Le verbiage des législatives commence à bien faire. Bruno Bilde, chef de cabinet de Marine Le Pen s’insurge contre les tracts anti-Mélenchon dont la création a été complaisamment attribuée à Bleu Marine. La France vit au rythme du foot mais aussi des élections à Palais Bourbon. Quoi de plus normal ? Un François Hollande toujours souriant distribue les promesses comme de petits croissants à la maternelle. La tension n’en finit pas de monter.
Tout d’abord on comprend très bien le Parti socialiste. Si l’UMP, elle, se trouvait en possession de 54 p.c. de sièges à l’hémicycle, il y a très peu de chances que le même tableau se reproduise au profit du PS. Tout ce qu’ils peuvent escompter c’est le quart de finale – oh pardon !- c’est du foot là! Je voulais dire que le PS et les divers gauche sont crédités de 249 à 291 sièges. Compte tenu du "contrat de mandature" conclu en novembre 2011 le PS peut accorder à EELV c'est-à-dire les Verts à peu près 63 circonscriptions. Et ça va être une aubaine s’ils en remportent une petite vingtaine.
Et Pierre Moscovici de fustiger l’UMP pour ses relations perverses avec le FN. En fait, Moscovici donné favori dans cette course à l’hémicycle croit l’alliance UMP-FN tout à fait dénaturée. La question qui se pose pourtant à plus d’un observateur impartial : ce regain de Bleu Marine aussi bien que la popularité de l’extrême droite créditée de 15 p.c., n’équivalent-ils pas à un réveil de la France profonde qui en a marre des arrivistes de toute trempe aux relents trotskistes qui gèrent la France depuis un demi-siècle ? Pourquoi le pays ne peut-il pas revendiquer ces droits face à un raz de marée de globalisation et à ce mélange ethnique et culturelle qui, loin de s’assimiler, dissout de plus en plus la culture nationale ? A en croireLibération le Front National passerait la barre de 12,5 p.c. et accéderait le 17 juin au second tour. Certes, à cause du système français des proportionnelles que l’on qualifierait d’un peu spécial, si le Front National ne franchit pas le cap du second tour, il n’obtiendrait qu’un maximum de 5 à 8 députés
Mais revenons à François Hollande. Il évite soigneusement la question de la Sécurité sociale, du vote et de l’élargissement des droits des immigrés et l’endiguement de clandestins. Il a baissé l’âge de la retraite en revenant à 60 ans au lieu de 62 mais, en même temps, a confirmé une croissance économique nulle pour le premier trimestre de l’année en cours et un pronostic annuel jugé optimiste à +0,5 p.c. du PIB. Alors où va-t-il prendre l’argent pour payer tout ce beau monde ? Mystère et boule de gomme ! En tout cas, les Allemands, eux, n’ont pas succombé à son charme caduc et ont refusé net d’imprimer les obligations pour financer la croissance. Autrement dit nos amis d’outre-Rhin ne veulent absolument pas payer les pots cassés français et contribuer au succès de François au prix de leur propre inflation. Alors le Parti socialiste est donné gagnant mais cette victoire profiterait plutôt à Marine Le Pen qui sait faire feu de tout bois. Elle peut facilement rester sur la défensive à l’Assemblée en tançant vertement toutes les maladresses commises par la rue de Solférino.
L’UMP vit également à l’heure des intrigues de clocher. Selon le sondage Ipsos Logica pour Radio France ce parti obtiendrait de 209 à 255 élus, le Nouveau Centre, de 9 à 14, le Parti radical de Jean-Louis Borloo, de 2 à 5. Soit un total, pour la droite, de 220 à 274 sièges. Messieurs Copé et Fillon ferraillent ferme mais il s’agit d’une lutte intestine qui ne change pas la donne politique. « Du pareil au même » - dirait-on à Noisy-le-Sec.
Enfin paradoxalement Mélenchon avec son Front de gauche remporterait plus de 20 sièges à l’Assemblée.
Une prise de position qui nous a semblé des plus intéressantes appartient à un analyste franco-russe vivant à Paris Nikita Krivochéine qu’on avait soumis à la question sur nos ondes. Voici le résultat.
La Voix de la Russie. Monsieur Krivochéine, nous sommes tous les deux franco-russes. Pour les législatives vous êtes aux premières loges d’actualité. Que pensez-vous de la victoire annoncé et presque programmé du PS ?
Nikita Krivochéine. La question serait de prévoir si les électeurs accepteraient – et j’aurais aimé qu’ils le fassent ! – le principe de la cohabitation tel qu’il est inscrit dans la Constitution et tel qu’il a été pratiqué à deux reprises, si je ne me trompe, à l’époque de Chirac et Jospin et entre Mitterrand et Chirac. Bien sûr cette direction bicéphale est pour beaucoup paralysante mais au moins ce serait un moyen de mettre les rênes à la mise en œuvre d’un programme présidentiel qui ne peut être dans le contexte économique et géopolitique actuel que catastrophique s’il était mis en œuvre tel quel. La question est de savoir si ce principe de cohabitation sera validé par l’électorat. Les sondages actuellement indiquent que plutôt non et qu’il faudrait s’attendre à une courte majorité socialiste avec peu de sièges d’un différentiel de peu de sièges à la Chambre. Ce serait pour la première fois dans l’histoire de la Cinquième République que tous les pouvoirs soient concentrés entre les mains d’un seul parti : présidentiel, exécutif, législatif si les élections se passent comme nous sommes en train de le présumer. Et l’année dernière, c’était une première, le parti socialiste a obtenu la majorité au Sénat ce qui lui confère es pouvoirs sans limite.
La Voix de la Russie. Le FN est de plus en plus populaire en France ; Le PS dénonce un mariage contre nature de l’UMP avec le FN. Et cependant ce parti n’obtiendrait que de 5 à 8 députés à l’hémicycle. Croyez-vous que les règles gérant les législatives répondent à l’état actuel des choses ou faut-il les réformer ?
Nikita Krivochéine. Il est évident que le Président Hollande et le premier ministre Ayrault devraient se munir d’une belle gerbe pour aller la porter sur la tombe de François Mitterrand qui en instaurant pour un temps assez court le système de la proportionnelle lors de s élections législatives a puissamment boosté le FN qui auparavant se maintenait dans des scores tout à fait marginaux et qui de puis ne fait que se renforcer grâce au contexte économique et socio-politique bien entendu. Les facteurs sont nombreux bien sûr. Mais c’est François Mitterrand qui a introduit le FN sur la scène politique française et s’en est servi pour démoraliser, pour affaiblir le parti gaulliste –le RPR, puis l’UMP. C’est son grand mérite, pour ainsi dire.
On le voit, la situation en France répond bien à la définition d’un calme plat avec le résultat parfaitement prévisible mais, malheureusement qui peu s’avérer néfaste pour le pays si le pouvoir régalien du PS n’est plus limité par aucun facteur politique. Si ça va être le cas, on mettra nos chapeaux bas pour acclamer l’avènement de François II, monarque rose quasi-absolu.