« Le Concert Parfumé » est le projet assez réussi de Laurent Assoulen, qui existe grâce au soutien d’une célèbre maison de parfum française. Le projet est né en 2008 au festival de jazz de Vienne. Depuis lors, un album a été enregistré avec les compositions du maestro et le disque est vendu avec en cadeau du parfum en échantillon. Ainsi, il est possible d’écouter la musique en se délectant des effluves. Une véritable thérapie aromatiquo-musicale.
Avant le début de l’unique concert moscovite de Laurent Assoulen, l’organisateur de la représentation pour la partie française, Alexandre Durassoff, a parlé avec la Voix de la Russie de ce pianiste parfumeur :
« Le son est lié au parfum par la sensation propre qu’il dégage, dit Alexandre Durassoff. Quand compose, il est inspiré par les aromates, ils appelent chez lui une association avec les sons. C’est un excellent compositeur. Il sait donner aux sons l’apparence d’odeurs. Lauren Assoulen a étudié à Grasse, où se trouve la haute école de parfumerie. Ainsi, comment dire, il a pu créer ces parfums avec son propre nez. Ils sont suffisamment répandus, comme le jasmin et la rose. Il y a dix compositions au programme. Parmi elles, cinq avec des aromates. Les spectateurs auront des testeurs, arrosés par avance avec différents parfums, et ils pourront les découvrir au son de la mélodie du pianiste ».
S’efforcer de donner un parfum à la musique est une pure tradition française. Cela rappelle bien sûr Claude Debussy, et ses pièces « Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir » ou encore « parfum de la nuit ». On peut chercher encore plus profondément et trouver chez le claveciniste français du XVIIème siècle François Couperin dans la pièce « L’épine » : la musique, « épine odorante, aiguille verte et rafraîchissante ». Mais c’est au public russe que le compositeur de sons aromatiques réserve sa première. On pense, que Piotr Tchaïkovski en écrivant « la valse des fleurs » pour son ballet « Casse noisettes », avait parfaitement compris ce que « sentait » sa musique.
De manière générale, « l’odeur d’un parfum comme œuvre d’art » semble être une tendance. Il y a encore sept ans, le célèbre musée pétersbourgeois, l’Hermitage, a conduit une telle expérience avec le tableau de Caravage « Le joueur de luth ». Devant la peinture avaient été placés des vases contenant des parfums de fleurs et de fruits, reflétant la toile du grand peintre italien. Ressentant tour à tour les arômes d’iris, de camomille ou de figuier, le public pouvait se sentir à l’intérieur du tableau, à côté du joueur de luth. D’autant plus qu’il pouvait aussi entendre le madrigal, que le jeune homme jouait, allongé devant lui, car le projet du musée de l’Hermitage prévoyait le son d’une musique de luth.
Ainsi, Laurent Assoulen n’est pas tellement un pionnier en son genre. Mais il faut reconnaître que la perception de sons à travers des parfums, et vice et versas, est rare dans la sphère musicale. Les premières des « Bruits des couleurs » sont depuis longtemps célèbres, c’est-à-dire le lien direct entre les sons et les couleurs, et voici la synthèse olfactive, qui semble intéressante et encore non écrite…