La discussion dans la société concernant la menace des astéroïdes et des comètes pour l’homme est survenue récemment. Les sceptiques font valoir que les informations sur la menace de l’espace sont apparues pour justifier la nécessité de la recherche et de l'exploration spatiale. Les optimistes estiment que l’humanité a eu beaucoup de chance qu’au cours des mille dernières années la Terre ne s’est pas retrouvée sur la trajectoire d'une petite pierre de l’espace, et qu’il faut prendre des mesures pour empêcher que cela n’arrive à l'avenir.
Les observations des corps célestes sont devenues plus ou moins précises qu’à l’époque de l'enregistrement et du traitement automatique des données. Avec l'aide des ordinateurs puissants, les hommes ont découvert que le nombre de petits corps célestes autour de la Terre est très important. Selon des études récentes, le nombre d’astéroïdes qui tournent autour de la Terre est d’environ 20.000. Ceux, dont la trajectoire croise celle de la Terre, représentent un danger pour notre civilisation, la Terre risque une collision avec eux. Il est difficile de déterminer si cette collision aura lieu. Mais lorsque les astronomes parlent des astéroïdes potentiellement dangereux, il s’agit des corps célestes qui passent très près de la Terre.
Il suffit d’un astéroïde d’une centaine de mètres de diamètre pour causer d'importants dégâts à une région sur Terre (les scientifiques estiment que la météorite de Toungouska avait un diamètre de 50-75 m), alors que pour une catastrophe mondiale, un objet de 1 à 10 km de diamètre suffira.
Heureusement, que ces objets sont peu nombreux dans le voisinage de la Terre. Il est difficile de les observer, et encore plus compliqué de prévoir leur trajectoire. Car dans le cas du calcul de la trajectoire du météorite, il faut prendre en compte non seulement son mouvement, mais aussi l'interaction gravitationnelle avec la Terre. C’est le cas pour l’astéroïde potentiellement dangereux d’Apophis (350m de diamètre), qui représente la menace numéro un pour la Terre parmi les objets célestes, selon les astronomes. Le premier rapprochement d’Apophis avec la Terre aura lieu vers 2029, et la deuxième fois, il se rapprochera de notre planète en 2036. Le premier épisode aura une influence sur ce qui se passera lors du deuxième épisode, et c’est de cela que dépendra l’avenir des hommes sur Terre. Devront-ils commencer à chercher des moyens pour éviter que l’astéroïde tombe sur la planète?
Aucun scénario pour éviter ce danger n’a été envisagé ou testé jusqu’à présent. Mais plusieurs solutions se présentent déjà. Par exemple, « faire exploser » l’astéroïde – une solution qui n’est pas très efficace, car il est encore plus difficile de prévoir la trajectoire des fragments du corps céleste. Une autre solution – c’est de recouvrir l’astéroïde de peinture pour modifier ses propriétés de réflexion. Alors, sous l’influence de la lumière du Soleil, il déviera de sa trajectoire initiale.
Jusqu'à présent, tous les projets dans le domaine de la sécurité de l'espace font partie de la stratégie « passive » d’observation et des calculs sur les objets dangereux. Il y a actuellement une dizaine de projets dans différents pays qui ont réussi à identifier 1311 astéroïdes potentiellement dangereux (PHA en anglais, potentially hazardous asteroids), qui gravitent autour de notre planète. Il s’agit des astéroïdes avec un rayon d’orbite bien défini, dont la trajectoire traverse l’orbite de la Terre, ou passe très près de celle-ci. Des observatoires depuis la Terre et de l’espace permettent d’effectuer des calculs pour évaluer la trajectoire des astéroïdes. Parmi les appareils sur l’orbite, le fameux télescope WISE de la NASA est en train d’étudier les corps célestes près de la Terre grâce à un large champ de vision infrarouge qu’il possède.
Un groupe d’experts travaillant sur les menaces de l’espace du Conseil de l'Académie russe des sciences spatiales, basé à l'Institut d'Astronomie, a été créé récemment en Russie. Ce groupe se spécialise sur deux problèmes : celui des débris spatiaux et du danger des astéroïdes et des comètes. L’un des objectifs de ce groupe – c’est de développer des programmes pour faire face aux menaces de l'espace. Il est possible que dans un avenir proche cette question puisse avoir une place centrale dans le programme spatial russe, a précisé le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine.
Cependant, à ce jour, il n'y a aucune mission concordée dans le monde qui travaillerait sur l’élaboration d’une « riposte » à un astéroïde. La mission « Apophis », développée actuellement à l’entreprise russe de construction de matériel spatial NPO. S.A. Lavotchkine, n'a pas encore fixé de délais clairs pour la réalisation de ses projets (sauf pour le calcul du rapprochement de l’Apophis de la Terre).
La réunion à Saint-Pétersbourg ne pourra pas donner des réponses à toutes les questions. Mais ce qui est intéressant de souligner cependant, c’est que les questions concernant la coopération spatiale sont discutées à cette rencontre sans le contexte militaire. Et en plus, les participants discutent des initiatives, comme la recherche des minéraux sur les astéroïdes. Peut-on dire que l'exploration de l'espace après une période de stagnation apparente, se déplace vers une nouvelle phase de développement, ou est-ce seulement une discussion d’un sujet à la mode? La deuxième piste paraîtrait réaliste, mais la première est quand-même beaucoup plus intéressante.