L’aviation russe : le temps des changements

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Les Forces aériennes de Russie fêtent leur 100e anniversaire en août de cette année et une table ronde à la radio Voix de la Russie a été consacrée à ce thème. Ses membres, des experts dans le domaine de l’aviation militaire et civile, sont arrivés à la conclusion que le secteur de l’aviation en Russie sera confronté à des changements considérables à l’avenir.

La présentation de Konstantine Makienko, le vice-directeur du Centre d’analyse des stratégies et des technologies a été consacré aux perspectives du secteur de fabrication d’avions russes.

Le secteur de l’aviation civile est en train de subir une phase de redémarrage. Deux projets seront à la base de la gamme d’avions civils russes : le SSJ-100 régional et le moyen-courrier MS-21. Les deux projets ont en commun l’utilisation des composantes étrangères, notamment des générateurs électriques, ce qui leur donne plus de chances pour réaliser les deux programmes.

Le déséquilibre qui s’est formé dans l’industrie aéronautique russe alarme les spécialistes. Le maintien d’un bon niveau technologique et d’un état économique décent du secteur n’est possible qu’en cas de son développement équilibré. Ce scénario peut être réalisé uniquement en cas de réussite des projets SSJ-100 ou MS-21. Il sera encore mieux si les deux avions auront du succès. 

En commentant la récente catastrophe du SSJ-100 en Indonésie, Konstantine Makienko a noté qu'elle ne peut pas avoir d’impact négatif sur le développement du projet. Les exemples du A-320 et A-330 qui ont également subi des catastrophes à leur lancement en sont une confirmation. Tout le monde se souvient qu’un appareil A-330 s’est écrasé en 1994 et un A-320 en 1988, alors qu’ils venaient d’être lancés.

Les experts attachent une importance particulière à l'aviation navale. Même si elle compte ses jours depuis la bataille aérienne contre les allemands sur la mer Baltique le 17 juillet 1916, ses origines remontent en fait à la création du détachement aérostatique de l'état-major général. Se pose donc la question d’un appareil de patrouille très prometteur, qui devrait remplacer en perspective l’Il-3, devenu obsolète et le Tu-142, dont le coût est prohibitif. L’expert militaire indépendant Prokhor Tebine a fait un commentaire à ce sujet.

En parlant des tendances mondiales dans l'aviation navale étrangère, Tebine a noté la conservation des avions de quatrième génération en tant que force de frappe principale de l’armement (notamment les chasseurs F/A-18E/F). Il a également noté la croissance de la popularité des appareils de renseignement et de patrouille sur la plate-forme d’appareils d’aviation civile. Les pays marins utilisent activement ces machines pour patrouiller les littoraux, les eaux territoriales et les zones économiques exclusives. On peut faire ressortir deux tendances dans la création de ces appareils: d'une part - l'utilisation d'aéronefs relativement peu coûteux et légers, construits sur la base des avions court-courriers avec une masse au décollage qui peut aller jusqu'à 50 tonnes. Ces machines sont commandées par des pays relativement pauvres, mais aussi par les pays développés pour des missions de patrouille non loin des côtes. La deuxième tendance – ce sont des commandes des gros avions avec une masse qui peut aller jusqu’à 80 tonnes, et qui sont capables de voler 10 à 12 heures d’affilée. Le premier avion de ce type, c’est le Boeing P-8 Poseidon, construit actuellement pour les Etats-Unis et l'Inde.

Les participants à la table ronde étaient d’accord que l’option la plus réaliste dans le contexte russe, c’est la construction d’un avion de patrouille multi-cible sur la base du Tu-204/214 – une machine qui est déjà fabriquée en série, et qui reste assez peu coûteuse et possède des caractéristiques de vol assez satisfaisantes. Compte tenu de la faible proportion de la charge utile des avions de patrouille, par rapport à un avion de ligne commercial, le stock de carburant de l’appareil pourrait être augmenté. Cela garantit la durée de ces patrouilles, qui dépasse plus de 20 heures, ce qui est assez optimal si l’on prend en compte l'immense étendue de la côte russe et la nécessité de patrouiller des zones où le réseau aérien est dispersé, comme dans l'Extrême-Orient et dans les régions de l'Arctique.

Le Tu-204/214 a un avantage non négligeable – ce modèle n’est pas construit avec des composantes étrangères. C’est possible que cela ne soit à son avantage du point de vue des perspectives commerciales, mais il est bon à être utilisé pour des missions militaires. Ces avions sont fabriqués par petites séries et ne demandent pas de livraisons trop importantes, qui risquent de susciter des difficultés et la pénurie chez les fabricants d’équipement.

Enfin, une commande de 60-70 appareils polyvalents de reconnaissance et de patrouille sur la base Tu-204/214 pour la Force aérienne et la Marine de l'aviation russe aurait pu soutenir le potentiel du Bureau de conception Tupolev et des usines qui sont associées à lui.

Un autre problème consiste en la nécessité de maintenir le potentiel de frappe de l'aviation navale ou des groupes des Forces aériennes maritimes. Dans des zones fermées (mer Baltique, mer Noire, et une partie de la mer du Japon), ce problème peut être résolu grâce à la livraison des chasseurs multi-rôle, capables de faire actionner des missiles assistés « air-surface » et effectuer le ravitaillement dans l’air en cas de nécessité. Dans des zones océaniques ouvertes, où des groupes de bombardiers Tu-22M3 sont utilisés, il est possible de compléter ce parc d’avions par des bombardiers Su-34, qui possèdent une portée de vol plus grande, à la différence des chasseurs.

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