L’exposition « Ne prosto moukha » (Une mouche pas très ordinaire) au musée Darwin de Moscou montre la mouche sous des aspects les plus inattendus. Un proverbe russe dit « Faire d’une mouche un éléphant », ce qui signifie « Faire une montagne d’une taupinière ». C’est exactement ce qu’on peut se dire en regardant une mouche agrandie de 50 fois dans la salle « Examen approfondi » de l’exposition. Cet exposant permet aux visiteurs de se rendre compte à quel point la mouche – c’est un mécanisme biologique unique avec des systèmes vitaux extraordinaires. Les ingénieurs modernes ne peuvent que rêver de mettre en pratique ce type de systèmes.
Rien que la capacité de la mouche à voler suscite l’étonnement. L’insecte s’envole par l’arrière et monte en hauteur en verticale. A la différence de l’avion, la mouche est capable de voler à une vitesse beaucoup plus rapide en montant tout de suite à 4 kms d’altitude, rester dans un point fixe dans l’air et faire de véritables cascades aériennes. Et ce n'est pas tout ce dont une mouche est capable ! Rien d’étonnant donc qu’en Egypte ancienne les mouches étaient vénérées et considérées comme des symboles de courage et de bravoure. Tous les soldats qui se distinguaient dans des batailles, recevaient des médailles en forme de mouche.
Les visiteurs de l’exposition « Une mouche pas très ordinaire » sont passionnés par la vitrine « Sherlock Holmes », explique Natalia Mikhaïlova, l’organisatrice de l’exposition et chargée du Département des programmes éducatifs au musée de Darwin dans une interview à La Voix de la Russie.
« Depuis le 13ème siècle, les mouches étaient utilisées dans la criminologie. A cette époque là, il n’y avait pas de technologies de laboratoire qui permettaient d’estimer les différentes données. Et les criminologues utilisaient les connaissances sur les mouches pour déterminer le temps de la mort. C’est pourquoi « Sherlock Holms » et deux boîtes uniques qui font partie de la collection de notre musée sont présentées ici. Portant l’appellation « la Faune des cadavres », ces deux boîtes montrent quelles mouches habitent sur le cadavre lors des différentes phases de sa décomposition ».
On peut voir différentes mouches à l’exposition : des grandes, des petites, celles dont les larves vivent dans l’eau salée ou sur une plaque de pétrole. L’exposition rappelle la méthode de soin des blessures avec des larves de mouches (thérapie de larve), devenue répandue pendant la Première Guerre mondiale. Le principe de ce traitement est simple : les larves se nourrissent des tissus décomposés, nettoyant ainsi la plaie. La musique créée par les différents types de mouches suscite également un intérêt particulier auprès des visiteurs, poursuit Natalia Mikhaïlova.
« Un personnage particulier – une mouche de chambre, a été dessinée par le peintre Valeri Podolny, le concepteur de l’exposition. Cette mouche, « discute » avec les visiteurs - les textes de l'exposition sont écrits à la première personne de singulier. La mouche raconte son histoire et entre en dialogue avec les visiteurs. Par ailleurs, les enfants, peuvent faire des cartes avec le portrait de cette même mouche qui sirote des cocktails en lisant un livre. Un souvenir drôle qu’ils pourront emporter avec eux ».
Pour la plupart des gens, les mouches sont des vecteurs de bactéries. Et pour cause : 28 millions de bactéries peuvent se trouver dans son système digestif et jusqu'à 6,5 millions sur son corps. Mais en vivant parmi les débris et les ordures, les mouches traitent d’énormes quantités de déchets, agissant ainsi en « infirmières » pour la nature. Quant à leur multiplication rapide, cela est lié à l’activité des hommes : il faut une grande quantité d’ordures en décomposition pour que les mouches puissent se reproduire. Les hommes feraient donc mieux de maintenir la propreté autour d’eux et continuer à étudier les mouches, suggèrent les organisateurs de l’exposition. /L