"Loi Magnitski", une démarche antirusse, selon Moscou

Moscou estime que la "loi Magnitski" examinée actuellement par le Congrès américain constitue une flagrante démarche antirusse, obligeant la Russie de prendre des mesures de rétorsion en cas de son adoption, a déclaré dimanche aux journalistes l'assistant du président russe Iouri Ouchakov.

"Plusieurs pays, sinon la majorité ferment leurs frontières aux personnes indésirables. Cela est fait en régime fermé, ce qui est parfaitement normal dans la pratique internationale. Actuellement, il s'agit d'une flagrante démarche antirusse du Congrès américain qui aspire à donner un sens élargi à cette loi, visant avant tout à permettre de s'en servir lorsque les Américains seront mécontents de la conduite de la Russie, notamment dans l'arène internationale", a indiqué l'assistant du président russe à la veille d'une rencontre entre Vladimir Poutine et Barack Obama qui se déroulera le 18 juin à Los-Cabos, en marge du sommet du G20.

"Il est évident qu'en cas d'adoption de cette loi, Moscou sera obligé de recourir à des mesures de rétorsion. Mais on voudrait bien l'éviter", a ajouté le responsable.

Avocat employé par le fonds d'investissement Hermitage Capital, Sergueï Magnitski, a été arrêté et placé en détention provisoire en 2008 pour complicité d'évasion fiscale. Il est décédé d'une crise cardiaque en novembre 2009 dans une prison de Moscou. Ses proches affirment qu'il n'a pas reçu à temps les soins dont il avait besoin. La mort de M.Magnitski a eu un fort retentissement en Russie et dans le reste du monde.

Le sénateur américain Benjamin L.Cardin a dressé une "liste noire" comprenant des fonctionnaires russes liés à "l'affaire Magnitski". Un projet de loi a été élaboré prévoyant des sanctions économiques et des interdictions de visas pour les fonctionnaires russes soupçonnés d'être impliqués dans la mort de M.Magnitski.

Au début de 2012, un groupe de parlementaires américains a proposé de lier l'adoption de la "loi Magnitski" (Magnitsky Act) à l'abolition de l'amendement Jackson-Vanik qui impose de sévères restrictions aux échanges commerciaux avec la Russie. Moscou s'oppose aux tentatives visant à remplacer cet amendement par un nouveau texte restrictif.