Décidément en France, la Russie n’est montrée que sous les plus basses images, brocardée, injuriée mais surtout méconnue. L’ancien Premier ministre invoquait le fait que le président français et son gouvernement « assuraient un service minimum en Syrie ». Allant plus loin, François Fillon informait que la clef de la chute du régime de Bachar al-Assad se trouvait en Russie et que Monsieur Hollande devrait se dépêcher d’aller secouer le prunier du président Poutine… Mais de quoi franchement la Russie devrait-elle avoir peur de la part de la France, et à fortiori des événements en Syrie ? La France est-elle si intimidante que cela lorsqu’elle montre ses dents… ou plutôt son dentier ?
Rappelons que la dernière fois où les troupes françaises avec l’aide des Britanniques avaient voulu faire peur et montrer des dents, cela se passait en 1956 en Egypte pour défendre les « intérêts » français du Canal de Suez soudainement nationalisé par Nasser… Certes nos parachutistes comme au temps glorieux des vieilles moustaches de Bonaparte avaient mis en déroute les quelques troupes égyptiennes mais l’Ours russe n’avait pas tardé avec l’Oncle Sam à faire rentrer tout ce monde dans leurs casernes. Alors ? Vraiment le président Hollande aurait le pouvoir, avec l’aide de l’Allemagne de taper du poing sur la table pour mettre au pas la Russie et Monsieur Poutine ?
Je crains fort que les leviers qu’évoque Monsieur Fillon ne soient complètement imaginaires, car en cette année du bicentenaire de 1812, n’oublions pas que même le puissant Napoléon avec une des meilleures armées du Monde n’avait point réussi à faire réellement peur à l’Ours russe… tout juste à lui couper quelques griffes avant de se retrouver dans les eaux de la Bérézina, avec une horde de Cosaques sur les talons ! Mais probablement Monsieur Fillon joue-t-il ici dans la foulée de Monsieur Sarkozy, son rôle de politique de l’opposition. Dans ce cas nous apprécierons ensemble la fanfaronnade de l’ex Premier ministre tout en la trouvant réellement de mauvais goût.
La France s’intéresse malheureusement peu à la Russie contre ses intérêts vitaux, et ne s’exprime à son sujet que lorsqu’il s’agit de lui lancer quelque camouflets plus ou moins dérisoires sur la dictature de Poutine, ou d’autres leçons de choses qui en tant que Français de Moscou me font doucement rire. Fillon indiquait également que le président devait « parler à la Russie »… mais oui, qu’il parle ! Je ne pense pas que l’Ours russe en sera effrayé, mais je doute franchement de la capacité physique d’un François Hollande à faire la moindre impression menaçante sur un homme aussi bien trempé que Monsieur Poutine ! Décidément en France, les politiques ont du temps à perdre, pour se lancer quelques fléchettes de ce genre, dans l’indifférence générale.
Quant à la Russie, elle n’a « été dangereuse » que quand quelques conquérants ou voisins envieux sont venus loucher sur son territoire et ont tenté de l’asservir, comme ce fut le cas durant les temps troubles, des Polonais (à l’aube du XVIIème siècle), des Suédois, des Français, puis lors des sinistres temps de l’invasion allemande. Nous passerons sur l’épisode affreux du Camarade Staline, qui de toute façon était géorgien… l’âme russe est fière et si un Peuple ignore bien la peur, c’est bien le Peuple russe qui de tout temps su affronter les pires situations, accepter les pires sacrifices, pour rester libre, libre de ne pas bombarder un peuple, celui de Syrie. /L
