Anita Garibaldi : « C’est la Russie qui a inspiré mon arrière-grand-père à réunir l’Italie »

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Le ministère de la Culture d’Italie a autorisé les proches de Giuseppe Garibaldi, après des années d’attermoyements, d’exhumer ses cendres. Ces travaux ainsi que l’analyse génétique commenceront au mois de septembre prochain et seront confiés au comité national chargé de la préservation des sites historiques, culturels et de l’environnement dirigé par l’historien d’art de renom Silvano Vinceti.

Ces derniers 130 ans le corps du héros national italien qui a joué le rôle-clé dans l’unification du pays gît à l’île de Caprera, non loin de la Sardaigne. Selon de nombreux témoignages écrits c’est ici que Garibaldi a passé ses derniers jours. Et pourtant, les médias prétendent que les descendants du grand révolutionnaire ont des doutes quant à l’authenticité des cendres enterrés sur la décision des autorités de l’époque en dépit du testament du chef de « Risorgimento » qui voulait être incinéré après sa mort.

Anita Garibaldi, arrière-petite-fille du grand homme politique, a parlé des intentions officielles de la famille Garibaldi dans son interview exclusive accordée à La Voix de la Russie.

La Voix de la Russie : Mme Garibaldi, pourquoi ces doutes quant à l’authenticité des cendres de votre arrière-grand-père ? Est-ce que tous les membres de la famille les partagent ?

Anita Garibaldi : Je voudrais avant tout signaler que la nouvelle concernant l’exhumation du corps de mon arrière-grand-père a été fortement défigurée. De concert avec le comité national chargé de la préservation des sites historiques, culturels et de l’environnement nous avons annoncé à la dernière conférence de presse que le but principal de l’exhumation est la préservation du corps. Il y a 130 ans que mon arrière-grand-père est mort. Au moment de sa mort le corps a été très mal embaumé : trop vite, trop tard et à ce moment il faisait très chaud. Et les médias italiens ont tout défiguré en écrivant, par exemple, « La bataille des héritiers », en faisant allusion à un désaccord au sein de la famille. Mais nous voulons étudier les cendres pour les préserver aux générations futures, après 130 cette « ingérence » est nécessaire. De telles procédures ont été appliquées aux cendres des autres hommes politiques, pourquoi c’est exclu pour nous ? Oui, pas tous les membres de la famille sont d’accord avec l’exhumation, mais il y a toujours des gens qui ne sont pas d’accord avec l’opinion de la majorité. Il y a des gens qui exploitent un nom célèbre pour se faire une pub. Et pourtant, de concert avec le comité nous sommes prêts à avancer, étant soutenus par les hommes politiques de tendances politiques différentes.

LVdlR : Est-il vrai que Giuseppe Garibaldi a été enterré à l’île de Caprera contre sa volonté ? Quel était son testament ?

Anita Garibaldi : Garibaldi voulait être incinéré comme le poète anglais Shelley. Il voulait que son corps soit brûlé au feu de bois aromatisé que l’on trouve en Sardaigne, et que sa face soit tourné vers le soleil. Mon ancêtre a choisi ce procédé symbolique, car il voulait que chaque Italien puisse prendre un peu de cendre pour le dispercer à travers toute l’Italie. Il voulait que ses cendres donnent naissance aux nouvelles plantes tout comme à une Italie nouvelle. Avant sa mort Garibaldi disait : « Ce n’est pas l’Italie pour laquelle je luttais ». Il était très déçu par les résultats du mouvement « Risorgimento » dont il était chef de file et il voulait que les Italiens, inspirés par ses idées sur l’Etat italien refassent leur pays. Italiens, Russes, Britanniques, Sud-américains, Polonais luttaient avec lui se trouvant sous l’impact fort de sa personnalité.

Mais son corps a été inhumé, c’était la décision du gouvernement italien qui a ignoré l’opinion de la famille ainsi que le testament de Garibaldi dont nous possédons la copie. Lui-même a envoyé les lettres à ses connaisances, y compris les autorités en demandant d’incinérer son corps. En outre, ses cendres devaient se trouver en Sardaigne provisoirement. A l’époque, le gouvernement italien voulait l’enterrer ou bien au Panthéon, pour des raisons historiques, ou bien à Monte Capitolino où se trouve l’administration de Rome que Garibaldi a peronnellement choisi comme capitale d’Italie. Mais rien n’a été fait.

LVdlR : Pourquoi, selon vous, l’autorisation d’exhumer n’a pas été obtenue l’année dernière quand l’Italie célèbrait le 150ème anniversaire de sa réunification ?

Anita Garibaldi : Le processus a commencé il y a un an, mais nous avons subi une pression forte de la part des autorités qui voulaient prouver que notre intention étaut de faire de la pub. Donc, pour éviter ces accusations nous avons choisi un moment plus propice, le 130ème anniversaire de la date de sa mort.

LVdlR : Et qu’allez-vous faire avec la dépouille de votre ancêtre si l’ADN confirme que c’est vraiment lui ?

Anita Garibaldi : Les cendres seront traîtés chimiquement et physiquement pour les préserver pour le futur. Et dans ce cas-là, il me paraît judicieux de demander l’opinion de tous les peuples qui connaissent mon ancêtre, car c’était une personne d’envergure internationale. Par exemple, ses liens avec la Russie étaient bien solides. Nous devons tous nous demander : faut-il respecter le testament de Garibaldi ou bien son corps doit être mis dans un sarcofage. Si le référendum se tient en Italie, je pense que les gens seront d’accord avec l’incinération. Pour moi, il est très important de savoir cette opinion, car mon ancêtre n’appartient pas qu’aux Italiens, mais au monde entier, il était un héros mondialement reconnu.

LVdlR : Et qu’est-ce qui liait Giuseppe Garibaldi avec la Russie ?

Anita Garibaldi : C’est en Russie que Garibaldi a déclaré pour la première fois qu’il allait consacrer sa vie à la réunification d’Italie. Et étant marin à bord d’un bateau marchand, en traversant la mer Noire d’Odessa à Taganrog, il venait acheter en Russie du blé de haute qualité pour le transporter à Gênes, sa patrie où on en fabriquait les spaguettis. Le célèbre plat italien se faisait à base de blé russe ! Ces faits ne sont pas largement connus. J’ai été en Russie, des membres du gouvernement russe venaient me rencontrer. J’ai senti la chaleur des Russes, j’étais pour eux l'une des leurs. Garibaldi adorait la musique et les ballets russes, et nous avons hérité de cet amour. J’ai une très riche collection de livres classiques russes, y compris très anciens. Pour nous, la littérature russe est une source pleine de vie. /L

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