50 pays ont un régime sans visas avec l’Europe, alors que les négociations à ce sujet avec la Russie durent depuis 9 ans, bien que Moscou ait déjà déclaré qu’il se tenait prêt à abroger littéralement du jour au lendemain les visas pour les ressortissants de l’UE. On ne devrait pas pour autant s’attendre à de véritables avancées dans cette question lors du sommet de Saint-Pétersbourg, estime Olga Potemkina qui le secteur d’intégration européenne à l’Institut de l’Europe de l’Académie russe des sciences.
"Pour mémoire, c’est précisément Poutine qui a amorcé le mouvement vers l’abrogation des visas avec l’UE. Pourtant, je n’attends du sommet aucune avancée historique. Les parties se borneront à fixer leurs progrès dans cette question".
Le chef de la diplomatie polonaise Radoslaw Sikorski avait dit un jour : « Le problème des visas est une bonne monnaie de change dans les marchandages avec la Russie ». De l’avis de Potemkina, en retardant l’allègement du régime des visas avec la Russie, l’Europe cherche à obtenir une révision en baisse des tarifs énergétiques.
"La Russie ne devrait pas payer trop cher l’abrogation de visas. Au lieu de cela, nous devons poser nos propres conditions pour la bonne raison que l’UE est intéressée à l’abrogation de visas tout autant que nous. Les touristes russes pourraient le cas échéant sauver les économies grecque et espagnole en détresse. Les hommes d’affaires allemands ont à plus d’une reprise saisi le gouvernement en demandant d’abroger les visas qui gênent les contacts avec leurs collègues russes".
L’Union Européenne qui s’efforce de résoudre le problème de l’immigration illégale à l’intérieur de ses frontières craint l’afflux d’immigrés russes en cas d’abrogation de visas. Mais les Russes n’entendent pas s’établir en masse en Europe en cas d’allègement du régime de visas, - estime le directeur de la chaire de politologie et de sociologie de l’Université Plekhanov Vladimir Bourmatov.
"Ce phénomène n’aura pas lieu pour plusieurs raisons. Premièrement, il est maintenant assez simple d’obtenir de bons emplois à l’intérieur du pays. Les gens qui supputent leurs chances d’avoir un bon emploi en Russie et les problèmes associés à l’émigration vers les pays européens, penchent le plus souvent pour la Russie. A mon avis, rien ne les pousse actuellement à migrer en masse".
Le sommet Russie-UE qui aura lieu les 3 et 4 juin est une des deux rencontres annuelles au sommet. Le président Poutine rencontrera à Saint-Pétersbourg le président du Conseil de l’Europe Hermann Von Rompuy et le président de la Commission Européenne José Manuel Baroso.
