une tonne de gazole dans leurs réservoirs, il est clair que c’est plus intéressant pour nos collègues des pays baltes de faire le plein en Russie. Des mesures semblables étaient introduites en Polognes il y a plusieurs années. Les Polonais ont fixé une limite de quantité de carburant, avec laquelle la voiture pouvait entrer sur le territoire du pays si elle venait de Russie ou de Biélorussie ».

Le carburant confisqué à la frontière est versé dans des jerricans spéciaux, qui sont ensuite estampillés. Et chaque personne qui aura enfreint le réglement est passible d’amende sous forme de taxe qu’elle devra payer. Selon les autorités locales, c’est le seul moyen de lutter contre la contrebande. Mais les Estoniens eux-mêmes sont opposés à une telle innovation, explique le journaliste local Arthur Tooman.

« Par ces moyens, les autorités se battent non pas contre l'économie souterraine, mais contre de simples consommateurs, pour qui, le plein en Russie – c’est un moyen d’économiser de l’argent sur un budget qui est déjà fortement retréci par le chômage et la pauvreté. Actuellement, à la frontière, les douanniers proposent de déclarer le carburant importé dans le pays et payer la taxe. Mais même en payant cette taxe, le plein coûte moins cher en Russie comparé à la même quantité de carburant en Estonie. Avec le temps, les gens s’habitueront aux nouvelles conditions, et ils continueront à acheter leur essence à l’étranger ».

Il est encore difficile de comprendre comment les douaniers vont pouvoir calculer le volume de carburant qui se trouve à l’intérieur des réservoirs des automobiles. Car la limitation à 7 litres n’est valable que pour les habitants de Narva, une ville qui se trouve à quelques kilomètres seulement de la frontière russo-estonienne. Quant à ceux qui arriveront à prouver qu’ils habitent à l’autre bout du pays, ils devraient être autorisés à entrer en Estonie avec le réservoir rempli d’essence achetée en Russie.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала