Que de commun entre votre portable et la guerre dans l’Est du Congo ?

Que de commun entre votre portable et la guerre dans l’Est du Congo ?
Que de commun entre votre portable et la guerre dans l’Est du Congo ? - Sputnik Afrique
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Des dizaines de millions de personnes qui utilisent chaque heure voire chaque minute leurs portable ne voient sans doute aucun lien entre cet appareil et la guerre dans l’Est de la République démocratique du Congo, au centre du continent africain.

Des dizaines de millions de personnes qui utilisent chaque heure voire chaque minute leurs portable ne voient sans doute aucun lien entre cet appareil et la guerre dans l’Est de la République démocratique du Congo, au centre du continent africain. Cependant, le réalisateur danois Frank Poulsen a tourné le documentaire « Du sang dans des téléphones mobiles ». Le film a été projeté ces derniers jours à la chaîne de télévision russe « Planète des hommes ». J’ai été profondément impressionné, écrit Alexei Grigoriev. Je suis journaliste, j’éprouve des sympathies sincères pour l’Afrique et je sais ce que raconte d’une manière persuasive Frank Poulsen. Certes, la plupart des détenteurs des téléphones mobiles n’ont la moindre idée : dans quelles conditions inhumaines est extrait le minerai coltan qui est à l’origine du tantale, élément clé dans la production des condensateurs employés dans plusieurs dispositifs électroniques, notamment dans les téléphones mobiles. Il convient d’évoquer les péripéties liées à l’extraction du coltan, son transfert du Centre de l’Afrique, les crimes contre l’humanité, la cupidité des fonctionnaires corrompus. Une authentique guerre se déroule autour du coltan et les grandes corporations fournissant les portables ne l’ignorent sans doute pas. Frank Poulsen a conclu à l’issue des entretiens avec les top managers des compagnies dans les offices somptueux des gratte-ciel en verre, avec les Africains qui extraient le minerai précieux qu’en achetant un portable, chacun d’entre nous finance la guerre au Congo lointain. Le consommateur ne le sait pas à la différence des corporations qui prennent parfaitement conscience de ce qu’elles font.

Il est notoire qu’il existe des « diamants sanglants ». Des dizaines de milliers de carats extraits dans les cheminées volcaniques au Liberia et en Sierra Leone étaient vendus illégalement au marché mondial. La majorité absolue de ces bénéfices criminels étaient dépensés pour financer la lutte des groupes antigouvernementaux dans ces pays. Ce n’est qu’en mai 2000 qu’une organisation internationale « Procès Kimberley» fondée à Kimberley déclare la guerre aux « diamants sanglants ». 42 pays fournisseurs et consommateurs de diamants bruts pour la production de brillants ont rejoint ce mouvement. Une maquette de certificat d’un haut degré de protection contre la falsification pour chaque grand diamant ou un lot de petits diamants livrés au marché mondial a été soumise à l’examen des délégués à la conférence internationale du Procès Kimberley à Moscou. Le certificat précise l’origine des pierres, il est interdit de les acheter sans certificat. Les diamants pour 25-125 millions de dollars ont été mis tous les ans hors de circulation ne fut-ce qu’en Sierra Leone. La République démocratique du Congo a déclaré sa participation au Procès Kimberley.

Il serait prématuré de constater que l’extraction illégale de diamants et leur vente au Congo a cessé vu une haute liquidité du produit. Néanmoins, le coltan le remplace efficacement au marché noir. 80% des gisements de coltan découverts dans le monde se trouvent au Congo. Sans compter un tiers des réserves mondiales de diamants, près de la moitié des réserves de cobalt, un quart des réserves d’uranium, d’importants gisements de cuivre, d’or et d’argent. L’extraction, le transit et la vente du coltan sont aujourd’hui tout particulièrement avantageux. Les consommateurs de coltan, estime Frank Poulsen, savent parfaitement comment il est extrait et combien de personnes tirent des bénéfices du travail inhumain des mineurs congolais. Selon Frank Poulsen, le mineur doit payer un tribut aux soldats qui surveillent la mine pour entrer et sortir.

Selon Frank Poulsen, après la distribution de l’argent parmi tous ceux qui autorisent le projet, il ne reste que très peu pour ceux qui travaillent dans les mines, parfois à 100 mètres de profondeur sans aérage. Les contrôleurs gouvernementaux, les bandes de criminels, les soldats de l’armée gouvernementale trompent les extracteurs et exigent un tribut. Les indociles sont fusillés sans forme de procès. Le coltan, c’est du sang, affirment Frank Poulsen mais les gens affluent pour gagner de l’argent faute d’un autre emploi.

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