François Hollande, l'homme qui menace la stabilité financière mondiale

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Détrôner Nicolas Sarkozy est une chose (pas des plus difficiles d'ailleurs), mais ne pas provoquer l'effondrement de la zone euro et ne pas engendrer une catastrophe économique mondiale est une tâche plus compliquée.

Détrôner Nicolas Sarkozy est une chose (pas des plus difficiles d'ailleurs), mais ne pas provoquer l'effondrement de la zone euro et ne pas engendrer une catastrophe économique mondiale est une tâche plus compliquée. C'est à peu près la réaction du monde extérieur à la victoire de François Hollande à l'élection présidentielle en France. On a l'impression que tout le monde en dehors de la France est déçu par sa victoire. D'ailleurs, les Français ne paraissent pas très heureux non plus.

Deux candidats pires l'un que l'autre
Le résultat du vote était évident dès dimanche, et après l'apparition des chiffres de 51,13% et 48,87% après le dépouillement de 80% des bulletins Nicolas Sarkozy a reconnu sa défaite.

Lorsqu'on se trouve en France, il est facile de succomber à l'humeur locale – avant tout à l'irritation et le mécontentement général face à l'élection, quel que soit le résultat. Apparemment, les Français n'étaient pas emballés par Hollande, mais ils rêvaient de voir partir Sarkozy.

En effet, un homme (Hollande) traité de "comptable", "flamby" et "zéro" (et ces mots n'émanent pas seulement du camp Sarkozy) ne ressemble pas à un président. Mais n'oublions pas que Sarkozy est le onzième dirigeant européen à avoir perdu sa place depuis le début de la crise économique en 2008. Il sera bientôt plus simple de compter le nombre de ceux qui sont restés.

Par ailleurs, dimanche se sont également tenues les élections législatives en Grèce et les élections partielles au Royaume-Uni et en Allemagne. Dans tous les cas, les partis au pouvoir ont subi une défaite cuisante, indépendamment de leur performance économique.

Autrement dit, Sarkozy aurait perdu dans tous les cas? Pas tout à fait. De toute évidence, en période de crise on peut être aristocratique, hyperactif, amusant et scandaleux (comme Sarkozy), et même avoir une épouse italienne, mais dans tous les cas il est préférable de faire preuve de compassion envers les gens, dont la vie a changé en pire.

Dans ce sens, Sarkozy ne voyait pas certaines choses, les considérant comme secondaires, mais il aurait dû. Par exemple, les Français disent aujourd'hui que leur président a perdu Paris tout entier et encore quelques grandes villes après l'introduction de nouvelles règles de vente de tabac. Elles étaient tellement stupides que certains parisiens devaient parfois faire le tour de plusieurs quartiers pour acheter un paquet de cigarettes. Dans les petites villes et les villages la situation est plus simple. Mais ce n'était même pas une initiative de Sarkozy, tout simplement le président avait des affaires plus urgentes et il a préféré ne pas mettre le holà "pour des broutilles." Or il y avait beaucoup de broutilles de ce genre, associées à la crise et non.

Après l'annonce des résultats, selon la tradition, les parisiens ont dansé sur la place de la Bastille, mais dans les discussions privées il s'avère que dans l'ensemble la population n'apprécie aucun des deux candidats qui se sont retrouvés au second tour.

Hollande est perçu comme une figure de transition avant l'arrivée de présidents "dignes de ce nom." Et bien sûr, la plus évidente d'entre elles paraît pour l'instant Marine Le Pen, mais il aurait été étrange qu'une femme inconnue soit immédiatement élue. Il faudra encore s'habituer à elle.

Mais dans l'ensemble, ses 18% au premier tour en disent long. D'autant plus que le Front national n'est plus marginal, il peut désormais prendre la place des gaullistes, autrement dit des nationalistes respectables. Et notamment après la défaite aussi honteuse du leader de ces gaullistes, Sarkozy. Et pour l'instant, le FN laisse le socialiste François Hollande veiller à la justice sociale, on n'en a jamais trop.

L'euro et l'Otan en danger
Les présidents sont élus par leurs compatriotes, mais le travail présidentiel consiste majoritairement à discuter avec les étrangers ou à régler les questions qui dépendent de plus en plus de ce qui se passe en dehors du pays. Et aujourd'hui Hollande devra discuter, pour commencer, avec les dirigeants du G8 au sommet aux Etats-Unis, puis au somment de l'Otan qui suivra (également aux Etats-Unis).

Dans les deux cas, il s'entretiendra avec des gens qui n'attendent rien de bon de la part de Hollande. Avant tout, parce que sa campagne électorale se basait sur le fait que Sarkozy avait conclu un mauvais pacte de stabilité financière de l'Europe et, de pair avec la chancelière allemande Angela Merkel, l'a imposé aux autres Européens.

Hollande appartient à une autre école de pensée économique, celle qui estime que pour sortir de la crise il ne faut pas restreindre mais augmenter les dépenses, afin de ne pas entraver la croissance économique. Et peu importe si les taux de change des monnaies chutent dans ce cas.

Déjà en janvier Hollande avait déclaré qu'il redémarrerait les négociations sur le pacte de stabilité financière: il le fera immédiatement et devra les terminer en 45 jours. Il serait curieux de savoir comment il compte y arriver s'il est pratiquement le seul à avoir ce point de vue dans une Europe conservatrice.

Or, il devra commencer ces négociations avec Angela Merkel, qui vient de recevoir un message (aux élections dans le land du Schleswig-Holstein) que l'électeur ne tolérera aucune dépense allemande pour, disons, supporter les dépenses excessives françaises. Merkel n'a donc aucune marge de manœuvre.

On peut comprendre pourquoi les Américains n'apprécient pas Hollande, vu qu'il a l'intention d'annoncer au sommet de l'Otan le retrait du contingent français d'Afghanistan. Par ailleurs, les Etats-Unis avaient peu de chance d'obtenir un président plus proaméricain que Sarkozy.

Mais on ignore encore comment réagira l'Europe dans l'ensemble au nouveau dirigeant français. Il pourrait y avoir beaucoup de volontaires pour suivre l'exemple de la nouvelle France et commencer à dépenser de l'argent "chacun pour soi", en transformant ainsi la zone euro en un champ de ruines. En fait, les économistes (tels que l'Américain Paul Krugman) enterrent déjà la zone euro avec beaucoup de conviction.

En revenant aux problèmes intérieurs français: de cette manière Hollande et les socialistes pourraient tirer le tapis sous les pieds de Marine Le Pen, dont l'attitude envers l'UE et sa discipline ne peut pas être pire. Et il s'avérera alors que les socialistes en France sont au pouvoir pour longtemps. Evidemment, cela ne déplairait pas à Hollande.

D'autre part, la politique socialiste classique de Hollande, à en juger par ses promesses, implique l'augmentation des impôts pour les riches (jusqu'à 75% des revenus) pour avoir la possibilité, par exemple, d'embaucher 60.000 nouveaux enseignants. Mais dans ce cas il ne faudrait pas s'attendre à une croissance économique, et Hollande ne resterait pas longtemps au pouvoir. Mais à l'heure actuelle, personne ne regarde trop loin dans l'avenir de la France et de l'Europe.



L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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