Il s'agit des premières œuvres, créées par Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit Le Caravage, durant la période de 1584 à 1588, lorsqu’il étudiait à l’atelier de Simone Peterzano. Le Fonds Peterzano, qui se trouve dans le château milanais Sforza, renferme plus de 1 400 peintures et dessins, et jusqu'à récemment, les spécialistes estimaient que toutes ces œuvres étaient créées par Caravage.
En analysant les tableaux, les spécialistes ont trouvé des similitudes stylistiques de certaines œuvres avec le style du peintre italien du 16ème siècle. Cela leur a permis de conclure que 83 dessins ont été faits par l’un des artistes les plus talentueux de l'époque baroque. Si l'authenticité des dessins trouvés est confirmée par la communauté internationale d'experts, leur coût pourrait atteindre environ 700 millions d'euros. Cette évaluation est assez conventionnelle, car les oeuvres du Caravage ne se rencontrent presque jamais sur le marché de l’art, et il n’y a pas de base de comparaison au niveau des prix.
« L'histoire est vraiment incroyable », a déclaré dans une interview à La Voix de la Russie l’experte du marché d’antiquités, historienne de l'art Irina Osipova.« L'héritage de Caravage n’est pas très grand, ses tableaux sont dispersés dans des musées du monde entier. Rares sont ceux qui possèdent plus d’un tableau de lui. Si les spécialistes confirment que ces tableaux appartiennent bien au peintre italien, les collections des musées du château de Sforza seront considérablement enrichies. On peut se souvenir d’une autre découverte récente – le tableau Salvator Mundi de Léonard de Vinci. Avant qu’elle ne soit incluse dans l'exposition de la National Gallery de Londres l'an dernier, un comité d’experts spécialisés dans l’art de Léonardo de Vinci a reconnu presqu’à l’unanimité (sauf un spécialiste qui avait des doutes) le fait qu’il est bien l’auteur du tableau. Mais le contraire peut également arriver. Si les spécialistes avaient dit qu’un ou deux tableaux sont des œuvres de Caravage, cela aurait été crédible. Mais là, le nombre de tableaux et la conclusion des experts semblent relever du domaine du fantastique ».
« Les miracles, peuvent évidemment se produire »,estime l’antiquaire moscovite Alexeï Zaitsev. « Mais il ne faut pas oublier que, souvent, les dessins des élèves ne ressemblent pas du tout au style du maître qui a atteint la maturité. Je pense que les experts ont encore beaucoup de travail devant eux, qu’il s’agisse des spécialistes italiens ou étrangers. Peut-être qu’ils arriveront à un consensus. En tous cas, je n’ai pas envie de me refuser de croire à ce miracle. Il faut souligner que c’est un bon moment pour une telle découverte : l’Italie est en train de vivre une crise économique difficile, et les tableaux de Caravage pourront soutenir le pays et renforcer les sentiments nationaux ». /L
