Tout en dénonçant l'action organisée par le groupe punk féministe Pussy Riot dans la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou, l'Eglise orthodoxe russe hors frontières (EORHF) demande aux autorités judiciaires russes d'atténuer la peine infligée aux intéressées.
Fin février, cinq jeunes femmes encagoulées ont organisé une "prière punk" dans la cathédrale du Christ Sauveur, haut lieu du culte orthodoxe en Russie. Leur "concert" a été filmé et mis en ligne sur le web, provoquant un vif retentissement dans le pays. Trois "punkettes" - Maria Alekhina, Ekaterina Samoutsevitch et Nadejda Tolokonnikova - ont été arrêtées et condamnées pour hooliganisme à deux ans de détention dans un camp.
"Nous dénonçons les actions de ce genre qui perturbent la paix ecclésiastique", lit-on dans la déclaration signée par l'archiprêtre Nikolaï Artemov.
"Cependant, en attendant que le jugement soit examiné en appel, nous demandons aux autorités judiciaires d'alléger la peine prononcée", souligne le document.
L'EORHF regrette que des artistes, des députés et des ministres allemands se soient solidarisés avec cette "action commise au détriment de l'Eglise". Même la chancelière Angela Merkel a qualifié de "disproportionné" le jugement rendu à l'encontre des trois jeunes femmes.
"Cela étant, le contexte historique a été totalement ignoré. Et pourtant, les croyants russes ont subi au XXe siècle un outrage sans précédent à leur foi", indique la déclaration.
Le document précise que sur les 56.000 églises qui existaient dans le pays avant la révolution de 1917, il n'est resté qu'une centaine, et que tous les 1.200 monastères et couvents ont été détruits, profanés ou fermés.
"Plus d'un million de personnes ont été massacrées lors de la persécution la plus monstrueuse des chrétiens dans l'histoire", constate la déclaration.
Les religieux rappellent que la cathédrale où les "punkettes" ont improvisé leur action avait été dynamitée en 1931 et reconstruit seulement en 2000.
Selon les auteurs du document, il est peu probable que "les appels moralisateurs à respecter la liberté de l'art soient formulés d'une manière aussi unilatérale" si les Pussy Riot avaient organisé leur "spectacle" dans le Mémorial de Buchenwald, une synagogue de Berlin ou une mosquée de Cologne.