D’entrée de jeu M. Hollande entend persuader ses collègues de renégocier le Pacte budgétaire de l’UE, concerté fin 2011. Le socialiste Hollande réussira-t-il une révolution budgétaire en Europe ? Notre observateur Piotr Iskenderov en doute.
François Hollande a déjà mené à Paris une série de pourparlers avec la direction de l’UE. Ces rencontres ne sont rien d’autre qu’une tentative de s’assurer du soutien de Bruxelles en prévision du rendez-vous qui s’annonce peu facile avec Angela Merkel le 15 mai à Berlin, quelques heures après la prise des fonctions présidentielles. Mme Merkel a déjà donné à comprendre à son nouveau partenaire pour les négociations qu’elle n’admettrait pas de révision du Pacte budgétaire.
Nikolaï Kavechnikov, en charge de la section de l’intégration politique à l’Institut de l’Europe auprès de l’Académie russe des sciences a noté dans son interview à la Voix de la Russie :
« Le nombre de pays relativement « pauvres » au sein de l’UE continuera de grandir. C’est un grand problème. L’UE ne peut pas les laisser à la porte, étant un projet économique, mais aussi politique. L’idée de l’unification de toute l’Europe suppose que les pays qui ne sont pas riches en fassent également partie ».
Aux difficultés sur le front politique extérieur du président frais émoulu se sont déjà ajoutés des problèmes internes. François Hollande a promis de nommer le Premier ministre le 15 mai, et comme candidat principal à ce poste on évoque le nom du député socialiste Jean-Marc Ayrault. Ce serait normal, si en 1997 celui-ci n’ait été condamné à six mois de prison avec sursis pour « favoritisme ». L’enquête a établi qu’il avait accordé un contrat avantageux à une entreprise, dont le patron avait sponsorisé le Parti Socialiste.
Le piquant de la situation est qu’au cours de la campagne électorale François Hollande avait publiquement promis que dans son équipe il n’y aurait pas de politiques ayant eu des démêlés avec la justice, tout en faisant des allusions aux histoires financières douteuses de Nicolas Sarkozy. Et si M. Ayrault devient Premier ministre, cela n’évitera pas à M. Hollande des interrogations peu agréables de la part des contribuables français.