Le limogeage de deux hauts responsables de l'armée égyptienne ne mettra pas un terme à la dualité du pouvoir partagé entre les militaires et le président du pays, estime Elena Souponina, directrice des recherches sur l'Asie et le Proche-Orient à l'Institut russe d'études stratégiques.
Dimanche, le président égyptien Mohamed Morsi a signé un décret limogeant le maréchal Hussein Tantaoui, ministre de la Défense, qui avait de facto dirigé le pays après la chute de Hosni Moubarak, le chef d'état-major général de l'armée nationale Sami Anan ainsi que plusieurs autres hauts responsables militaires.
Selon l'experte, le président égyptien a écarté les militaires les plus influents, que certains analystes considéraient comme des candidats potentiels au poste de chef de l'Etat égyptien suite à l'éviction de Moubarak.
"Ce sont des représentants de l'ancienne garde qui appartenaient d'une manière ou d'une autre à l'ancien régime. Pour les nouvelles autorités, laisser ces personnes au pouvoir serait inacceptable, ce fait ne répondant pas aux exigences de la plupart des électeurs à l'esprit révolutionnaire. Mais, à mon avis, il est prématuré de parler d'une aggravation des tensions entre les militaires et les Frères musulmans", a indiqué Mme Souponina dans une interview à RIA Novosti.
Selon cette dernière, il existe une série d'ententes entre les islamistes au pouvoir en Egypte et l'armée, en vertu desquelles les militaires ayant soutenu la révolution ne seront pas poursuivis après leur démission et préserveront leur influence en obtenant des postes de conseillers.
"En Egypte, les islamistes seront obligés de poursuivre leur coopération avec les militaires. Leur limogeage ne signifie pas la perte de leur pouvoir ou de leur influence. Ils occuperont le poste de conseillers du président et l'aideront à maintenir l'ordre dans le pays", a conclu l'experte.