Le Kosovo pour un général

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L’économie du Kosovo croule sous les investissements. Il est vrai que la majorité des investisseurs sont des américains qui ont une relation directe avec la « démocratisation » de la Yougoslavie à la fin des années 90.

Parmi eux, l’ancien commandant des forces de l’OTAN au Kosovo, le général à la retraite Wisley Clark brûle d’investir dans la république d’ex-Yougoslavie plus de 5,5 milliards de dollars. Les experts disent de la stratégie déterminée de Washington qu’elle peut se résumer à « Conquête et pillage ».

Wisley Clark est, selon les personnes proches de lui, un grand stratège. C’est lui qui a écrit le livre sorti en 2011 intitulé Comment gagner la guerre contemporaine. Dans ses recherches fondamentales, l’auteur mentionne les pays présents dans une liste du Pentagone des Etats menacé d’un rapide changement de régime. Sont ainsi énumérés : l’Irak, l’Iran, la Syrie, le Liban, la Libye et la Somalie. Clark n’a rien écrit sur la Yougoslavie. A cette époque, le régime indésirable de Milosevic avait déjà été écrasé sous les bombes. D’ailleurs, après l’opération kosovare, le général éreinté est rapidement parti à la retraite et s’est tout de suite lancé dans le business bancaire. Il semble qu’il y ait investi toutes ses économies de général (de 150 à 200 000 dollars par an de salaire) ainsi que celle tirées de ses activités d’analyste militaire auprès de différentes chaînes de télévision américaines. Mais il n’a pas perdu ses contacts avec le Kosovo. Là-bas, après la démocratisation, l’entreprenariat (surtout dans le domaine de la médecine) endurait un violent essor. Et voilà que maintenant, la compagnie appartenant à Wisley Clark, « Envidity », s’adresse aux autorités du Kosovo pour obtenir une autorisation d’extraction de charbon. La Serbie, (qui, rappelons-le, ne reconnaît pas l’indépendance de la région) a déclaré son intention d’exiger la défense des ressources naturelles étatiques. Seulement, comme d’habitude lorsqu’on se tourne vers Belgrade, personne ne se prépare à agir.

Le pillage est bien l’étape qui succède à la conquête. Les gens qui, en 1999, ont aidé les groupes terroristes albanais (maintenant sous contrôle) à prendre le pouvoir sont véritablement de grands stratèges quand il s’agit de se réchauffer les mains. Les médias écrivaient à l’époque que l’ambassadeur des Etats-Unis à Priština, Christopher Dell avait des affaires liées au combinat minier de Trepča. Il avait aussi investi dans la construction de routes entre l’Albanie et le Kosovo. Il finance la compagnie de téléphone kosovare dont la majorité des parts n’appartient pas à n’importe qui, mais à l’ancien secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright. Cette même Albright qui un jour avais émis le regret que l’intervention de l’OTAN au Kosovo ne soit pas arrivée plus tôt.

Le général Clark a lui-même toujours eu d’excellentes relations avec le gouvernement kosovar et son premier ministre, l’ancien combattant Hashim Thaçi. A Priština, une rue a même été nommée du nom de Wisley Clark. Le politologue russe, lieutenant-général à la retraite, Leonid Ivachov a montré au procès de Slobodan Milosevic la collusion entre les forces de l’OTAN et les combattants de « l’Armée de libération du Kosovo ». Cette coopération a porté ses fruits non seulement politiques, mais aussi économiques, remarque le journaliste serbe Nicola Vrzic :

« Il est évident qu’au moment de cette « alliance », encore en 1998, ils ont conclu entre eux une sorte d’accord commercial. Maintenant, il est définitivement clair que les bombardements n’avaient pas seulement un but politique, celui d’enlever le Kosovo à la Serbie, mais aussi économique : priver le pays des énormes richesses naturelles de la province du Sud. Le charbon est une ressource importante du Kosovo. Les géologues disent qu’une grande partie n’a pas encore été découverte, tout comme pour les autres minerais ».

Il est possible de remarquer, que sur fond de cours instables du pétrole, l’identification de réserves d’or noir, qui ne sont pas sans limite, les experts parlent de plus en plus souvent des perspectives de la production de combustibles de synthèse, et parmi eux, de charbon. L’entreprise de Clark considère qu’aujourd’hui il est possible de produire au Kosovo jusqu’à 100 000 barils de cette nouvelle source d’énergie. Il est ensuite possible de s’étendre ; les réserves de charbon du Kosovo sont estimées à 16 milliards de tonnes, soit pratiquement 70 % de toutes les réserves de Sibérie.

Les raisons économiques des jeux militaires de l’OTAN de sont pas très dissimulés. Il est intéressant de voir que dans le milieu des années 90, alors que la guerre intestine battait son plein en Yougoslavie, des citoyens de pays de l’OTAN ont activement acquis des propriétés dans la république balkanique. Un non-sens, diriez-vous ? Une stratégie, répondent des sources proches des services occidentaux. Les clients sont déjà à prêts à la réalité « post-yougoslave ». Le Kosovo est devenu une bonne base, remarque dans une interview à La Voix de la Russie l’expert de l’Institut de l’Europe de l’Académie des sciences russe, Pavel Candel :

« Le Kosovo est un précédent, le premier maillon d’une stratégie d’investissement « humanitaire » des pays de l’OTAN avec les Etats-Unis à leur tête. Peu de temps avant l’opération, la nouvelle doctrine de l’alliance fut adoptée, sur instance de Washington et qui conférait jusqu’alors un rôle de défense au bloc, donne dorénavant des missions qui vont beaucoup plus loin que la simple protection des Etats membres. Elle a notamment permis la possibilité d’une ingérence dans d’autres régions du monde pour telle ou telle raison ».

Tout s’est poursuivi comme indiqué sur la liste du Pentagone : l’Irak, la Somalie, la Libye. Il est vrai que quelques anicroches sont survenues avec la Syrie. Damas souhaite développer la démocratie sans l’aide « humanitaire occidentale ». Les choses sont aussi complexes avec l’Iran. Mais les stratégies économiques ne sont pas patientes : les généraux investisseurs sont toujours prêts à placer leur argent. /L

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