Il est déjà clair que le scénario le moins dramatique pour l'Union Européenne, c’est la victoire des forces modérées qui prônent la poursuite de la réalisation des anciens programmes de l'aide internationale financière à Athènes. Cependant, dans ce cas aussi, l'Europe devra débourser des sommes importantes pour sauver l'économie grecque.
L’envergure et surtout le caractère de la panique qui a embrassé les marchés européens sont décrits, peut-être, le plus exactement par le journal influent italien Corriere Della Sera un de ces jours. Ayant caractérisé la situation formée en Europe comme « un retrait des capitaux », le journal a souligné que l'Allemagne et la France - les principaux pays de la zone de l'euro - avaient retiré au cours des trois dernières années seulement de l'Italie et l'Espagne, sans parler de la Grèce, 600 milliards de dollars. De plus, par rapport à l'euro, ce phénomène prend la forme du retrait des capitaux par les investisseurs étrangers de toutes les parties de la zone euro, et non seulement de sa " périphérie " comprenant l'Italie, l'Espagne, l'Irlande, le Portugal et la Grèce.
Ce dimanche, les électeurs grecs pourront contribuer à la panique ayant embrassé toute l'Europe– ou, au contraire, tenter de « jouer en faveur de l'euro ». La principale intrigue du vote consiste en une victoire potentielle des forces radicales avec à la tête la coalition SYRIZA qui a recueilli aux élections précédentes du 6 mai presque 17 % des voix. Le dirigeant charismatique Alexis Tsipras déclare l'intention de reconsidérer la politique adoptée par le gouvernement précédent - l’austérité, l'économie budgétaire dure selon les recettes de l'Union Européenne et du FMI. Cette stratégie a permis à la Grèce de recevoir la première partie de l'aide financière, mais a amené simultanément à la baisse du niveau de vie, à la croissance des contradictions sociales et à la crise de politique intérieure qui dure dans le pays depuis la fin de 2011. « Nous trouverons l'argent, ne vous inquiétez pas, que cela n'intéresse pas les étrangers»- des slogans pareils ressemblant au bluff, sont annoncés ces derniers jours par les militants de la coalition SYRIZA. D’après les dernières études sociologiques, ce parti et le parti de droite « Nouvelle démocratie » ont un nombre à peu près égal de voix. Selon un des pronostics du service sociologique « Public Issue », les radicaux de SYRIZA pourraient obtenir environ 32 % des voix ce qui leur permettra d’avoir 121 mandat dans le parlement qui compte 300 sièges. D'autres agences prédisent une issue analogue des élections pour le parti de la « Nouvelle démocratie ».
Les dirigeants de l'Union Européenne ne cachent pas leur intérêt pour la victoire de la « Nouvelle démocratie » ou celle de leurs adversaires traditionnels modérés - le mouvement socialiste PASOC. En effet, les dirigeants de ces forces ont envoyé en novembre 2011 des assurances écrites à l'Union Européenne et au FMI que la politique de l'austérité serait continuée après les élections. Le chef de file de la « Nouvelle démocratie » Antonis Samaras a assuré Bruxelles qu'il pourrait créer un gouvernement de coalition arrangeant l’UE. « Nous resterons dans la zone de l'euro. Nous ne jouons pas avec l'Europe » - ces paroles sont citées par l'agence AFP. Les membres du sommet de l’UE en mai ont, d’une part, confirmé l'exigence aux Grecs de suivre strictement les positions du mémorandum coordonnées auparavant, s'ils voulaient recevoir de nouveaux moyens pour résoudre les problèmes de dettes. Et le ministre des finances français Pierre Moscovici a confirmé ces derniers jours que la préservation de l'appartenance de la Grèce à la zone euro portait un caractère " conventionnel " et dépendrait du respect par le futur gouvernement des anciens engagements, pris par le pays envers l'Union Européenne et le FMI.
« La zone de l'euro : Etre ou ne pas être, telle est la question » - c’est ainsi que, selon l’agence AFP, l'ancien premier-ministre du pays Lucas Papademos a paraphrasé pour les Grecs le début du célèbre monologue du héros de Shakespeare. Aujourd'hui, ni les politiques ni les experts financiers omniscients ne peuvent y répondre. Peut-être, les électeurs grecs réussiront-ils à le faire, ils doivent comprendre que le bilan négatif des secousses politiques en Grèce peut éclipser n'importe quel profit temporaire. Non seulement l'appartenance d'Athènes à la zone de l'euro est un enjeu, mais aussi la solvabilité financière de ses partenaires dans la périphérie européenne ainsi que de toute l'Union Européenne dans son ensemble. /L