« Note de Vilnius »

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« Note de Vilnius » - Sputnik Afrique
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Le gouvernement lituanien a mis en place une commission chargée d'évaluer le préjudice causé par l'« occupation soviétique ». La commission devra présenter bientôt son rapport concernant la « note de Vilnius ». La célèbre historienne russe Ioulia Kantor a exposé ses réflexions sur les pages du quotidien Moskovskié Novosti.

« C'est absolument consciemment que je me laisse séduire par ce jeu absurde de voir qui doit quoi et à qui. S'il va sans dire que le Kremlin refusera toute négociation à ce sujet, ce n'est pas pour la première fois que les pays baltes essayent de soulever la question des dommages-intérêts. Sans s’avancer pourtant plus que cela. Ce thème est fait mousser le portefeuille diplomatique où il est  conservé en tant que facteur de pression dans le cas de pourparlers avec la Russie.

Dans les pays baltes, le régime soviétique du type stalinien, qui n'a apporté de bien à personne, a fait participer dans sa politique de répression un grand nombre de Lituaniens, entre-autres. C'est en ce qui concerne les dettes d'ordre moral. Et maintenant, le plus important. La Lituanie d'aujourd'hui a « rétabli l'indépendance de l'Etat lituanien d'avant-guerre », affirment les pouvoirs du pays. Ce n'est pas tout à fait vrai, pour ne pas dire plus. L'actuel territoire lituanien est le territoire de la République socialiste soviétique de Lituanie dans les frontières d'après-guerre. Pendant l'« occupation » soviétique, les Lituaniens ont réussi à triplé le territoire de leur pays. Tout à commencé en octobre 1939 lorsqu'ils ont accepté avec joie le cadeau que leur avait fait l'URSS, Vilnius et sa région qui se sont retrouvés entre les mains des Soviétiques en vertu du pacte Molotov-Ribbentrop. La Lituanie a certes condamné ce pacte germano-soviétique mais a participé de facto au partage de la Pologne. Est-ce que la volonté de faire justice en toute équité est assez forte pour restituer ces territoires à leur vrai propriétaire à savoir la Pologne ?

Ensuite, il y a eu Klaipeda, appelé jadis Memel, libéré des fascistes en 1945 et offert aux Lituaniens en 1950 avec l'embouchure du Niéman et la partie nord de l'isthme de Courlande. Il y a ensuite eu un autre « bout », le district de Vilkaviskis, devenu lituanien à l'époque soviétique »

Ioulia Kantor prie de ne pas considérer que ses arguments servent à justifier le pacte Molotov-Ribbentrop. L'historienne insiste qu'en Russie personne n'affirme que l'intégration des pays baltes à l'URSS était volontaire. La question est de savoir à quoi sert la polémique actuelle autour de la fameuse « occupation » et des dommages-intérêts pour le préjudice que celle-ci aurait causé ?

« Cela est dans l'intérêt de personne : ni la Lituanie, ni la Pologne, ni la Russie n'y gagneront rien. C'est ce que j'ai essayé de démontrer dans mon article. Mais si on nous présente des griefs absurdes, pourquoi ne pas y répondre en faisant pareil ? La question de l'« occupation » mène les relations entre les Etats de la région dans une impasse et alimente directement les tensions au niveau international. Cette histoire n'aboutira qu'aux résultats négatifs. Par ailleurs, les griefs présentés par la Lituanie sont infondés du point de vue juridique. Les définitions, qu'ils comportent (dont le terme d'« occupation » entre-autres), sont à être reconnus par l'Etat, auquel ils sont adressés, et par la communauté international. Les diplomates russes ont à maintes reprises déclaré que l'URSS et les pays baltes n'avaient jamais été en état de guerre et que le terme d'occupation ne pouvaient donc pas être utilement employé. On peut aussi rappeler pour la énième fois l'accord de la conférence de Potsdam qui a, entre-autres, légitimé l'intégration des pays balte à l'URSS. On peut également rappeler qui a libéré qui en mai 1945... Je me répète : la « note de Vilnius » va servir au cas où le Kremlin accepte à négocier. Mais elle semble, par ailleurs, utile pour des campagnes électorales (à la mode soviétique!) afin de réunir le pays face à une menace extérieure. C'est ce que font déjà les politiques radicaux sur les rives du Niéman ».

Des pragmatiques existent aussi en Lituanie. Encouragée par l'expérience de la commission russo-polonaise sur les problèmes difficiles existant entre les deux pays, une commission semblable a déjà fait publier le premier volume de l'ouvrage intitulé « URSS et Lituanie » et en prépare actuellement le deuxième. Tout se bloque cependant lorsque les résultats des recherches sont détournés pour être utilisés à des fins politiques sordides.

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