Cependant, la plupart des entreprises européennes obtiennent les hydrocarbures de Gazprom, ce qui signifie que Kiev sera obligé d’acheter les mêmes quantités de gaz russe.
L'Ukraine a décidé de résoudre le problème de la dépendance du gaz russe en l’achetant à ses homologues européens. La compagnie gazière ukrainienne Naftogaz a annoncé vendredi qu’elle a conclu un accord avec la société allemande RWE Supply & Trading (RWEST). Il s’agit d’un accord - cadre, souligne-t-on à Naftogaz. Il n'oblige pas les parties à acheter ou vendre le gaz, mais fournit seulement une « base juridique pour d’éventuelles livraisons de gaz ». Les deux cotés vont discuter ultérieurement des volumes et des conditions de livraison de gaz. Pour Konstantine Simonov, directeur général du Fonds de la sécurité énergétique nationale, cette transaction n’est qu’un coup médiatique, suscité par des tentatives des autorités de l’Ukraine d’améliorer leur image à l’intérieur du pays.
« Cette transaction ne fait pas mention des volumes de gaz nécessaires pour l’Ukraine, et n’indique pas le prix exact que le pays serait capable de payer. Et surtout, apparemment, il s’agit du gaz russe. De ce point de vue, l’Ukraine ne résout aucun de ses problèmes énergétiques. Elle n'obtient pas de gaz alternatif, et ne reçoit pas de gaz bon marché dans des quantités suffisantes. Il s’agirait donc d’une transaction purement politique visant à créer du bruit dans les médias russes et étrangers. Si nous commençons à puiser les détails de cet accord, nous nous rendrons vite compte qu’il s’agit d’un accord vide ».
Les accords conclus entre Kiev et Moscou en 2009 imposent des pénalités pour les arriérés concernant le gaz livré. Kiev estime que les prix mentionnés dans le contrat, qui ont été négociés par les deux cotés au moment de la signature, sont trop élevés et veut qu’ils soient révisés. En parallèle, l'Ukraine est à la recherche des sources alternatives d’hydrocarbures et a déjà mené des pourparlers avec la Roumanie, la Turquie et l'Allemagne à ce propos. Toutefois, puisque la majorité des entreprises européennes achètent du gaz à la Russie, l'Ukraine n'a pas vraiment d’autre choix, estime Kirill Tanaïev, directeur général du Fonds de la politique efficace.
« Il n’y a plus de possibilités techniques et commerciales pour l’Ukraine de recevoir les volumes nécessaires de gaz d’un autre pays que la Russie.Toutes les hypothèses quant à la possibilité de recevoir un peu de gaz d’autres pays européens relève du domaine de la science-fiction, et ces arguments sont généralement utilisés par des personnes incompétentes ou intéressées. Toute cette histoire est destinée à un usage interne en Ukraine, pour démontrer que le gouvernement de Ianoukovitch fait tout son possible pour réduire la dépendance du gaz russe, et mène des négociations, qui selon lui pourraient aboutir à un certain résultat. Tout cela ne risque pas d’influencer les prix actuels, qui sont fixés dans les contrats gaziers entre la Russie et l'Ukraine ».
Moscou propose à Kiev de gérer conjointement le système ukrainien de transport de gaz. En échange, la Russie se dit prête à réduire les tarifs. Kiev n'exclut pas la possibilité d'un tel consortium, mais en même temps, il continue à chercher activement d’autres exportateurs de l’hydrocarbure. Toutefois il ne reste pas clair de quelle manière Naftogaz, une entreprise qui est déficitaire actuellement, compte faire des gains en achetant le gaz russe à l’Europe.
