Les soucis du cinéma russe sont ceux du cinématographe mondial, les technologies numériques. Plus exactement, les conséquences de la numérisation. Partout, le cinéma passe aux technologies numériques et cela, c’est un choc grandiose, indique Chakhnazarov.
« Je trouve que pour le cinéma, c'est une vraie révolution ! C'est une révolution plus grande, que le passage au son à l’époque. Les technologies numériques c’est un moment important. Et le principale support avec lequel avait commencé le cinématographe disparaît : la pellicule ».
« En rapport avec le passage aux technologies numériques, une crise grave menace les grands studios », pense Chakhnazarov. Et le problème, ce ne sont pas les nouvelles technologies, le Mosfilm, par exemple, y est entièrement prêt. Simplement, pour tourner le film en version numérique, il n'est pas nécessaire d’avoir de grosses capacités de production, de grands pavillons pareils à ceux du Mosfilm, il suffit d’avoir une pièce ordinaire. C'est pourquoi plusieurs studios, y compris européens, construits au dernier siècle, et orientés vers le travail avec la pellicule, frisent la clôture.
Le Mosfilm résout pour le moment ce problème grâce aux projets de télévision, qui nécessitent justement des pavillons. « En outre, la position du Mosfilm est plus stable que celle des studios de l'Europe, parce qu'à différence des autres, il a réussi à garder toutes les technologies », souligne Karen Chakhnazarov.
« Justement puisque nous avons tous des segments de l'industrie cinématographique, nous gagnons. Si nous perdons dans un segment, nous compensons les pertes grâce à l'autre. Autrefois, le laboratoire du traitement de la pellicule était la source principale des revenus, mais maintenant, la situation a changé. Par contre, il y a une collection de costumes. Par exemple, sur la plupart des studios étrangers, il n'y a pas, en général, de collections de costumes, mais nous l’avons gardée. Nous avons des excursions, un musée d'abord, cela semblait exotique mais maintenant, il rapporte bien, nous avons plus de 100 000 visiteurs par an. C'est-à-dire, tout fonctionne chez nous, apporte des recettes ».
Dans les studios de Mosfilm, on tourne plus de 100 films par an, le bénéfice annuel est de l'ordre de 300 millions de roubles, et le consortium ne demande pas un seul Kopeck à l'État.
Selon l'avis de Chakhnazarov, la numérisation n’est pas le seul problème de l'industrie cinématographique russe. Le réalisateur est assuré que le système introduit il y a trois ans du financement du cinéma, sous-entendant deux centres financiers, le ministère de la culture et le Fonds Fédéral du soutien de la cinématographie, n'est pas justifié.
Il doit y avoir un centre commun, affirme Chakhnazarov, qui s'occuperait de tous les problèmes du cinéma. Et le deuxième point, très important, à mon avis, le soutien doit être accordé à un projet concret, indépendamment du fait, de quel studio il s’agit, grand ou petit.
Chakhnazarov pense qu’il ne faut pas créer une compagnie d'État pour la production des films, cela n’apportera rien de bon. Il faut annoncer l'appel d'offres pour deux ans, dit-il.
Celui qui gagnera l'appel d’offres, aura la jouissance des droits, affirme le célèbre réalisateur russe. /L