Les choses ne font que commencer pour Ratko Mladic

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Le procès de Ratko Mladic a commencé au Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie à La Haye. L’ex-commandant de l'armée des Serbes de Bosnie est inculpé de crimes contre l'humanité commis entre 1992 et 1995 en Bosnie-Herzégovine. Le général nie sa culpabilité.

11 accusations ont été retenues contre l'ancien chef militaire. Il est notamment accusé de génocide, de persécutions, d'assassinats, de propagation de la terreur et de prise d'otages. Le procès va s’ouvrir par le discours d'introduction du procureur, qui sera lu pendant 2 jours. Le 29 mai l’accusation procèdera à la présentation des témoignages des premiers témoins, qui seront 400 en tout. Le procès risque donc de durer plusieurs années, affirme l’expert en histoire de l'Europe du Sud-Est, Alexandre Karasev.

« Ce processus sera très long, car il y a beaucoup de témoins et un grand nombre de charges retenues contre Mladic. Le volume de cette affaire est énorme. Même ses avocats ont demandé de reporter le début de ce procès afin de s'assurer qu'ils se sont familiarisés avec les documents de l’affaire. Mais leur demande n’a été acceptée qu'en partie. D'autre part, pour une analyse objective il faut prendre en compte non seulement les crimes dont est accusé Mladic, mais aussi donner une évaluation objective de ce qui s'est passé aux Balkans durant cette période.Les différents antagonistes ont violé les règles de la guerre et les Droits de l’Homme, notamment des groupes de musulmans et leurs dirigeants ».

Les avocats de Mladic ont demandé de remplacer le juge néerlandais Alphonse Orie, qui, selon eux, ne pouvait être impartial lors des audiences, car il a déjà présidé les procès des militaires subordonnés à Mladic. Tous ces procès se sont terminés par un verdict de culpabilité. Le Tribunal n'a pas encore donné une réponse à cette demande des avocats.

En 1991, avec le début de la désintégration de la Yougoslavie, la vie du pays, des républiques qui en faisaient partie, et celle de leurs habitants ont changé. En 1992, la Bosnie-Herzégovine a demandé l’indépendance. Les Serbes s’opposaient aux Bosniaques et aux Croates dans une guerre civile qui venait de commencer. Les Serbes de Bosnie ont annoncé à leur tour la création de la République de Serbie, dont Radovan Karadzic est devenu le président et Ratko Mladic le chef de l’état-major. Après plusieurs mois, les forces serbes ont pris le contrôle de 70 % du territoire de la Bosnie et de l’Herzégovine.

En juillet 1995, après cinq jours de bombardements, les forces serbes ont pris d’assaut la ville de Srebrenica, devenue le centre d’accueil pour de nombreux réfugiés musulmans. Environ 30 000 femmes et enfants musulmans ont été expulsés de la ville, et tous les hommes de plus de 12-14 ans, ont été arrêtés et interrogés. Le siège de Srebrenica et les massacres qui l’ont suivi sont devenus les plus sanglants épisodes de l'histoire de la Yougoslavie.

Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, créé sur la base de la résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU, a reconnu coupable le gouvernement de la République de Serbie de la mort de 7 500 hommes musulmans de Srebrenica, du bombardement de la population civile de Sarajevo et de l'utilisation de 284 soldats des forces de la paix de l'ONU comme boucliers humains.

Ratko Mladic a comparu devant le tribunal parmi les derniers. Il avait échappé à la justice pendant près de 16 ans. En mai 2011, il a été arrêté en Serbie et extradé à La Haye. L'UE et les États-Unis ont demandé à plusieurs reprises l'extradition de Ratko Mladic et de Radovan Karadzic. Les pays occidentaux liaient avec ces deux personnalités l’avenir de la Serbie dans l'UE, affirme le chercheur de l’Institut d'études slaves Georgui Engelhardt.

« Le Tribunal de La Haye était un outil très important dans les relations de l'Occident avec la Serbie. Depuis plus de dix ans, la réalisation des exigences de La Haye concernant l'extradition et la recherche était utilisée par l'Occident pour faire avancer la Serbie sur la voie de l'intégration européenne. Avant que les deux derniers accusés, Mladic et Hadzic, soient remis à la justice, les conditions du TPI affectaient les relations politiques et parfois économiques entre la Serbie et l'UE ».

Désormais un autre obstacle à l'entrée de la Serbie à l'UE fait surface :  la non-reconnaissance de l’Etat du Kosovo par le gouvernement de Belgrade.
Le Tribunal de La Haye a encore plusieurs affaires en cours : le jugement de Ratko Mladic, de Radovan Karadzic, de Goran Hadzic et de Vojislav Seselj. Ils risquent tous une peine maximale dans cette affaire - la réclusion à perpétuité. Toutefois, l'ancien président serbe Slobodan Milosevic n'a pas attendu la fin du procès et est décédé dans sa cellule à la prison de La Haye.

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