Les « chefs-d'oeuvre de l'UNESCO » - c’est le nom court d’une liste impressionnante de chefs-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité. Cette liste est analogue à la Liste du patrimoine mondial culturel et naturel de l’UNESCO, qui compte plus de 230 objets de près de 90 pays. Cette liste comprend notamment des coutumes et des traditions professionnelles, des éléments de folklore, des instruments musicaux anciens, des groupes ethniques rares et même certaines recettes de cuisine. La Russie occupe deux positions dans cette liste, et l’une d’elle est représentée par la république de Yakoutie. Il s’agit de l’épopée iakoute - olokhno. Olonkho, c’est un peu comme «l'Odyssée» d'Homère. Il s'agit des récits héroïques, dans lesquels les chevaliers courageux se battent contre des créatures monstrueuses, sauvant les gens des forces du mal.
« Le sujet amusant qui se trouve à la base de ces récits, ce n’est pas la seule chose pour laquelle les contes okhno sont originaux», souligne la directrice du Musée National d'Art de Yakoutie Assia Gabycheva. « Il s'agit d'une source de sagesse populaire, d'esthétique et des conceptions de notre monde. Toutes les épopées mondiales sont basées sur la victoire du bien sur le mal. Cela est dit directement, mais il y a tellement de nuances et de personnages, que ces récits nous plongent dans une ambiance fantastique ».
Des « Chefs d’œuvre de UNESCO » de 13 pays ont été présentés au festival de Yakoutsk qui se déroule du 10 au 16 juillet. Le public peut y voir des représentations du théâtre japonais traditionnel « Nô », des pièces des troupes théâtrales de l’Inde et de la Malaisie, des représentations de marionnettes classiques de l'Indonésie, de la Corée du Sud et de l’Italie, ainsi que l’opéra chinois, et les danses masquées du Royaume du Bhoutan. On peut entendre ici les gongs vietnamiens, les chants de Mongolie et des Philippines, voir les conteurs kirghizes et les représentations des musiciens de Bangladesh. Tous ces arts folkloriques sont reconnus comme patrimoine immatériel de l'humanité, qui doit être préservé.
Olonkho – ce n'est pas le seul art folklorique iakoute que les organisateurs du festival vont présenter au public. La sculpture sur os fait également partie du programme : le public pourra voir des figurines d’hommes et d’animaux réalisées avec une grande élégance à partir des défenses de mammouth. Les mammouths, des animaux fossiles qui relèvent de l’exotisme pour la plupart des habitants de la Terre, sont un matériau traditionnel pour les artisans iakoutes et font partie de l’art populaire. Ils l’utilisent pour fabriquer des articles ménagers, des jouets et des bijoux. La Yakoutie se trouve dans une zone de pergélisol, où les restes de mammouths se sont très bien conservés.
« Il s'agit d'un art traditionnel, basé sur le folklore national, et sur lequel a été construit à l'origine l'art iakoute », raconte Olga Kondratieva spécialiste du musée d’ethnographie de Russie, en visite à l’exposition. « En même temps, cet art reflète l'activité économique des Yakoutes, c’est pourquoi cet art est très utilitaire, ce qui lui donne aussi un charme particulier et une signification particulière ».
Le festival « La rencontre des chefs-d'œuvre de l'UNESCO » possède un public très varié. Il fait d’ailleurs partie du programme culturel des Cinquièmes jeux internationaux « Enfants d’Asie », qui se déroulent actuellement en Yakoutie. Et les enfants iakoutes sont vraiment comparables par leur force et leur rapidité aux héros des récits olokhno, car leur équipe maintient pour l’instant leur place de leader.
