La Culture et les Arts 03.07.2012

© Photo: http://www.muzcentrum.ruLa Culture et les Arts 03.07.2012
La Culture et les Arts 03.07.2012 - Sputnik Afrique
S'abonner
Au sommaire: - Le pont entre deux civilisations nommé Pouchkine - Cléopâtre russe sur les Champs-Elis

Au sommaire:

- Le pont entre deux civilisations nommé Pouchkine

- Cléopâtre russe sur les Champs-Elisées


Le pont entre deux civilisations nommé Pouchkine

Pouchkine en russe et en arabe – cet ouvrage en deux volumes qui vient d’êre présenté à Moscou traite d’Alexandre Pouckine, le grand poète national russe. C’est un recueil d’articles qui regroupe les exposés faits au séminaire organisé par la Maison libano-russe à Beyrouth, a deux titres. « Pouchkine dans sa vocation divine et matérielle » pour la version russe du livre et « Pouchkine comme père spirituel de la poésie russe » pour la version arabe.

Le monde arabe vit des changements fulgurants depuis 2010, quand le séminaire pouchkinien a eu lieu dans la Maison libano-russe et ces mutations se sont poursuivies durant deux années suivantes, pendant que le livre sur Pouchkine était édité en russe, arabe, anglais et français. Le monde arabe est aujourd’hui en pleine effervescence, - constate Soukeil Farah, président de la Mason libano-russe à Beyrouth, organisateur et participant du séminaire pouchkinien et initiateur de l’édition.

« La civilisation contemporaine vit une crise profonde liée à la perte des valeurs culturelles, de l’esprit de création et de l’identité nationale qui sont autant de traits personnifiés par Alexandre Pouchkine, ce génie de la poésie russe et de la culture mondiale. Nous ne faisons pas la découverte de l’Amérique puisque Pouchkine est connu de tous. Nous avons tout simplement tenu à lui témoigner notre amour et notre respect. C’était un grand homme qui a su faire la sythèse des cultures occidentale et orientale. Sa personnalité a une valeur globale et je dirais même universelle ».

Les connotations orientales de l’oeuvre de Pouchkine sont particulièrement précieuse pour le monde arabe. On les rencontre souvent dans ses poséies lyriques précoces, ses poèmes « La fontaine de Bakhtchisarï », « Le prisonnier du Caucase », « Rouslan et Lioudmila » et, bien entendu, dans ses « Imitation du Coran ». On sait d’ailleurs que Pouchkine étudiait attentivement la version russe du Coran. Si les Orientaux éprouvent pour Pouchkine une confiance particulière, c’est également parce que son lointain ancêtre était un ressortissant d’Éthiopie. Pouchine en avait parlé lui-même dans sa nouvelle « Le nègre de Pierre le Grand », l’oeuvre qui fut une des premières à être traduite en arabe. « Les figures à cheval sur l’Orient et l’Occident sont d’une grande actualité aujourd’hui, ce qui explique le caractère actuel du livre sur Pouchkine » - estime Veniamin Popov, ancien ambassadeur russe en Libye et actuellement directeur du centre du partenariat des civilisations à l’Institut des relations internationles à Moscou.

« Nous vivons actuellement le temps des grands changements et une étape transitoire de tous les points de vue. Les conflits religieux, confessionnels et nationaux sont devenus une très grave menace. Nous voyons ce qui se passe actuellement en Syrie. Plusieurs républicains ont récemment déclaré en Égypre que la victoire remportée par Morsi à la présidentielle était le début d’un retour au moyen âge et qu’on ne savait plus ce que deviendrait le monde arabe. La rupture civilisationnelle dont la preuve est apportée par l’Europe et l’Amérique est en train de devenir un problème très grave: les minorités musulmanes refusent de s’assimiler, on assiste à un essor de l’islam politique et j’en passe. Il y a eu deux grands projets : l’idée iranienne de « dialogue des civilisations» et celle de leur « alliance » préconisée par l’Espagne et la Turquie. Mais toutes les deux sont en train de déraper. Dans ces conditions, la Russie avec son fabuleux héritage culturel et Pouchkine qui avait compris mieux que les autres le sens du Coran, peuvent jouer un rôle éminent. La Russie doit devenir lepont reliant deux civilisations, c’est une idée d’importance cardinale. En parler ne suffit pas mais les livres comme celui sur Pouchkine produisent leur effet. C’est un pas réel vers le partenariat des civilisations ».

L’édition de la version arabe du livre sur le poète russe national vient à point nommé. Comme l’a rapplé l’ex-ambassadeur russe au Liban et dans d’autres pays du Proche-Orient Oleg Peresypkine, de nombreux émigrés russes se sont installés au Liban au début du XXème siècle ou, plus exactement, après la révolution de 1917 : « Les Russes y constituaient les culées d’un pont sinon civilisationnel au moins culturel reliant la Russie au Levant ».

