La situation est inquiétante dans tout le pays, et également à Damas, explique l'économiste Aref Dalila à La Voix de la Russie. Il est difficile, voire impossible de quitter le pays, car les routes sont coupées et le trafic aérien avec la Syrie s’arrête petit à petit. Récemment, la compagnie aérienne Aeroflot a annoncé qu’elle suspendait ses vols à destination de la Syrie. Le pays devient isolé du monde extérieur et n’a pas d’issue politique au conflit qui le déchire.
« L’Union Européenne, les Etats-Unis, la Turquie et certains pays arabes ont renforcé leurs sanctions contre la Syrie », explique Aref Dalila. « Et cela a déjà des conséquences sur la vie des Syriens. Le tourisme est inexistant, tout comme le commerce. Le système des transports est presque entièrement détruit. La communication avec le monde extérieur est de plus en plus restreinte. Le transit des marchandises n’est presque plus réalisé après la fermeture de la frontière de la Turquie avec la Syrie ».
Ce sont les civils qui souffrent le plus du conflit: nombreux sont ceux qui cherchent à fuir le pays, d'autres trouvent refuge dans des endroits plus sûrs à l’intérieur de la Syrie. Le nombre de personnes qui ont fui leurs habitations a déjà atteint deux millions de personnes, tandis que le nombre de réfugiés a dépassé 400 000 avec une population totale de 20 millions d’habitants.
Dalila a qualifié d’erreur l’utilisation de la force pour réprimer les protestations, car cela a compliqué la recherche des solutions au moyen des négociations. Ce processus a été compliqué à cause de la fragmentation de l’opposition.
« Le problème, c’est aussi le fait que l’opposition est fragmentée et ne représente plus une force unique et cohérente », indique l’économiste. « Cela a également compliqué la recherche d’une solution politique. Ni l'opposition, ni les autorités n’ont trouvé des personnes capables de trouver un compromis. Les deux parties ne sont pas arrivées à s’entendre et ont fait appel à la force, ayant décidé de se battre jusqu’au bout. La situation pourrait évoluer selon l’un des deux scénarios inquiétants : soit la poursuite de la guerre civile, soit une possibilité d'agression étrangère. Plus la confrontation va perdurer, plus les deux scénarios sont réels. Jusqu’au dernier moment, nous avons proposé d’organiser une conférence nationale de réconciliation. C'est la seule chance de parvenir à un accord. Et nous le proposons actuellement, mais on ne nous entend pas ».
Il y a deux jours, les Etats-Unis ont annoncé leur intention de donner 15 millions de dollars à l’opposition syrienne. Cette somme a été citée par la porte-parole du Département d'Etat américain Victoria Nuland, qui a ajouté que le montant pourrait être augmenté si nécessaire. Selon la porte-parole, cet argent sera utilisé pour fournir aux rebelles des moyens de communication, des médicaments et tout le nécessaire, sauf les armes. Toutefois Nuland n’a pas précisé ce qui entre dans la liste.
Depuis plus de 18 mois, le conflit en Syrie a fait plus de 20 000 victimes. Il y a beaucoup de blessés parmi les civils. 200 000 personnes ont été arrêtés au cours de cette même période.
Le conflit a commencé par des manifestations d'opposition à la fin de janvier 2011. Les manifestants exigeaient le départ du président syrien Bachar al-Assad. Cette idée est fortement soutenue sur la scène internationale. Les Etats-Unis montrent un très fort soutien de cette position. Dans le même temps, Moscou défend fermement la politique de non-ingérence dans les affaires intérieures de Damas. /L