Le sommet du G8 se tiendra les 18 et 19 mai dans la résidence d'été du président américain de Camp David, au Maryland. Beaucoup de thèmes sont à l'ordre du jour dont la Syrie, l'Iran, la Corée du Nord, la sécurité alimentaire et la situation économique dans la zone euro.
Aucun scoop n'est attendu à l'issue de la réunion: Michael Froman, conseiller adjoint du président des États-Unis à la sécurité nationale, a averti les journalistes que les dirigeants du G8 se réunissaient avant tout pour "régler leurs montres".
"Il ne faut pas s'attendre à un communiqué de 50 pages dans lequel seront traitées les questions en détails. Les dirigeants se réunissent pour discuter les problèmes qu'ils peuvent régler ensemble: l'environnement, la sécurité alimentaire, l'Afghanistan et la non prolifération", a déclaré Froman lors d'un briefing consacré au sommet.
Selon lui, aucun débat particulier n'est attendu pendant le sommet – les dirigeants du G8 sont d'accord avec les principaux axes de travail et considèrent le forum comme un plateau approprié pour la discussion des problèmes internationaux importants.
"Pendant ce sommet, les dirigeants, qui se connaissent, aborderont une longue liste de questions sur lesquelles ils coopèrent dont l'Afghanistan et l'avenir de l'économie afghane. Ce sera un week-end extraordinaire", a conclu Froman avant de rappeler qu'à l'issue du G8, les participants se rendront au sommet de l'Otan, à Chicago.
La sécurité d'abord, l'économie après
La première activité du sommet du G8 sera le dîner de vendredi soir. Selon Tom Donilon, conseiller pour la sécurité nationale du président Barack Obama, les dirigeants du G8 aborderont à table les questions régionales et politiques.
"On parlera à coup sûr de l'Iran. On compte avancer dans notre ordre du jour concernant les négociations à six sur le problème nucléaire iranien. Nous évoquerons la préparation du second cycle de négociations avec l'Iran prévu pour le 23 mai", a expliqué Donilon aux journalistes, en précisant que les dirigeants appelleront Téhéran à faire preuve de responsabilité dans les négociations avec les six médiateurs internationaux.
"Ils laisseront entendre que l'Iran doit profiter de la possibilité des négociations. Par ailleurs, les sanctions et la pression internationale des Etats-Unis et d'autres membres du G8 se poursuivront", a-t-il ajouté.
Les autres thèmes de l'entretien concerneront la situation en Corée du Nord, en Birmanie et en Syrie.
Comme l'a annoncé Michael Froman, les dirigeants du G8 appelleront une nouvelle fois la Corée du Nord à remplir ses engagements internationaux et exprimeront leurs préoccupations au sujet de la violence qui perdure en Syrie.
"Les dirigeants pourront également soulever d'autres thèmes. Mais les questions de la sécurité seront au centre de l'attention vendredi soir. Et le lendemain matin les questions économiques seront centrales", a déclaré Tom Donilon.
"Les questions de l'économie globale, avant tout la situation dans la zone euro, seront les thèmes centraux de l'ordre du jour. C'est la première occasion pour les dirigeants des économies les plus développées de se rencontrer depuis l'élection de François Hollande et les événements politiques en Grèce. Ce sera le premier sommet du G8 pour le premier ministre italien Mario Monti et le premier ministre japonais Yoshihiko Noda. Et, bien sûr, ce sommet se déroulera durant une période très délicate pour l'économie européenne, de la zone euro", a fait remarquer Tom Donilon.
Il a souligné que les Etats-Unis étaient très préoccupés par le sort de l'économie européenne et suivaient de près le déroulement des négociations.
"Les discussions matinales des questions portant sur l'économie mondiale avec un accent sur l'Europe seront suivies par des sessions distinctes consacrées aux thèmes suivants: l'énergie, l'environnement et la sécurité alimentaire. Une session spéciale sera consacrée au développement économique de l'Afghanistan. La dernière session à Camp David sera consacrée à l'émergence politique des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Dans l'ensemble, c'est l'ordre du jour global du sommet du G8", a conclu M.Donilon.
Il était une fois à Camp David
Ce sommet du G8, à défaut de se distinguer par de nouveaux scoops, entrera dans l'histoire de la résidence des présidents américains à Camp David. Cette rencontre du G8 sera la plus grande réunion des chefs d'Etat de toute l'histoire de Camp David. Jamais plus de deux présidents ne s'étaient encore réunis ici, bien que plus de 50 dirigeants s'y soient déjà rendus.
Deux célèbres sommets se sont déroulés à Camp David. En 1978, le président Jimmy Carter y a reçu le premier ministre israélien Menahem Begin et le président égyptien Anouar El-Sadate.
Cette rencontre s'est conclue par les fameux Accords de Camp David. En 2000, le président Bill Clinton a organisé à Camp David un autre sommet, avec la présence du premier ministre israélien Ehud Barak et le dirigeant palestinien Yasser Arafat.
"Le sommet actuel est conçu comme une réunion en comité restreint, comme un événement informel, et pour cette raison le président a décidé de l'organiser dans sa résidence. Une villa sera mise à la disposition de chaque chef d'Etat, et ils auront tous la possibilité de se rencontrer "en marge" du sommet et de profiter pleinement du territoire de Camp David", a fait remarquer Donilon.
Les surprises
Initialement il était prévu d'organiser le sommet du G8 à Chicago, où les 20-21 mai se tiendra le sommet de l'Otan. Mais début mars, la Maison blanche a annoncé que la réunion du G8 se déroulerait dans la résidence de banlieue du président. L'annonce aussi tardive du changement de lieu d'un sommet aussi important est assez inhabituelle, et l'explication de l'administration américaine selon laquelle les dirigeants du G8 souhaitaient discuter dans une atmosphère moins formelle n'était pas du tout convaincante. Et la presse a commencé à donner sa propre version de l'étrange décision de la Maison blanche. Selon la version la plus répandue, ce changement a eu lieu pour satisfaire la Russie.
Le fait est que la Russie a refusé de participer au sommet de l'Otan en raison des différends concernant le bouclier antimissile (ABM) américain en Europe, et si les deux activités s'étaient déroulées à Chicago, le départ de la délégation russe aurait semblé insultant.
Par ailleurs, la Russie a tout de même surpris tout le monde: le président Vladimir Poutine, en consultation avec les membres potentiels du gouvernement, sera remplacé à Camp David par le premier ministre Dmitri Medvedev.
L'administration américaine a pris cette nouvelle calmement, déclarant qu'elle entretenait des relations étroites avec les deux dirigeants russes.
"Je dirais simplement que nous avons de très bons contacts et un très bon dialogue avec le président Poutine et le premier ministre Medvedev. Et nous souhaitons continuer à développer nos relations", a souligné Froman en ajoutant qu'au cours des dernières années la Russie et les Etats-Unis avaient connu de nombreux succès, y compris l'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et le renforcement des relations économiques entre les deux pays.
"Je ne chercherai pas à essayer d'interpréter la décision de Vladimir Poutine, qui est occupé à l'heure actuelle par des affaires intérieures. Nous sommes en contact permanent avec lui", a ajouté Froman.
Jay Carney, porte-parole de la Maison blanche, a fait remarquer à son tour que Barack Obama attendait avec impatience sa rencontre avec Poutine dans un mois, au sommet du G20 au Mexique.
"Le président Obama rencontrera le président Poutine très prochainement, ils en ont parlé au téléphone. Le président Obama attend avec impatience la rencontre avec le président Poutine dans un mois eu Mexique", a déclaré Carney.
Il a souligné que les Etats-Unis aspiraient à continuer à développer les relations avec la Russie.
"Notre approche demeure la même: nous coopérons avec la Russie, travaillons avec le gouvernement russe sur les questions présentant un intérêt mutuel, et nous n'évitons pas de le dire ouvertement lorsqu'on n'est pas d'accord. Nous travaillons sur le règlement des problèmes sur lesquels nous avons des différends, par exemple, le problème de l'ABM, mais toutefois nous continuons à coopérer sur d'autres questions", a fait remarquer Carney.
Les stars du sommet
La principale star et la "surprise" du sommet sera le nouveau président français François Hollande.
Il sera la cible non seulement des journalistes, mais il sera également au centre de l'intérêt de l'administration américaine. La preuve en est qu'il sera le premier à être reçu vendredi matin à Washington par Obama.
La rencontre sera suivie du lunch organisé par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton en l'honneur du président Hollande et de sa délégation.
"Ce lunch aura pour but d'établir le contact avec le président Hollande et de poursuivre le travail avec un partenaire aussi important qu'est la France", a expliqué Carney
De toute évidence, Hollande sera au centre de l'attention pendant la réunion du G8 également.
Cependant, si les participants au sommet s'attacheront plutôt aux déclarations politiques de Hollande, la presse sera tout aussi intéressée par la compagne officielle du président français, Valérie Trierweiler, pour qui ce voyage sera sa première visite à l'étranger en tant que "première dame" de France. Elle sera invitée à toutes les activités organisées par la first lady des Etats-Unis Michelle Obama à l'occasion du G8, bien qu'elle n'ait pas le statut officiel d'épouse, a rapporté l'Agence France-Presse. Michelle Obama prévoit d'organiser plusieurs activités pour les épouses des dirigeants du G8, dont la visite de la Maison blanche.
