Les différends territoriaux en mers d’Asie Orientale

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La région Asie-Pacifique est actuellement le leader mondial par le nombre de différends territoriaux. Parmi les participants à ces différends, on compte la Russie, la Chine, le Japon et la Corée du Sud. Le rôle des États-Unis, qui ont récemment rappelé haut et fort leur intérêt exclusif dans la région Asie-Pacifique, n’est pas négligeable, notamment en ce qui concerne leur implication dans ces conflits territoriaux.

Ces conflits concernent principalement les îles Kouriles du Sud et les îles coréennes Dokdo (Takeshima) revendiquées par le Japon, ainsi que les îles Senkaku (Diaoyu), dont la souveraineté japonaise est remise en question par la Chine. Le registre des différends comporte également une centaine de petites îles de l’archipel des îles Spratleys, qui sont reparties entre la Chine, le Vietnam, Taiwan, la Malaisie, les Philippines et Brunei.

Le Japon est prêt à utiliser ses forces navales pour défendre sa souveraineté sur les îles Senkaku. Cette information a été confirmée par le premier ministre du Japon Toshihiko Noda, lorsqu’il commentait au parlement l’épisode de l’entrée des bateaux de pêche chinois dans les eaux du fameux archipel. La Chine et Taïwan revendiquent leurs droits territoriaux sur ces îles. La RPC a déjà affirmé qu’elle a déployé ses troupes près de l'archipel des îles Spratleys en mer de Chine méridionale. Les différends territoriaux dans la région Asie-Pacifique passent manifestement dans une phase nouvelle, devenant un foyer potentiel de conflit armé.

Tous ces territoires ont un point en commun : l’accord de paix de San Francisco de 1951, dont le texte avait été préparé par les Etats-Unis avec l’aide du Royaume-Uni. L’accord a privé le Japon, à qui appartenaient toutes ces îles, de tous ses droits sur ces territoires qui ont été occupés pendant la Seconde Guerre mondiale. Le territoire du Japon a été limitée par quatre grandes îles. Mais il n’est pas précisé dans la législation internationale à qui appartiennent les autres îles.

En même temps, ce problème territorial devient de plus en plus aigu avec les années. Dans la région des îles Spratleys et Senkaku des gisements d’hydrocarbures ont été trouvés. Par ailleurs, une zone économique exclusive, qui s'étend dans un rayon de moins de 200 miles des territoires, est importante pour la pêche, en particulier dans la zone des îles Kouriles du Sud.

Mais il y a aussi un aspect géostratégique. Dans les années 1990, la Russie soulignait que des voies de navigation vers l’océan Pacifique, nécessaires pour la Flotte du Pacifique, se trouvent au niveau des îles Kouriles du Sud. Et dans la zone des îles Spratleys se trouvent les grandes routes maritimes reliant le Japon et la Chine à l'Europe et aux pays producteurs du pétrole du Moyen-Orient.

La question de prestige et de principe est également importante pour les pays qui revendiquent leur droit sur les îles. La Russie s'oppose fermement à la révision des accords de la Seconde Guerre mondiale, y compris dans le Pacifique. Pour le peuple coréen, l'île de Dokdo est un symbole de la victoire sur le colonialisme japonais. La Chine défend son intégrité territoriale, touchée pendant un demi-siècle par la confrontation avec le Japon, la Grande-Bretagne, le Portugal et d'autres empires coloniaux. Dans son conflit avec la Russie, le Japon utilise « les principes de légalité et de justice », enregistré dans la Déclaration russo-japonaise de 1993. Même si les précédents dans l'histoire mondiale de leur utilisation sont très peu nombreux. La pratique montre cependant que le calcul politique joue souvent le rôle le plus important dans les différends territoriaux.

Au milieu des années 1950, le chef d’Etat soviétique Nikita Khrouchtchev avait supposé imprudemment qu’il pourrait détruire l’alliance américano-nipponne en donnant au Japon deux îles sur les quatre. Mais le secrétaire d’Etat américain de l’époque John Dulles a publiquement menacé Tokyo, expliquant qu'en cas de refus des revendications territoriales, les Etats-Unis ne rendront pas au Japon Okinawa, qui était sous le contrôle des Etats-Unis. Cette menace fonctionne toujours. Tokyo exige toujours l'ensemble des quatre îles.

Dans les années 1970, lorsque la Chine a normalisé ses relations avec le Japon, le conflit autour des îles Senkaku est remonté à nouveau à la surface. Selon certaines sources, Deng Xiaoping a alors proposé une formule qui aurait arrangé les deux parties : reporter ce différend territorial au jugement des générations futures. Toutefois, la situation évolue. Si dans les années 1970, les pays occidentaux avaient besoin de la Chine pour l’utiliser comme un contrepoids à l’Union soviétique, actuellement, l'Empire du Milieu doit lui-même équilibrer ses forces. Dans ce contexte, le soutien des Philippines et du Vietnam par les Etats-Unis dans les différends avec la Chine sur les îles Spratleys est tout à fait logique. Il en est de même pour le Japon en ce qui concerne l’archipel Senkaku.

D'un autre côté, la Russie et la Chine ont publié en 2009 une déclaration conjointe avec l’appel de ne pas réviser les résultats des accords de la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit avant tout de conflits territoriaux.

Après que l'administration d’Obama ait rendu publique en janvier de cette année sa stratégie dans le Pacifique, la situation dans cette zone a commencé à se réchauffer. Au début de juin, Hillary Clinton a rencontré le ministre des Affaires étrangères Yang Jiechi. Cela témoigne du fait que Washington continue à manoeuvrer entre la Chine, le Japon et les pays de l’ASEAN. Les Etats-Unis essaient de se montrer en défenseur des pays asiatiques devant la menace chinoise, sans pour autant gâcher leurs relations avec Pékin.

C’est une position difficile à maintenir. Selon le quotidien australien Sidney Morning Herald, qui se réfère à Daniel Russel, le responsable de l'Asie au Conseil national de sécurité des Etats-Unis, les deux derniers mois de confrontation en mer entre la Chine et les Philippines ont augmenté le risque de guerre accidentelle dans la mer de Chine méridionale. /L

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