« Les relations culturelles avec le Liban ont une très longue histoire, - poursuit Oleg Peresypkine. Le Liban était un des centres de l’émigration russe, c’est là que se trouve « la filiale » de la Maison de Léon Tolstoï et c’est là également qu’ont vécu beacoup de Russes célèbres. Les immigrés russes ont apporté une grande contribution notamment à la rédaction de la carte du pays et à l’organisation du trafic routier. D’ailleurs, ils vivent toujours au Liban, ces descendants des premiers immigrés et citoyens de la République du Liban aux noms russes, comme Xénia et Boris Novikov, Alexandre Iordanov et beaucoup d’autres ».

Le séminaire piouchkinien et le livre sur Pouchkine font partie d’un grand travail d’éducation meneé par la Maison libano-russe à Beyrouth. Elle se propose d’organiser prochainement une série de nouveaux séminaires pour éditer ensuite des livres consacrés aux grandes personnalités de la culture russe du XXème siècle. A leur nombre figurent des scientifiques connus aussi comme personnalités publiques. Ce sont le biologiste Vladimir Vernadski et le philologue et critique d’art Dmitri Likhatchev. On peut espérer que les culées du pont civilsationnel symbolique n’en deviendront que plus solides.


Cléopâtre russe sur les Champs-Elisées

« Les saisons russes » se sont ouvertes le 28 juin à Paris avec la tounée des « ballets du Kremlin » sur la scèene du « Théâtre des Champs-Elysées ». Ce lieu de rendez-vous du public français avec le ballet russe est tout ce qu’il y a de plus historique. En effet, le Théâtre des Champs-Elysées et le ballet russe ont des liens très solides. Mieux encore, c’est grâce aux artistes russes que cette scène a acquis sa vaste renommée dont elle bénéficie depuis cent ans. En 1913, il y a eu la première aux relents de scandale du spectacle de ballet d’Igor Stravinski « Le sacre du printemps » que les historiens de la culture décrivent comme un événement emblématique pour l’ensemble de l’art européen du XXème siècle. Le Théâtre des Champs-Elysées devait sa renommée retentissante au grand imprésario russe Serge de Diaghilev, le créateur de l’entreprise des « Saisons russes ». Son flambeau est aujourd’hui repris par le danseur et chorégraphe russe Andris Liepa, auteur du projet : « Saisons russes. XXIème siècle ». Les nouvelles « Saisons russes », c’est le retour sur la scène des spectacles de ballet de la troupe de Diaghilev. Reconstitués ou recrées à nouveau, ils sont donnés depuis quatre ans au Théâtre des Champs-Elysées et jouissent d’un succès énorme, bien que, comme le dis Andris Liepa, «on peut difficilement les comparer à ce qu’ils avait été au début du XXème siècle ».

« Je vous jure qu’il est pratiquement impossible de faire la réédition des « Saisons russes »! – s’exclame Andris. Mais nous pouvons en revanche faire sentir l’ambiance de l’époque. En ma qualité d’idéologue du projet des « Saisons russes. XXIème siècle » je cherche surtout à donner à ces spectacles une apparence de modernité sans essayer de les reconstituer à l’identifique. Bien des choses ont été perdues mais nous avons préservé ce qui se laissait préserver ».

La première du ballet « Cléopâtre –Ida Rubinstein » est un vrai clou de la quatrième « Saison russe » à Paris. Il s’agit précisément du spectacle de ballet non préservé des « Saisons russes ». Nous avons réellement tenu à le tirer du néant parce c’était le début chez Diaghilev de la fabuleuse danseuse russe Ida Rubinstein dans le rôle de la voluptueuse Cléopçatre, la dernièere reine de l’Égypte antique. Ida Rubinstein est devenue la première danseuse de ballet à séduire le public par son jeu expressif et quasiment dramatique et a fait en plus preuve d’une grande audace dans le choix des constumes et du maquillage qui couvrait tout son corps. Alexandre Benoit, le décorateur des « Saisons russes » se souvenait qu’on voyait sur la scène « non pas une danseuse mignonne en tenue provocante mais l’avide et cruelle Cléopâtre, la déesse de l’amour et du pouvoir. En parlant de l’histoire de ce spectacle, Andris Liepa rappelle que c’était initialement le ballet « Les nuis égyptiennes » du théâtre Mariinski de Pétersbourg récupré ensuite par Diaghilev et paré d’Ida Rubonstein et de la grande Anna Pavlova.

Quand Diaghilev avait amené son spectacle à Paris avec les décors fantastiques de Lev Bakst, il l’appelé « Cléopâtre » avec Ida Rubinstein dans le rôle principal. Ce que le public a vu la première fois, ce n’était pas une ballerine mais une danseuse. Il en parlait le plus nonobstant le fait qu’Anna Pavova dansait également dans ce spectacle. De toute façon, les spectateurs étaient surtout séduits par la pantomine que personnifait Ida Rubinstein. C’est un spectacle absolument fantastique et nous avons voulu en faire un remake. -Son auteur est Patrick de Banat, chorégraphe de l'Opéra de Vienne. Le public français verra la danseuse-étoile du Bolchoï Ilse Liepa simultanément dans le rôle de Cléopâtre et d’Ida Rubinstein. Les autres danseurs font partie de la troupe du théâtre « Ballet du Kremlin » qui reconstitue et préserve les chefs-d’oeuvre de chorégraphie du Siècle d’argent russe sous l’autorité d’Andris Liepa.

 

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала