Cette année, il est prévu de lancer la première ligne d'un centre de réparation pour les hélicoptères russes qui sont immatriculés au Venezuela. Mais la holding publique russe Rostechnologii prévoit d’augmenter sa capacité de production pour que le centre puisse garantir le cycle complet de réparation aux hélicoptères made in Russia, qui sont exploités dans toute la zone latino-américaine.
Le président du Conseil public du ministère de la Défense de Russie Igor Korotchenko a déclaré que ce n’est pas par hasard que le Venezuela soit choisi pour l’implantation du nouveau centre technique.
La Russie exporte beaucoup d’hélicoptères en Amérique latine. Le choix du Venezuela est motivé par la fait que ce pays est l’un des plus gros clients du complexe militaro-industriel russe. Moscou se montre ainsi en fournisseur fiable, ce qui pourrait augmenter la livraison des hélicoptères russes dans les pays d’Amérique latine. La politique des centres de maintenance et des entrepôts entre dans la logique des conditions marketing de n’importe quelle holding. Cette initiative permet de créer une situation gagnant-gagnant.
Toutefois, le projet n’est pas au goût de tout le monde. Certains hommes politiques occidentaux accusaient la Russie il n’y a pas si longtemps de livrer des hélicoptères de combat à la Syrie. Et cette nouvelle information pourrait être également interprétée à tort par l’opinion publique occidentale, surtout que le Venezuela ne bénéficie pas de sympathie auprès des pays européens et des Etats-Unis. La coopération militaro-technique russo-vénézuélienne et le renforcement des liens entre les deux pays suscitaient des craintes il y a déjà plusieurs années. Toutefois, le ministère russe des Affaires étrangères a expliqué à plusieurs reprises que le partenariat entre Moscou et Caracas dans le domaine de la défense est réalisé en stricte conformité avec toutes les normes internationales.
La création d'un centre technique démontre que la Russie a l'intention de renforcer ses positions sur le marché régional, considère l’expert militaire Viktor Baranets.
« La Russie exporte ses armes de manière inégale. Elle a déjà saturé certains marchés avec sa production, elle étudie la possibilité d’arriver sur d’autres marchés, et il y a certains marchés qu’elle a perdus. Il y a aussi des marchés, sur lesquels elle désire augmenter ses exportations. Le marché vénézuélien appartient à la catégorie des « nouveaux » pour la Russie. Des motifs économiques jouent dans ce projet, mais dans une certaine mesure, il y a aussi des motivations politiques, car les relations entre la Russie et le Venezuela sont bonnes. Et Moscou y contribue. Il y a quelques années, le Venezuela a bénéficié d’un crédit russe de deux milliards de dollars pour l’achat des armes russes. Quant à la capacité du marché vénézuélien, elle peut déjà atteindre cinq milliards de dollars ».
Le revenu annuel de la Russie provenant du commerce des armes représente environ 10 milliards de dollars. Donc, en théorie, le Venezuela pourrait fournir la moitié des recettes obtenues de la vente d’aéronefs, de chars et autres armements de la Russie à l’étranger. Cela est donc tout à fait naturel qu’avec une telle dynamique, des centres de maintenance multifonctionnels puissent être créés. Ils sont même nécessaires pour des pays comme le Venezuela.
L'élargissement de la coopération militaro-technique est également bénéfique à Caracas. Lors de sa récente visite à Moscou, le président vénézuélien Hugo Chavez a déclaré que son pays s’est retrouvé dans une situation d’embargo concernant les pièces de rechange pour l’équipement militaire acheté aux pays occidentaux. Cet embargo a été institué par les Etats-Unis et leurs alliés de l'OTAN, a ajouté le président vénézuélien. Il s’agit notamment des avions F-16, pour lesquels Caracas n’arrive pas à acheter de nouvelles pièces. Par ailleurs, la politique de tarification de la Russie est beaucoup plus intéressante que celle de ses concurrents occidentaux. Donc, l'achat et l'entretien de l'équipement militaire russe permettront de garantir la capacité de défense du Venezuela et investir les fonds économisés dans des projets civils, dont le pays a besoin.
