Des affrontements entre les opposants de Moubarak et ses partisans, indignés par le verdict, ont commencé dans les rues du Caire ce samedi.
Le tribunal correctionnel du Caire a reconnu que l'ancien président de l’Egypte Hosni Moubarak est bien coupable de la mort de manifestants pacifiques lors du soulèvement en janvier en 2011. Plus de 800 personnes ont été tuées lors des affrontements entre l’opposition et les autorités. Ces événements sanglants ont conduit au renversement du régime de Moubarak. L'accusation a insisté sur la peine de mort du leader déchu, mais les experts étaient convaincus que les autorités ne prendraient pas des mesures aussi radicales.
Hosni Moubarak et l’un de ses collaborateurs, le ministre de l'Intérieur Habib el-Adly, vont passer le reste de leur vie en prison. L’état de santé de l’ex-président, âgé de 84 ans, qui a été transporté au tribunal sur un brancard, reste grave. Il s’agit d’un verdict assez prévisible, a déclaré le président du fonds « Politika » (« Politique ») Viatcheslav Nikonov.
« Les révolutionnaires de la place Tahrir ont d’avance prononcé le verdict de Moubarak et cela n'avait plus d'importance s’il donnait des ordres quelconques ou non. Je pense qu’il passera le reste de sa vie en prison. Et je pense aussi que cela ne dépendra pas beaucoup de l'issue de l'élection présidentielle, même si l’ex-vice-premier-ministre de son gouvernement est actuellement l’un des principaux candidats aux élections. Il est peu probable qu’il relâche Moubarak, même si le nombre de ses partisans aurait même augmenté ces derniers temps. L'Egypte a perdu au cours de l'année dernière une partie non négligeable de son économie. Le pays se trouve dans une situation financière assez difficile. Les conditions de détention des deux prisonniers seront certainement très différentes selon si les « Frères musulmans », ou les ex-membres de l’entourage de Moubarak arrivent au pouvoir.
Après avoir lu la sentence, les juges se sont retirés immédiatement, et des affrontements ont commencé dans la salle du tribunal. Les adversaires de Moubarak scandaient « L’exécuter! L'exécuter ! », alors que des partisans de l’ex-président égyptien se trouvaient également dans la salle. Le conflit a dégénéré en bagarre.
Pour le dernier jour du procès, presque 20.000 agents de sécurité ont été regroupés autour du bâtiment du tribunal. Les unités de l'armée ont été également transférées depuis le centre de l'Egypte vers la place Tahrir. Sur cette place se réunissent des manifestants mécontents du verdict, trop clément pour l’ex-président du pays, selon eux. Les habitants d’autres villes égyptiennes, notamment Alexandrie et Suez, sont également sortis dans les rues. Parmi les manifestants, il y avait beaucoup de proches et d’amis des personnes qui ont été tuées pendant la révolution. Les manifestants sont particulièrement indignés par le fait que d’autres figurants de cette affaire, les enfants de Moubarak Gamal et Alya, ainsi que six fonctionnaires de la police ont été acquittés par le tribunal. Beaucoup d'Égyptiens ont déjà accusé le juge Rifaat Ahmed de partialité dans le jugement.
Les partisans de l'ancien chef de l'Egypte ont également leur point de vue. Et ils sont également nombreux. Ils croient que le verdict est trop sévère. La défense de l'ancien président a déjà annoncé qu’elle fera appel contre cette sentence. Mais les experts estiment que le verdict ne sera pas revu dans un avenir proche. Et la société qui vient de vivre la révolution, ne se calmera pas. Cela fera au contraire exacerber les divisions sociales, estime le directeur de l’Institut de l’Afrique Alexeï Vassiliev.
« Ils avaient des attentes trop élevées de la révolution. Tout le monde espérait de pouvoir vivre mieux. En effet, il y a plus de liberté, plus d'occasions de parler, de crier, et d’organiser des manifestations. Mais toute révolution provoque un déclin économique. C’est également arrivé en Egypte. Sur le plan économique, les gens vivent moins bien qu’ils ne vivaient avant la révolution. Il est difficile de dire quand est-ce qu’il y aura une amélioration du niveau de vie de la population. Par conséquent, il y une division définitive au sein de la société. Et cela se reflétera lors des élections présidentielles.
Hosni Moubarak a déjà été transporté par hélicoptère jusqu’à la prison de Tora, située non loin de la capitale égyptienne. Le matériel et les médicaments nécessaires au traitement de l’ex-leader égyptien ont déjà été amenés dans sa cellule de prison. Les deux fils de Moubarak restent également en prison. Bien qu’ils aient été acquittés des accusations de corruption et d'enrichissement personnel, ils comparaîtront prochainement en justice à nouveau dans une affaire fraude financière.
